« Dette cachée » : Me Aïssata Tall Sall démonte les accusations et dénonce une manipulation politique

Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi à Dakar, aux côtés du collectif des avocats de l’ancien président Macky Sall, Me Aïssata Tall Sall, ancienne ministre de la Justice, a vivement contesté les accusations du gouvernement relatives à la prétendue « dette cachée » du Sénégal. Selon elle, « il n’existe pas de dette cachée, mais plutôt des documents volontairement dissimulés par l’État ».

L’avocate estime que les accusations portées par les autorités actuelles « reposent sur du vide ». « Le Premier ministre a affirmé qu’il existe une dette cachée sans jamais préciser de quoi il s’agissait, ni comment elle aurait été dissimulée », a-t-elle déclaré. Pour Me Tall Sall, cette approche relève d’une stratégie politique visant à « chercher a posteriori des éléments pour justifier une déclaration déjà faite ». Elle cite notamment les rapports de l’Inspection générale des finances, de la Cour des comptes et du cabinet Mazars, qu’elle qualifie de «prétextes destinés à valider une thèse sans fondement ».

L’ancienne ministre a en outre accusé le gouvernement de violer la loi sur l’accès à l’information publique, adoptée le 26 août 2025, en refusant de communiquer certains documents administratifs. « Le gouvernement est tenu par la loi de transmettre tout document demandé. En ne le faisant pas, il enfreint la loi. Qu’a-t-il donc à cacher ? », s’est-elle interrogée, reprenant les propos de Me Pierre-Olivier Sur selon lesquels « on est passé d’une affaire de dettes cachées à une affaire de rapports cachés ».

Évoquant la démarche de Macky Sall, Me Tall Sall a salué son attitude « courageuse ». « Il faut du courage pour qu’un ancien chef d’État sollicite des documents auprès d’une administration qu’il a dirigée et se les voie refuser. S’il agit ainsi, c’est parce qu’il n’a rien à se reprocher », a-t-elle affirmé.

Sur le plan international, elle a également tenu à corriger certaines interprétations concernant le Fonds monétaire international (FMI). « Le FMI n’a jamais publié de communiqué ni établi de rapport attestant l’existence d’une dette cachée au Sénégal. Sa directrice générale, Kristalina Georgieva, s’est limitée à saluer les efforts de clarification des autorités », a-t-elle précisé.

En conclusion, Me Aïssata Tall Sall a appelé à mettre fin à la politisation du débat : « Même en parlant de dette cachée, le Sénégal continue d’honorer ses engagements. Nous n’avons jamais été en rupture avec le FMI ni la Banque mondiale. Il est temps de sortir de cette confusion et d’éclaircir les faits. »

Elle invite enfin à un débat républicain et serein : « S’il faut redéfinir ce qu’est une dette, faisons-le ouvertement. Mais cessons d’entretenir la confusion : il n’y a pas de dette cachée. »