Adjoint au maire d’Agnam, Abdou Aziz Diop évoque des manœuvres délibérées pour porter atteinte à l’intégrité physique de Farba Ngom. N’est-ce pas trop dire ? Entretien.
Par Mohamed NDJIM
Quelle lecture faites-vous de l’évolution des poursuites contre Farba Ngom ?
Je tiens avant tout à prendre à témoin l’opinion nationale et internationale par rapport à ce qui est en train de se propager dans ce pays. Tout le monde est d’accord pour la reddition des comptes. Ce que nous déplorons c’est qu’on n’est plus dans la reddition des comptes, on est dans le règlement de comptes. L’honorable député M. Farba Ngom est inculpé depuis presque sept mois et il n’a jamais été convoqué par le juge pour être entendu sur le fond du dossier, jusqu’à présent. Ça, c’est un problème. Deuxièmement, au moment où il a été inculpé, il avait un certificat médical constitué par un cardiologue, un professeur assermenté. Le juge était obligé de le placer sous mandat de dépôt, d’accord. Mais après cela, l’administration pénitentiaire a constaté que son état de santé commençait à se dégrader. Ils ont saisi le Pool judiciaire financier, le Pjf a contacté l’Ordre des médecins du Sénégal, l’Ordre des médecins du Sénégal a choisi le professeur Alassane Mbaye qui est un homme très respecté. Il a constaté que son état de santé qui se dégradait de jour en jour n’était pas compatible avec le milieu carcéral. Le Procureur a requis une contre-expertise. Ils ont pris trois médecins différents. Tous ces trois médecins ont diagnostiqué l’honorable député Farba Ngom et ils sont allés plus loin que le professeur Alassane Mbaye. Ils ont dit « attention, au-delà de son état de santé qui n’est pas compatible avec le milieu carcéral. Le pire pourrait se produire. Il pourrait même y avoir une mort subite nocturne, en plein sommeil ». Malgré cela, ils l’ont simplement transféré au pavillon spécial. Le pavillon spécial qui est un milieu carcéral. Donc, il était toujours en prison, et il n’y a pas de soins dignes de ce nom là-bas.
À vous entendre le pavillon spécial ne garantit pas la possibilité de bien prendre en charge Farba Ngom. Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
S’il y avait là-bas des soins intensifs rassurants pour le maire Farba Ngom, pourquoi le mercredi passé, lorsqu’il a fait un malaise nocturne, on l’a transféré directement à l’hôpital Principal ? Actuellement au niveau de l’hôpital Le Dantec, il y a des maçons, des ouvriers… L’hôpital est en chantier. Il n’y a pas de soins adéquats. Selon les informations que nous avons reçues, après son malaise Farba Ngom est arrivé à l’hôpital Principal, inerte, endormi. Le pire aurait pu se produire, il pouvait même ne pas se réveiller. Et pourquoi ce malaise ? Qu’est-ce qu’il a subi en prison ? Qui sont ces médecins qui le suivent ? Tout le monde a parlé : les autorités, les chefs religieux, les dignitaires, la société civile, le Cndh, les défenseurs des droits humains, tout le monde a donné l’alerte. Ils ont beaucoup d’alternatives pour lui octroyer une liberté provisoire : bracelet électronique, domiciliation assignée… L’essentiel est qu’il puisse suivre tranquillement ses soins. Ils ont l’inculpé, s’ils sont surs d’eux et ont des preuves pourquoi se précipiter ? Pourquoi l’emprisonner au risque qu’il ne puisse même plus répondre ? Parce que si son état de santé continue de se dégrader, si le pire se produit, il ne sera plus en mesure de contester les accusations. C’est la raison pour laquelle la question qu’on se pose à la limite, nous, sa famille, nous le Fouta, c’est « qui veut assassiner Farba Ngom ? »
C’est une question lourde d’insinuations quand même…
C’est tout à fait normal. Qui veut l’assassiner ? Qui veut sa mort ? On peut inculper la personne si on a des preuves, mais il faut lui organiser un procès le plus rapidement possible. Ou bien lui octroyer une liberté provisoire pour qu’il continue ses soins le temps que l’administration judiciaire continue ses enquêtes. Au cas échéant, le jour où ils auront besoin d’entendre l’honorable député Farba Ngom c’est lui-même qui va se déplacer. Parce que Farba Ngom est droit dans ses bottes. Je rappelle qu’il était lui-même personnellement parti pour prendre sa convocation à la Dic. On l’a convoqué la première fois et relâché, il est retourné chez lui. On l’a reconvoqué, il est revenu. Donc, l’honorable député Farbo Ngom a toutes les garanties de représentation dans ce pays. Il a sa famille, sa maman, ses biens, et c’est le maire de la commune d’Agnam. Il est un député, il est sur son troisième mandat.
Une partie de l’opinion s’inquiète de la possibilité que Farba Ngom quitte le Sénégal s’il est mis en liberté provisoire. Qu’en pensez-vous ?
Farba Ngom est en train de traverser cette période difficile dignement. Si on lui donne une liberté provisoire actuellement, vous pensez que l’honorable député Farba Ngom va fuir ce pays ? Ou bien être à l’étranger pour ses soins et refuser de se présenter si la justice a besoin de l’entendre ? Jamais. La dignité de Farba Ngom n’est pas négociable. Tout ce qu’ils veulent c’est l’humilier, qu’il s’accroupisse devant ces autorités mais cela n’arrivera jamais
Est-ce que vous avez des nouvelles de son état de santé depuis son malaise survenu mercredi dernier ?
