E-commerce en Afrique : les défis à relever pour transformer le potentiel en impacts économiques

Le commerce en ligne est de plus en plus perçu comme un levier de développement économique et social pour l’Afrique. Plusieurs experts internationaux, réunis en marge du Forum public de l’Organisation mondiale du commerce (Omc), ont mis en avant les opportunités qu’offre le numérique, mais aussi les obstacles qui freinent son essor.

GENÈVE – Lors d’une session consacrée au commerce digital en Afrique, dans le cadre du Forum de l’Omc à Genève (17-18 septembre 2025), des spécialistes, dont Antonia Carzaniga, conseillère au secrétariat de l’Omc, ont souligné que l’essor du commerce numérique peut stimuler la croissance, accroître la compétitivité, diversifier les exportations et renforcer l’inclusion. Mais pour concrétiser ces ambitions, plusieurs défis restent à surmonter, notamment en matière de connectivité et de cadre réglementaire. « Dans certaines analyses empiriques que nous avons menées, nous avons constaté que si l’Afrique améliorait sa connectivité et son cadre réglementaire pour le commerce numérique, cela permettrait d’accélérer significativement sa croissance et son développement », a expliqué Mme Carzaniga.

Elle a ajouté qu’il est également nécessaire de réduire les coûts moyens du commerce, actuellement trois fois plus élevés que dans d’autres régions. Ces problématiques sont intégrées dans le projet de développement du commerce digital, en partenariat avec la Banque mondiale, dont la phase pilote concerne le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Kenya, le Nigeria et le Rwanda. Pour Martin Molinuevo, spécialiste senior des politiques publiques à la Banque mondiale, l’harmonisation réglementaire est cruciale : « Même les politiques de base liées au commerce numérique rencontrent encore des défis. Le code électronique, les documents et signatures électroniques sont promus depuis au moins vingt ans, mais leur mise en œuvre reste largement insuffisante », a-t-il regretté.

De son côté, Annette Mutaawe Ssemuwemba, secrétaire générale adjointe du Secrétariat de la Communauté de l’Afrique de l’Est, a insisté sur la nécessité de relever les défis structurels : connectivité, inclusion numérique et accès à l’électricité. Un avis partagé par le Dr Adamu Mohammed Abdul Hamid, représentant permanent du Nigeria à l’Omc, pour qui l’Afrique a le potentiel de faire du commerce numérique un véritable levier de transformation, de développement et d’inclusion. Lola Aworanti-Ekugo, fondatrice d’Afriborder, a souligné que le commerce intra-africain représente environ 15 %, alors qu’en Asie et en Europe, il varie entre 50 % et 70 %. Ces indicateurs, dit-elle, montrent que le continent a encore un long chemin à parcourir.

Dans ce contexte, elle a insisté sur le rôle crucial de la mise en œuvre optimale de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), qui pourrait améliorer ces indicateurs et favoriser le développement. « L’introduction de la Zlecaf pour les 54 pays africains est cruciale, car elle a permis d’harmoniser les politiques commerciales à un niveau plus élevé. Il s’agit désormais, pour les pays africains, de les adapter au contexte local et national. On constate actuellement une volonté croissante de l’Afrique de commercer avec elle-même, en plus de ses activités actuelles », a expliqué la fondatrice d’Afriborder.

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