Cisjordanie occupée: des jeunes colons multiplient les violences contre des Palestiniens

Des collines rocailleuses à perte de vue dans l’avant-poste d’A’ira Shahar en Cisjordanie occupée, dans une colonie illégale non seulement au regard du droit international, mais aussi du droit israélien. Il y a deux ans, Israël, sa femme Malka et leurs deux enfants ont rejoint les 25 familles installées.

Israël a 27 ans. Il sait que les jeunes des collines, les colons radicaux se donnent rendez-vous sur des groupes WhatsApp pour s’organiser contre des villages palestiniens. Mais il dit ne pas les connaître : « Jusqu’à aujourd’hui, ces enfants font de bonnes choses. Ils sont plein de bravoure face aux Palestiniens. Si tu prends un jeune qui est berger, avec 300 moutons, qui est seul… 30 Palestiniens arrivent, et il ne s’enfuit pas, c’est vraiment héroïque. »

« On craint leur extrémisme »

Les vidéos des attaques décrivent une autre réalité, ultra-violente, des voitures ou des maisons palestiniennes incendiées, des hommes et des femmes sauvagement battus par de jeunes juifs masqués. La femme d’Israël, Malka dit ne les avoir jamais vus : « Nous n’en avons jamais entendu parler et ne les connaissons pas. Nous venons simplement ici pour construire une maison, puis une autre et encore une autre. On s’étend. Avant, les gens racontent qu’ils se promenaient la nuit avec un pistolet sur les routes du coin. Aujourd’hui, grâce aux fermes sur les collines, c’est beaucoup plus sûr. L’armée nous en est très reconnaissante, et elle nous encourage. »

Les jeunes des collines seraient quelques centaines. Isolés, marginaux, ils font peur à ceux qui vivent dans des colonies établies de longue date, illégales au regard du droit international. Les territoires conquis, préfère dire Elisheva. Elle vit à Koshav Hasharar et raconte le dernier affrontement dans la région : « Ces petits jeunes, ces anarchistes ont arrêté un camion, l’armée est venue. Ils s’en sont pris aussi à l’armée qui défendait ce chauffeur de camion. C’est inadmissible. »

Un membre de sa communauté a même été attaqué : « On les craint et je ne suis pas la seule. On craint leur extrémisme. »

Ne pas ignorer la violence

Cette femme établit donc une différence entre les jeunes des collines violents et les autres. « Ce sont des enfants, ils ont entre 14 et 18 ans. Je ne m’identifie absolument pas à ce groupe de jeunes. Maintenant, oui, les jeunes qui montent des fermes et qui essaient de vivre de leur fromage, etc, oui. » Cette femme installée en Israël depuis plus de 20 ans vote pour Benyamin Netanyahu.

De l’autre côté de l’échiquier politique israélien, Yonathan, manifestant contre les violences, se bat pour la paix dans la région : « C’est complètement hypocrite de dire “ce sont quelques colons violents”, parce que l’ensemble du mouvement tire un bénéfice de ces actes violents… Si ces colons violents réussissent à faire que les Palestiniens quittent leur maison, leur communauté, alors les colons “non violents” se diront que la terre est à eux, disponible parce que quelqu’un aura mis les Palestiniens dehors. »

Aujourd’hui, l’armée a le plus grand mal à contenir la violence contre les Palestiniens. C’est une honte, dit le chef de l’opposition israélienne qui appelle les militaires à ne pas fermer les yeux.