Moustapha Diakhaté : « Union des Magistrats sénégalais a raté une belle occasion de se taire »

La justice, à plus forte raison, le magistrat, peut – et doit – être critiquée pour nourrir le débat démocratiquement.
Où était l’Ums lorsque Monsieur Ousmane Sonko, premier ministre du Sénégal, qualifiait de corrompus les magistrats de la Cour suprême?
Où était l’Ums lorsque le même Ousmane Sonko disait que les membres du Conseil constitutionnel sont des délinquants à la Loi ?
Où était l’Ums lorsqu’Ousmane Sonko disait que le magistrat Maham Diallo est un lâche ?
Où était l’Ums lorsque Khadim Bamba Diagne de Pastef disait que les magistrats Maham Diallo, Abdou Karim Diop, Amadou Diouf, Ibrahima Bakhoum sont aussi tordus qu’un rond-point ?
En réalité, c’est quand elles viennent de l’opposition que les critiques de la justice sont considérées par l’Ums comme « des agissements, qui portent atteinte à la dignité de la magistrature et traduisent un mépris manifeste pour les principes fondamentaux qui gouvernent la Justice, notamment l’indépendance et l’impartialité des magistrats. »
C’est heureux maintenant que l’Ums considère « qu’il est inacceptable que des magistrats, qui ne sont soumis qu’à l’autorité de la loi, soient publiquement exposés, identifiés et pris à partie sur les réseaux sociaux pour des actes accomplis dans le cadre normal de leurs fonctions. »
C’est du côté de Sonko et de Pastef que Ums doit chercher les auteurs de « comportements, de nature à jeter le discrédit sur l’institution judiciaire et à fragiliser la confiance des citoyens en la Justice »
Qu’à cela ne tienne !
Au nom de la liberté d’expression, les citoyens Sénégalais, de tous bords, peuvent et doivent critiquer Dame Justice et les magistrats.
N’en déplaise l’Ums!
Il faut brûler la tour d’ivoire selon laquelle, on ne critique pas la justice et ses décisions.
Au Sénégal, comme dans toutes les démocraties libérales, le Président de la République, l’Assemblée nationale, la presse, les chefs religieux, heureusement, font l’objet de critiques de la part des citoyennes et citoyens.
Dans une démocratie, digne de ce nom, il ne peut y avoir d’intouchables institutions encore moins de bois sacré institutionnel.
C’est extrêmement grave, dans une démocratie, qu’une association de magistrats puisse tenir des propos pareils et menacer clairement la liberté d’expression, le droit à la critique, et à demander à un agent de l’Etat s’expliquer sur un manquement manifeste.
Pour ce qui concerne monsieur Massamba Dieng, c’est le juge d’instruction qui a accordé un non-lieu aux commerçants Moustapha Ndiaye et compagnie qui est le premier à le critiquer.
L’inspecteur du Trésor, ancien magistrat à la Cour des comptes et ancienne tête de liste d’opposition avec le mouvement And Takhawou Nguekhokh aux municipales de 2014, l’actuel Directeur général du Budget, Massamba Dieng et tous les membres de la mission de contrôle de la Gestion du Force Covid, ont inventé la surfacturation sur le prix du riz.
Pour cette faute, Monsieur Dieng et ses collègues doivent rendre compte et être poursuivis pour accusation calomnieuse.
Être Haut fonctionnaire et de surcroît Magistrat à la prestigieuse Cour des Comptes suppose: l’honnêteté, la probité, respect des principes et règles que l’on exige des autres.
En accusant le Dage Aliou Sow et les commerçants Moustapha Ndiaye, Mouhamed Dieng, Hayan Hachem de Surfacturation sur le prix du riz, ils se sont basés sur l’arrêté n°007111 du 22 mai 2013 portant administration des prix du riz brisé non parfumé.
En tant que magistrats de la Cour des comptes, monsieur Dieng et ses collègues ne peuvent pas ignorer que cet arrêté était caduc au moment où le Ministère du Développement Communautaire, de l’Equité sociale et territoriale a acquis le riz à la suite d’un appel d’offre ouvert.
Au Sénégal, les prix des produits sont déterminés par le jeu de la libre concurrence.Toutefois, lorsque les circonstances l’exigent, pour des raisons économiques et sociales certains biens, produits et services peuvent faire l’objet de fixation de prix par arrêté ministériel pour une durée de 2 mois renouvelables une fois.
En tout état de cause, l’Ums ne peut pas empêcher aux Sénégalais d’utiliser leur droit de critique politique pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme des dérives d’où qu’elles viennent.
Pour terminer, l’Ums doit inviter la Cour des comptes à mettre en place un dispositif permettant aux citoyens de signaler les irrégularités et manquements constatés dans ses rapports.
Vive la République !
Vive le Sénégal !
Bu dee jotee, ku daw ñaaw !