Mobilisation à Madagascar : des militaires appellent à “refuser les ordres de tirer” sur les manifestants

Issu du Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (CAPSAT), le contingent a également appelé les policiers et les gendarmes à les rejoindre, et demandé aux militaires postés devant les palais présidentiels de quitter leurs positions et à bloquer l’aéroport. Des groupes de soldats ont ensuite rejoint les manifestants ce samedi dans les rues d’Antananarivo, sous les “merci” de la foule.

“Unissons nos forces, militaires, gendarmes et policiers, et refusons d’être payés pour tirer sur nos amis, nos frères et nos soeurs “, ont déclaré des soldats de l’importante base militaire du district de Soanierana, en périphérie d’Antananarivo, dans la vidéo publiée.

Une répression des manifestations

Plusieurs milliers de personnes manifestaient samedi dans la capitale contre le pouvoir, la plus importante manifestation depuis plusieurs jours. Les forces de l’ordre faisaient usage de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes pour disperser les manifestants qui se mobilisent dans plusieurs villes du pays depuis le 25 septembre.

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a appelé vendredi les autorités malgaches à “cesser le recours à une force inutile” au lendemain de manifestations à Antananarivo ayant fait de nombreux blessés parmi les contestataires. Au moins 22 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations fin septembre, et plus d’une centaine ont été blessées, d’après un bilan du Haut-Commissariat. Le président Rajoelina a démenti des “chiffres erronés”mercredi, estimant les “pertes de vies” à 12, tous “des pilleurs, des casseurs”selon lui.

De leur côté, les militaires dissidents ont rappelé qu’ils sont “issus de la société” et qu’ils comptent “réintégrer cette société plus tard”. “Nos familles sont là-bas, nos enfants y sont scolarisés, alors il est temps de prendre notre responsabilité pour sauver la patrie”, ont ajouté les militaires.

Ces derniers ont appelé leurs confrères à rejoindre “immédiatement” le CAPSAT. “Fermez les portails et attendez nos instructions. N’obéissez plus aux ordres venant de vos supérieurs. Braquez vos armes à ceux qui vous ordonnent de tirer sur vos frères d’armes, car ce ne sont pas eux qui vont s’occuper de notre famille si jamais on meurt”, ont-ils ajouté.

Le nouveau ministre des Armées, lors d’une conférence de presse samedi, a appelé les troupes au calme. “Nous appelons nos frères qui ne sont pas d’accord avec nous à privilégier le dialogue”, a déclaré le général Deramasinjaka Manantsoa Rakotoarivelo.