Chauffeurs et policiers se battent pour une moto

Le pire a été évité de justesse au rond-point Keur Balla, à la sortie de Mbour, près de l’autoroute à péage. Ce soir-là, des policiers en civil, arrivés à bord d’un véhicule banalisé pour une opération de sécurisation, mettent la main sur Ibrahima Ba, chauffeur, assis sur une moto-Jakarta appartenant à Demba Seye. Par devers lui, ils retrouvent du chanvre indien soigneusement dissimulé dans une poche de son pantalon. Selon l’Observateur qui donne l’information, les policiers décident aussitôt d’embarquer le mis en cause et de saisir la moto, ce que les chauffeurs et les «jakartamen» du garage refusent catégoriquement. Selon eux, la moto n’a rien à voir avec l’infraction, puisqu’elle appartient à Demba Seye, «totalement étranger à cette affaire de drogue». Rapidement, la tension monte et l’altercation dégénère en bataille rangée, sous les yeux médusés des usagers de la gare. Renforcés par des collègues arrivés en appui, les policiers parviennent finalement à arrêter Ibrahima Ba ainsi que Demba Seye et saisissent la moto.

Des accusations de racket…

Selon les explications livrées plus tard par Ibrahima Ba et relayées par l’Observateur, alors que le convoi policier arrive à hauteur de la mairie de Mbour, les agents auraient réclamé 150 000 de francs CFA pour récupérer la drogue saisie et obtenir sa libération. Il aurait réussi à négocier le montant à 100 000 Fcfa. Toujours selon lui, depuis le véhicule banalisé, il appelle alors son collègue Bassirou Mboup, à qui il raconte sa mésaventure et demande de l’aide. Bassirou contacte un troisième chauffeur, Touba Diop, qui lui affirme n’avoir sur lui que 80 000 F Cfa, étant en provenance de Diaobé. Les deux hommes se rendent en urgence à la mairie de Mbour, à l’endroit indiqué par Ibrahima Ba. Mais une fois sur place, ils sont, à leur tour, arrêtés et conduits au commissariat.

Avant-hier, les quatre prévenus, Ibrahima Ba, Demba Seye, Bassirou Mboup et Touba Diop, étaient à la barre du tribunal de grande instance de Mbour, poursuivis pour détention de chanvre indien, tentative de corruption et rébellion. Absents du procès, les policiers affirment dans l’enquête préliminaire que Ibrahima Ba dé tenait six cornets de chanvrę indien. Le mis en cause conteste et affirme qu’il n’en avait que trois. Il reconnaît cependant avoir appelé son collègue depuis le véhicule des policiers, expliquant que c’est «parce que les agents lui réclamaient 150 000 F Cfa pour le laisser partir. » Ses deux co-prévenus soutiennent ignorer totalement que Ibrahima Ba était impliqué dans une affaire de drogue. Quant au Jakartaman Demba Seye, il nie formellement avoir opposé une quelconque résistance aux policiers. Dans son réquisitoire, le procureur de la République a demandé la relaxe de Demba Seye, estimant qu’aucune charge ne pèse contre lui. Il requiert en revanche 2 ans de prison ferme pour Ibrahima. Ba, 2 mois de prison ferme pour Bassirou Mboup et Touba Diop. Au terme des débats, le tribunal relaxe le conducteur de moto, Demba Seye. Ibrahima Ba est condamné à 3 mois de prison ferme, tandis que Bassirou Mboup et Touba Diop écopent de 3 mois de prison assortis du sursis.