Les confidences de Maguette Ndiaye : « Aux jeunes arbitres, ne vous attardez pas sur des futilités »

Après plus de deux décennies à siffler sur les pelouses d’Afrique et du monde, Maguette Ndiaye a décidé de raccrocher le sifflet. À 39 ans, l’arbitre international sénégalais, figure respectée du corps arbitral africain, tourne une page riche en émotions, en matchs à enjeux et en expériences marquantes. Dans cet entretien exclusif, il revient sur les raisons de sa retraite, les temps forts de sa carrière et livre un message fort à la nouvelle génération : « Ne vous attardez pas sur des futilités ».

Maguette, vous avez surpris beaucoup de monde en annonçant votre retraite du corps arbitral.  Pourquoi avoir décidé d’arrêter maintenant à 39 ans ?

Toute chose ayant une fin je considère tout simplement que c’est la fin. Après une si belle carrière Macha Allah que demander de plus ?  Il y a beaucoup d’exigences en arbitrage et j’étais au bord de la retraite que j’ai seulement anticipé pour convenances personnelles.

Que représente pour vous cette décision, après toutes ces années passées sur les pelouses de l’Afrique et du monde ?

Pas facile après tout ce que j’ai vécu. L’arbitrage m’a tout donné ! Émotionnellement ce n’est pas facile à expliquer. Mais je me sens heureux après tout ce parcours.

Est-ce une décision mûrement réfléchie, ou un choix précipité par certains facteurs (Fatigue, Dégoût, ou mésentente avec mésentente avec la direction actuelle de l’arbitrage) ?

Bon, c’est vrai qu’il y a eu des problèmes avec la CAF et tout depuis trois ans. Mais la décision est personnelle. C’est mûrement réfléchi !  Depuis l’année dernière, je pensais déjà à ma retraite donc elle est bien murie. C’est une décision personnelle, et je pense prendre la meilleure décision.

Aviez-vous eu des objectifs à atteindre avant de partir ?

Bon, dès lors que j’ai pris la décision d’arrêter ma carrière, c’est là où s’arrêtent mes objectifs ! Maintenant j’ai comme objectif, d’aider mes jeunes frères à arriver là où je suis arrivé aujourd’hui, surtout dans la formation.

Revenons au commencement : Comment est née cette passion pour l’arbitrage ? Étiez-vous d’abord joueur ou avez-vous directement été attiré par le sifflet ?

Faut reconnaître que mon père fut un arbitre international. Souvent à la maison, il recevait ses collègues à la maison. C’est là que j’ai commencé à embrasser le métier. Je l’ai suivi au stade pour regarder les matchs. Au début, mon père ne voulait pas que je suive cette trajectoire car j’étais très jeune. Il souhaitait que je sois footballeur. Vers les années 99, c’est là où il m’a appelé pour me dire maintenant, tu peux faire de l’arbitrage et là j’étais très content. J’ai embrassé le métier, j’étais trop petit pour être dans les terrains mais quand même on m’a intégré. J’emmenais les nattes de prière au terrain pour les arbitres à Pikine. J’assistais aux réunions. Je les fréquentais, c’est comme ça que j’ai intégré le corps arbitral. En 2003, j’ai commencé à faire les matchs de petite catégorie (minime, UASSU), ensuite j’ai réussi mon examen de district la même année et ce fut un long chemin jusqu’en 2006 , année à laquelle j’ai eu le grade de Ligue. Deux ans après, j’ai obtenu le grade fédéral. En résumé c’est de là que j’ai pris le virus.

Vous avez officié dans plusieurs grandes compétitions : Can, compétitions interclubs africaines…. Quelles sont celles qui vous ont le plus marqué ?

Il me sera difficile de répondre car tout au long de ma carrière, modestie à part, j’ai toujours officié des tournois de très haut niveau, des matches à enjeux et à tous les niveaux.

Y a-t-il un match en particulier que vous n’oubliez jamais ?

Ce sera difficile d’en parler. Vraiment ce n’est pas simple d’en choisir un.

Comment avez-vous vécu la pression d’arbitrer des stars mondiales ou des matchs décisifs ?

Avec tranquillité. Le NAVÈTANE m’a beaucoup forgé. Ça te forge. On ne peut pas passer par ça et ensuite être intrigué par quoi que ce soit.. Les stars dont vous parlez, elles ont leur mission, j’ai la mienne. Je gère ça sans souci. Sur le terrain, c’est l’arbitre qui dirige. Donc ce n’est pas compliqué.

Quels sont vos plus beaux souvenirs ?

Bon encore des choix à faire, ça sera compliqué. Vous savez, j’ai fait une grande carrière et elle parle d’elle-même. Je retiens les bons moments. Il y en a eu tellement

Avez-vous eu des modèles qui vous ont inspiré ?

Mon papa que j’admirais beaucoup quand il était arbitre. Après j’ai plutôt cru en moi en ma personnalité.

Quel est selon vous la qualité première d’un bon arbitre ?

Quand vous exercez un métier comme l’arbitrage, il faut avoir de la personnalité. C’est important ! Pour faire face aux pressions, il faut être prêt mentalement et avoir de la personnalité !

Comment définissez-vous votre propre style ?

Je n’aime pas trop parler de moi. Je préfère laisser les gens juger.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’arbitrage au Sénégal ?

Ça va Hein. Le niveau de l’arbitrage Sénégalais a toujours été très bon et la présence des arbitres sénégalais dans les différentes grandes compétitions en atteste. On est convié à toutes les compétitions. On nous donne des matchs à enjeux. Ça veut dire que les autorités ont confiance en nous et c’est encourageant.

Maintenant que la page est tournée, à quoi ressemble votre vie actuelle ?

Je vais bien Al Hamdoulilah. Suis avec ma famille et je ne cesserai d’arrêter l’arbitrage. Nous allons participer au développement de l’arbitrage par la formation des jeunes. Ce que j’ai commencé avant même d’avoir raccroché. Présentement je suis le deuxième vice-président de la sous-commission des arbitres de Pikine et l’administrateur général. Je suis aussi membre de la commission régionale des arbitres de Dakar. Donc voilà je demeure dans le milieu.

Si vous deviez résumer votre carrière en une phrase ou une émotion, ce serait quoi ?

Satisfaction totale ! Alhamdoulilah ! Car ce n’est pas donné, ce sont des années de durs labeurs, de résilience, d’abnégation et de sacrifices qui ont conduit à ce résultat.

Enfin quel message souhaitez-vous lancer à vos collègues, aux jeunes arbitres et au public sénégalais ?

Merci pour tout ! Je remercie tout le peuple sénégalais dans son ensemble. Aux jeunes arbitres, je leur souhaite pleins de succès. Croyez-en vous et travaillez dur. Seul le travail paie. Ne vous attardez pas sur des futilités.

avec DSPORT