Guerre en Ukraine: Washington propose un plan de paix prévoyant la cession de territoires à la Russie

L’administration Trump remet une pièce dans la machine des pourparlers, avec un nouveau projet de négociation qui vient d’être transmis aux autorités ukrainiennes, rapporte notre correspondant à Washington, Vincent Souriau. Négocié, d’après la presse américaine, par Steve Witkoff, le « monsieur diplomatie » de Donald Trump, avec plusieurs personnalités proches du Kremlin, le texte tient en 28 points.

À ce stade, il prévoit des concessions majeures de l’Ukraine sur plusieurs revendications ultra-sensibles, à commencer par l’abandon du Donbass, c’est-à-dire donner à la Russie le tiers de la région de Donetsk que la Russie n’a pas réussi à occuper de manière militaire jusqu’à présent, rappelle notre correspondante à Kiev, Emmanuelle Chaze. Cette revendication russe est la même depuis 2014 et a été réitérée lors des négociations d’Istanbul, et pour l’Ukraine, une concession de taille serait déjà de commencer des négociations en vue d’un cessez-le-feu sur la base de la ligne de front actuelle.

Le déploiement des soldats étrangers interdit en Ukraine

Ce plan semble reprendre les conditions maximalistes avancées précédemment par la Russie, des exigences dénoncées par Kiev comme équivalant à une capitulation de facto. « Nous recevons des signaux disant que nous devons accepter ce plan », a déclaré cette source ukrainienne sous couvert d’anonymat. La proposition inclut la « reconnaissance de l’annexion de la Crimée et d’autres régions prises par la Russie » et « la réduction de l’armée à 400 000 personnes », a-t-elle indiqué. Le plan prévoit également l’extinction progressive de l’aide américaine, avec la fin des livraisons d’armes à longue portée capables de frapper le territoire russe.

« Une nuance importante est que nous ne comprenons pas s’il s’agit réellement d’un plan Trump » ou « de son entourage », a ajouté le haut responsable ukrainien. Selon la même source, les informations données sont restées « pas claires » sur l’attitude que la Russie serait supposée adopter en retour.

Le média américain Axios avait précédemment affirmé que Washington et Moscou travaillaient en secret sur un plan pour mettre fin à la guerre lancée par Moscou contre son voisin il y a près de quatre ans. Le Kremlin a refusé de commenter ces informations. L’AFP a demandé des commentaires à la Maison Blanche.

Près de 20% du territoire ukrainien occupé par la Russie

La Russie occupe à ce jour près de 20% du territoire ukrainien. Le Kremlin a prononcé en 2022, outre la Crimée annexée en 2014, l’annexion de quatre régions ukrainiennes supplémentaires, celles de Donetsk et Louhansk dans l’est, Zaporijjia et Kherson au sud. Mais les forces russes ne contrôlent pas l’ensemble de ces territoires. Moscou a régulièrement exigé, à chaque ébauche de négociation, que Kiev reconnaisse la perte de sa souveraineté sur ces régions et que l’armée ukrainienne se retire des zones y restant sous son contrôle.

Le président américain Donald Trump, dont le pays était précédemment le principal soutien militaire de l’Ukraine avec l’Union européenne, a opéré après son investiture début 2025 un rapprochement avec Vladimir Poutine. Donald Trump a toutefois échoué à ce stade à obtenir une inflexion sensible vers la paix. Se disant tour à tour frustré par l’attitude du président ukrainien Volodymyr Zelensky, puis par celle de Vladimir Poutine, il a finalement adopté en octobre des sanctions contre le secteur pétrolier russe.