Depuis qu’il est transféré au pavillon spécial, on n’a plus accès à lui. Idem pour l’hôpital Principal. L’on m’a fait savoir que le jour où on l’a amené à l’hôpital Principal, il était escorté par des gardes pénitentiaires. Personne n’était autorisé à l’approcher. Un médecin avec qui j’ai eu des contacts m’a dit qu’en vérité avec Farba Ngom tout est possible. On peut vous appeler d’un moment à l’autre pour vous dire qu’il n’est plus de ce monde. Il est arrivé à l’hôpital Principal inerte. Le médecin avait pourtant alerté par rapport au risque de mort subite nocturne. Depuis ce malaise tout le Fouta est inquiet. Nous, ce qui nous préoccupe aujourd’hui, ce n’est pas que l’honorable député est en prison. Ce qui nous pose problème actuellement, c’est son état de santé. Est-ce que l’honorable député Farba Ngom sortira vivant ? Raison pour laquelle on se demande qui veut l’assassiner. L’entière responsabilité de ce qui lui arrive incombe à l’Etat. Nous lançons un appel solennel au président de la République, c’est le président de tous les Sénégalais. Il doit prendre ses responsabilités, parler avec son Premier ministre qui a fini d’exécuter ses menaces envers Farba Ngom. Le Premier ministre doit savoir que Farba Ngom n’est pas son ennemi. Et il ne le sera jamais. C’est son adversaire politique. Le Premier ministre est en train de nous combattre et nous le dénonçons.
Combattre qui ?
Combattre le Fouta. Je vous dis clairement : c’est la première fois dans l’histoire politique de ce pays qu’il y a un gouvernement sans un digne fils du Fouta qui est du nord, qui est de la région de Matam…
Comment un Premier ministre peut-il combattre une localité du Sénégal ?
Je vous le redis : il n’y a jamais eu un gouvernement au Sénégal, de Senghor jusqu’à Macky Sall, sans un fils de la région de Matam. Ça n’existe pas. Ce sont des choses qui ont toujours fonctionné ainsi pour que chaque région puisse au moins avoir quelqu’un, un pilier sur lequel les populations peuvent s’appuyer pour avoir un accès à l’Etat. Autre chose : l’honorable député Farba Ngom est injustement emprisonné alors qu’il contribue beaucoup au développement de cette région. Les populations ont un attachement envers lui et elles l’ont montré, tout le monde le sait. Deuxièmement, ce régime a aussi incarcéré Tahirou Sarr qui est un digne fils du Fouta, qui est un opérateur économique qui a beaucoup fait pour le Fouta. Ils ont arrêté l’hôpital de Ourossogui qui était à presque à 87% construit par le président Macky Sall. Ils ont arrêté l’université de Matam, ils ont arrêté la route de Dande Mayo alors que les financements de tous ces chantiers étaient bouclés et les travaux à un état avancé. Ils ont arrêté l’Isep de Matam. Rien ne bouge, rien ne fonctionne. Il n’y a aucun projet d’État qui fonctionne actuellement à Matam. En outre, ils ont aussi voulu piétiner Me Moussa Bocar Thiam qui n’a détourné aucun centime. Ce sont des blablas. Moussa Bocar Thiam n’a été cité par aucun rapport. Et jusqu’au moment où je vous parle le procureur ne l’a pas cité. Ce sont les pastéfiens qui en parlent à tort et à travers. Le seul tort de Me Moussa Bocar Thiam c’est de soutenir nuit et jour Farba Ngom pour qu’il soit libéré. Il y a de la haine. C’est de la méchanceté, Il y a de la rancune envers nous. C’est ce que nous sentons alors que nous sommes des Sénégalais à part entière. Le temps est le meilleur des juges. Si demain il y a un procès, Farba Ngom sera acquitté et libéré. Le dossier est vide. Il n’a jamais pris un centime du Sénégal.
En dernier ressort quel regard vous portez sur les changements intervenus au ministère de la Justice dans le cadre du dernier remaniement ?
La nomination de Yassine Fall au ministère de la Justice n’est pas rassurante, elle a montré ses limites au ministère des Affaires étrangères. Elle a bafoué toute la diplomatie sénégalaise. Le Sénégal n’a plus le même rayonnement sur la scène internationale. Tout le monde l’a remarqué. Et même l’État du Sénégal le sait. Sonko veut avoir la mainmise sur les ministères de souveraineté, notamment le ministère de la Justice et le ministère de l’Intérieur. Yassine Fall, c’est une dame qu’on a mis au ministère de la Justice en mission commando. Une mission commando qu’elle ne réussira jamais parce qu’il y a des magistrats honnêtes et sérieux dans ce pays. Ça a toujours été le cas. Macky Sall a voulu toujours poser des actes et ils ont dit non. Sonko ne fera jamais plier ces magistrats qui ont dit non au président Macky Sall. Ils servent avant tout la nation. C’est dans la même logique qu’il a mis son avocat Bamba Cissé au ministère de l’Intérieur. C’est pour exécuter ses ordres. Il n’y a rien de plus. Et là, je sonne alerte et interpelle tous les partis politiques et la société civile. Attention à notre fichier électoral qui peut être demain confisqué, manipulé, on ne sait jamais. Ousmane Sonko est obnubilé par l’idée d’être président de la République, raison pour laquelle il est dans toutes ces tractations pour être candidat en 2029. Il ne le sera jamais, il est out. S’ils sont d’accord sur le fait que la justice a tranché librement pour retirer la mairie de Dakar à Barthélémy Dias, ils n’ont qu’à accepter la décision de justice qui implique qu’il ne sera pas candidat en 2029.