La Chine et les Émirats arabes unis parmi les bénéficiaires des fonds climat destinés aux pays pauvres

En 2009, lors de la COP15 à Copenhague, les pays riches s’étaient accordés à mobiliser chaque année 100 milliards de dollars jusqu’en 2020 pour aider les pays en développement à faire face aux effets du changement climatique. Ces États industrialisés reconnaissaient ainsi leur plus grande responsabilité dans le réchauffement planétaire et leur plus grande capacité à financer des solutions, par rapport à des pays à moindre revenu.

Mais ce n’est qu’en 2022 que ce chiffre de 100 milliards de dollars par an en financements climatiques a été effectivement atteint. Le quotidien britannique Guardian et le média en ligne Carbon Brief ont analysé des documents envoyés à l’ONU et les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) datant de 2021 et 2022 concernant ces flux financiers des pays riches vers les pays en développement. Et certains résultats ont de quoi surprendre.

Les principaux bénéficiaires du financement international pour le climat ont été les pays à revenu intermédiaires, comme l’Égypte, les Philippines ou le Brésil. Avec 14,1 milliards de dollars sur les deux années en question, l’Inde fait de loin la course en tête. Mais certains pays à revenu élevé font également partie des bénéficiaires : la Chine a ainsi reçu 3 milliards de dollars de financements climatiques en 2021 et 2022, principalement de banques multilatérales. Les Émirats arabes unis, eux, ont reçu plus d’un milliard de dollars du Japon.

Sur cette même période, en revanche, seulement un cinquième des fonds alloués a été versé aux 44 pays les plus pauvres du monde, et la plupart sous forme de prêts plutôt que de subventions. Pour le Bangladesh et l’Angola par exemple, la part des prêts atteint même 95% des fonds climat perçus.

Ces chiffres révélés par l’analyse du Guardian et de Carbon Brief illustrent deux problèmes fondamentaux. Premièrement : la composition du groupe des pays en développement n’a pas changé depuis sa création par l’ONU en 1992. Or, des pays comme la Chine ou les États du Golfe, considérés comme faisant partie de ce groupe, ont depuis connu des essors économiques fulgurants.

Deuxièmement : la distribution de la majeure partie des fonds climat n’est soumise à aucun contrôle centralisé. La plupart des pays riches financent des actions climatiques dans les pays pauvres de manière bilatérale ou par l’intermédiaire de banques de développement. Et ce sont parfois les intérêts politiques qui décident des bénéficiaires.

Selon l’ONU, un changement du système financier mondial est donc urgent.