Profitant des projecteurs d’Octobre rose sur la maladie, une étude dirigée par le Pr Pascal Pujol (CHU de Montpellier) pour la Société française de médecine prédictive et personnalisée (SFMPP) met en évidence une hausse marquée des cancers du sein chez les trentenaires et quadragénaires. Sa publication révèle qu’en trois décennies, les diagnostics avant 40 ans ont bondi de 63 %. Basés sur les registres du réseau Francim, qui regroupe Santé publique France, l’Institut national du cancer et les Hospices civils de Lyon, les travaux montrent qu’entre 1990 et 2023, l’incidence est passée de 16,1 à 26,3 cas pour 100 000 femmes à 30 ans, et de 98,7 à 131,2 cas à 40 ans. Une évolution qui se vérifie aussi au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Facteurs en cause
Pour expliquer cette progression, les chercheurs évoquent un ensemble de paramètres. Puberté plus précoce, première grossesse plus tardive, recul de l’allaitement et prise prolongée de contraceptifs oraux bouleversent les équilibres hormonaux. « On soupçonne aussi nos habitudes de vie : alimentation trop transformée, sédentarité, surpoids ou exposition à certaines substances chimiques », ajoute Sandrine Étienne-Manneville, chercheuse à l’Institut Pasteur. Ces hausses ne peuvent pas s’expliquer par un meilleur dépistage, rappellent les auteurs, car les femmes de moins de 50 ans n’en bénéficient pas encore de façon systématique.
Dépistage plus précoce
Face à cette progression, les autorités sanitaires envisagent de nouvelles stratégies de prévention. Santé publique France recommande de renforcer la sensibilisation dès 35 ans pour certaines localisations à risque, comme le côlon ou le sein. Des tests de détection plus précoces, basés sur l’analyse de biomarqueurs sanguins, pourraient ainsi voir le jour dans les prochaines années. Objectif : identifier plus tôt les formes débutantes, avant l’apparition des symptômes. Les chercheurs insistent toutefois sur l’importance de la vigilance clinique et de la sensibilisation du grand public, notamment chez les quadragénaires, désormais plus exposés qu’hier.
Une tendance plus large
L’augmentation des cas ne se limite pas au cancer du sein. Les données françaises montrent une progression d’autres cancers chez les jeunes adultes : + 1,43 % pour les formes colorectales, + 4,51 % pour le rein et + 6,11 % pour les glioblastomes (tumeur du cerveau) sur vingt ans, selon une étude publiée le 3 mars 2025 par Santé publique France. Une tendance qui rejoint les conclusions du British Medical Journal Oncology, faisant état d’une hausse mondiale de 79,1 % des cancers précoces – avant 50 ans – entre 1990 et 2019. Des chiffres qui traduisent une évolution profonde des modes de vie et rappellent l’urgence d’agir plus tôt sur la prévention.
