Notation financière : S&P rétrograde le Sénégal en catégorie à risque élevé (CCC+)

Le Sénégal vient d’essuyer un nouveau coup dur sur le plan financier. Un mois après la dégradation de Moody’s, c’est au tour de Standard & Poor’s d’abaisser la note souveraine du pays à CCC+, signalant un risque aigu de financement alors que la dette publique frôle désormais les 130 % du PIB.

Selon l’agence américaine, cette décision s’explique par des « besoins de financement public particulièrement élevés » attendus en 2026, estimés entre 26 % et 29 % du PIB, ainsi qu’une dette jugée « très élevée », évaluée à 119 % du PIB fin 2024, hors arriérés et engagements extra-budgétaires de l’État.

La suspension, en octobre, du programme de 1,8 milliard de dollars avec le FMI a également pesé dans la balance. Pour S&P, l’arrêt de cet appui a considérablement réduit l’accès du Sénégal à des financements concessionnels et poussé le pays à se tourner massivement vers le marché régional de l’UEMOA, où les taux dépassent les 7 %.

Près de 70 % du programme de financement 2025 a déjà été mobilisé sur ce marché, à des conditions bien moins avantageuses que les prêts internationaux à faible coût.

Malgré cette situation préoccupante, S&P relève quelques éléments positifs. L’économie sénégalaise profite en effet de la montée en puissance des projets pétrolier de Sangomar et gazier de GTA, avec une croissance enregistrée de 12,1 % au premier trimestre, et une projection annuelle autour de 6,8 %.

Cette nouvelle dégradation intervient dans un contexte déjà tendu, Moody’s ayant récemment pointé du doigt les retards dans les discussions avec le FMI, la forte dépendance au marché régional et un service de la dette dont les intérêts pourraient atteindre 27 % des recettes publiques.

S&P précise toutefois que la note pourrait être relevée si le Sénégal parvient à refinancer sa dette et à renforcer sa discipline budgétaire dans les prochains mois.