QUITTER LE PAYS OU GAGNER AU LOTO : Ultime espoir d’une jeunesse rongée par le chômage

Trouver du travail ces temps ci relève du luxe. Que ce soit en ville ou au village, on y retrouve aucune usine où les jeunes peuvent gagner décemment leur vie. Ainsi, faute d’emploi, quitter le pays ou gagner au loto devient un espoir pour les millions de jeunes sénégalais qui sont au chômage.

Les jeunes en quête de travail ne savent plus où aller pour trouver du boulot. Ce jour, un décor funeste s’offre à perte de vue dans la banlieue de
Dakar hantée par les inondations. Des maisons englouties par l’eau, des mûrs effondrés ça et là sont visibles dans les quartiers. Au détour d’un chantier, nous apercevons un groupe de jeunes dont la tranche d’âge tourne entre 18 et 30 ans. Assis sous un pied d’arbre, sans nul doute pour prendre de l’air, ils sont en pleine discussion. Après quelques salamecs
d’usages, nous leur signifions l’objet de notre visite. A peine avons-nous terminé  notre interrogation l’un d’entre, nous lance sans sourciller : « Il n’y a pas de travail ici. Les jeunes de la banlieue sont oubliés. Les autorités du pays ne se souviennent de nous
qu’en période d’élection ».

« Les autorités ne viennent à nous qu’en période électorale » avouent des jeunes chômeurs

Lui emboitant le pas, Moussa Fall, le plus âgé du groupe d’ajouter « Nous avons tous un métier mais on peine à trouver un travail. Le chômage est plus que chronique dans notre localité. Il y a même des familles où personne ne travaille. Ainsi, vous conviendrez avec moi que respecter les trois repas quotidiens est un luxe ici. Le seul espoir que nous avons, c’est d’aller en Europe ou gagner au loto », déclare-t-il, les yeux fixés au sol.

Notre seul espoir c’est d’aller en Europe ou gagner au loto

À l’intérieur du pays, la même situation prévaut. La majeure partie des jeunes ne
travaille pas. Au chômage, ces jeunes passent le plus clair de leur temps à se rassembler dans les rues sans destination précise le père de cinq bouts de bois de Dieu, Dame Ndiaye, la quarantaine, nous fait savoir qu’il est au chômage depuis plus de 2 ans. À l’en croire pour assurer la dépense quotidienne, il est obligé de se convertir en mâcon d’ occasion. Même s’il reconnait que la force n’y est plus, il est contraint de le faire sinon, sa famille n’aura pas de quoi mettre sous la dent. C’est ainsi qu’il déclare « avec mon âge, je
n’ai plus la force de faire de la maçonnerie mais si je ne le fais pas ma famille ne va
pas manger » déclare-t-il, la mine triste, le visage dégoulinant de sueur. Ayant quitté
les bancs de l’école après avoir échoué deux fois aux examens du baccalauréat, Fallou Diagne est en quête perpétuelle de travail mais en vain. D’après lui, le chômage accru qui règne dans le pays est à l’origine de l’insécurité qui y gagne de plus en plus du terrain.

Trouver un petit boulot pour avoir de quoi manger est devenu un luxe

« Faute, de travail, les jeunes se lancent dans le banditisme. Les agressions sont
notoires dans la banlieue». Ainsi pour parer à ce fléau, il demande aux autorités de
créer des usines afin de permettre aux jeunes de gagner leur vie.