364 députés sur les 577 que compte l’Assemblée nationale n’ont pas voté la confiance demandée par François Bayrou, entraînant la chute du gouvernement et la démission du Premier ministre. Après son passage à Matignon, certains avantages perdurent toutefois pour l’ex-Premier ministre. On fait le point.
Une indemnité de départ
Être Premier ministre ne donne pas droit à des indemnités chômage. Mais comme pour ses ministres, François Bayrou bénéficiera d’une indemnité de départ versée pendant trois mois, d’un “montant égal au traitement qui lui était alloué en sa qualité de membre du gouvernement”. Elle s’élève donc à 15 140 euros par mois pour le Premier ministre, et 9940 euros pour ses ministres.
Toutefois, cette indemnité n’est pas versée si l’intéressé recommence une activité rémunérée, comme des ex-ministres qui, élus députés en 2024, reprendraient leur place sur les bancs de l’Assemblée nationale. François Bayrou, actuel maire de Pau et président de la communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées, ne bénéficiera pas de cette indemnité de départ.
Une protection policière à vie
Les Premiers ministres qui le souhaitent, en vertu d’une “tradition républicaine non écrite”, peuvent bénéficier d’une protection policière à vie, assurée par le service de protection du ministère de l’Intérieur.
François Bayrou n’est pas le seul à pouvoir y prétendre. En effet, les ministres des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de la Justice et des Armées sont concernés. En outre, d’autres ministres peuvent en bénéficier si le ministère de l’Intérieur le juge nécessaire, comme les ex-ministres de la Santé Olivier Véran et Agnès Buzyn.
Pour François Bayrou, pas de secrétaire particulier
Par un décret du 20 septembre 2019, le Président de la république décrétait que l’Etat mettait “à disposition des anciens Premiers ministres, sur leur demande, un agent pour leur secrétariat particulier, pendant une durée maximale de dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de 67 ans”. François Bayrou étant âgé de 74 ans, il ne pourra donc pas en bénéficier.
Un véhicule de fonction avec chauffeur
Un chauffeur à vie. En tant qu’ancien Premier ministre, François Bayrou peut demander un véhicule de fonction avec chauffeur à vie, à condition qu’il n’en dispose pas déjà d’un dans un autre mandat parlementaire, d’élu local ou d’une fonction publique, spécifie le décret de 2019. Or, en tant que maire de Pau, il bénéficie déjà d’une voiture de fonction. Il n’en bénéficiera donc pas pour l’instant. Mais il pourrait en bénéficier s’il n’est pas réélu dans les différents mandats qu’il compte et qui offriraient une voiture de fonction.
Des avantages pointés du doigt, mais toujours conservés
Ces multiples avantages sont régulièrement pointés du doigt, alors que les différents gouvernements cherchent désespérément de l’argent pour réduire la dette. En janvier dernier, le Sénat avait voté un amendement au projet de budget 2025, visant à supprimer les avantages des anciens Premiers ministres et des anciens présidents de la République, qui ont été chiffrés à 2,8 millions d’euros (dont 1,6 pour les anciens locataires de Matignon en 2024, selon les services du Premier ministre). Un amendement qui a disparu en commission mixte paritaire. En avril, le député Charles de Courson a déposé une proposition de loi sur le même sujet. Celle-ci n’a pas encore été examinée. Et le gouvernement ne compte de toute façon pas y toucher. Interrogé par un député et un sénateur en mai 2025, les services du Premier ministre avaient déclaré: “Il n’est pas envisagé de réduire le dispositif de soutien mis en place auprès des anciens Premiers ministres qui ne représente qu’une très faible part du budget des services du Premier ministre”, soit 0,2% du budget de Matignon. Toutefois, ce chiffre ne tenait pas compte du coût de la protection policière.
En 2019, dernier chiffre publié, le ministère de l’Intérieur répondait que “le coût de la protection des anciens Premiers ministres s’est élevé, pour le service de la protection, à 2 802 903 euros.” Un chiffre qui a dû augmenter depuis, prenant compte des quatre Premiers ministres que la France a écumé en deux ans. Au total, les anciens Premiers ministres coûtent donc au moins 4,5 millions d’euros chaque année à l’Etat.
Dominique de Villepin est l’ancien Premier ministre qui bénéficie le plus des avantages. En 2025, l’Etat a pris en charge ses dépenses à hauteur de 207 000 euros. Jean-Pierre Raffarin, Lionel Jospin, Édith Cresson et François Fillon le suivent, avec environ 150 000 euros de dépenses chacun. Gabriel Attal est l’ancien chef du gouvernement qui a coûté le moins cher puisqu’il a cessé de bénéficier de ces avantages quand il a retrouvé son mandat de député.