Honneur et respect à Feu Pr Amadou Mahtar MBOW ! (Par Aïda M’BO)

C’est avec un immense honneur et une profonde émotion que j’ai effectué le déplacement, de Bamako à Dakar, en ma qualité de parente de Feu Amadou Mahtar MBOW, pour participer à l’hommage rendu à cet illustre fils du Sénégal, de l’Afrique et du monde. La cérémonie s’est déroulée le 28 octobre au Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio, à Dakar, sous la présidence effective de Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, Président de la République du Sénégal, qui a mis en exergue la nécessité de rendre un hommage solennel au Professeur Amadou Mahtar MBOW, un modèle de vertu et de citoyenneté exemplaire.

Un témoignage apprécié à sa juste valeur par la famille de l’illustre disparu, qui a exprimé toute sa gratitude au chef de l’État sénégalais pour cet hommage auquel s’associent tous ses proches, ses enfants, particulièrement son épouse, Raymonde Fadhila MBOW, qui a partagé avec lui 70 ans de vie commune.
L’enthousiasme qui m’a animée témoigne de l’admiration que j’éprouve pour cet homme d’État visionnaire dont le parcours exceptionnel continue d’éclairer notre continent africain et le monde entier.
Prendre part à cette rencontre ne fut pas seulement un devoir de reconnaissance, mais avant tout un privilège immense. Le plaisir que j’ai eu à être présente à cet événement reflète ma gratitude envers un homme qui incarne à lui seul un pan majeur de l’histoire contemporaine africaine.

Né le 20 mars 1921 à Dakar, Amadou Mahtar MBOW a tracé un chemin remarquable, alliant engagement patriotique et dévouement au service de l’humanité. De l’école coranique de Louga aux plus hautes sphères internationales, son parcours est une source d’inspiration inépuisable pour nous tous.
En tant qu’ancienne ministre et femme engagée pour le développement de l’Afrique, je mesure pleinement l’impact de ses contributions. Ministre de l’Éducation nationale puis de la Culture du Sénégal, il a posé les jalons d’une politique éducative et culturelle ambitieuse. Mais c’est sans doute à la tête de l’UNESCO, de 1974 à 1987, qu’il a marqué de son empreinte indélébile l’histoire mondiale de l’éducation et de la culture.

Ce qui me remplit particulièrement d’admiration, c’est son combat inlassable pour l’accès universel à l’éducation, notamment en Afrique. Son plaidoyer pour un développement endogène et durable, basé sur nos valeurs et nos ressources africaines, résonne avec une actualité brûlante. En tant que femme africaine engagée dans les questions de genre, d’énergie durable et de changement climatique, je reconnais en lui un précurseur de ces combats pour la justice sociale et l’égalité.

J’ai bon espoir que son héritage sera perpétué, notamment à travers la Fondation Amadou Mahtar MBOW pour les Savoirs endogènes, présidée par l’ancien ministre Amadou KANE, et dont la vocation est de contribuer à préserver, valoriser et transmettre les connaissances locales et traditionnelles, ainsi qu’à la transformation sociale, économique et culturelle de l’Afrique en intégrant ces savoirs endogènes dans les politiques publiques.

Son rôle dans la concertation sur les réformes institutionnelles au Sénégal, notamment à la présidence des Assises nationales et de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI), démontre sa volonté constante de construire des sociétés plus justes et plus démocratiques. Sa vision d’une République de démocratie participative, où les citoyens sont véritablement impliqués dans les décisions qui les concernent, est un modèle dont nous devrions tous nous inspirer.

Le plaisir que j’ai éprouvé à être présente à cette cérémonie se double d’un sentiment de responsabilité. Amadou Mahtar MBOW a balisé la voie. À nous, générations actuelle et future, de poursuivre son œuvre. Son engagement pour la diversité culturelle, la promotion des cultures africaines et la défense de nos identités reste un phare qui nous guide.

Son exemple me conforte dans mes propres engagements en faveur du développement durable, de l’égalité entre les genres et de la justice climatique. Son dévouement à la cause africaine et à la justice sociale transcende les frontières et les générations.
C’est donc avec le cœur empli de joie, d’admiration et de reconnaissance que j’ai accompli ce déplacement.

Rendre hommage à Amadou Mahtar MBOW, c’est célébrer l’excellence africaine, c’est honorer un bâtisseur de ponts entre les peuples et les cultures, c’est saluer un visionnaire dont l’œuvre continue de façonner notre présent et d’éclairer notre avenir.

Que son exemple inspire chacun d’entre nous à poursuivre inlassablement le combat pour l’éducation, la culture, la justice et le développement de notre cher continent !

Par Madame KEÏTA Aïda M’BO
Ancienne Ministre
Présidente du Réseau Energia/Mali et de la Coalition malienne Genre, Sécurité et Changement climatique
Officier de l’Ordre National du Mali