L’agence de notation Moody’s a de nouveau abaissé, le 10 novembre, la note souveraine du Sénégal, désormais classée Caa1 et assortie d’une perspective négative. Deux jours seulement après le « Tera meeting » conduit par le Premier ministre Ousmane Sonko, cette décision met en lumière les préoccupations grandissantes des investisseurs quant à la trajectoire financière du pays.
Des risques accrus sur la dette et les liquidités
Dans son communiqué, Moody’s justifie cette dégradation par une augmentation des risques liés à l’évolution de la dette publique ainsi qu’à la pression sur les liquidités disponibles.
Pour l’agence, la capacité du Sénégal à accéder au financement dans de bonnes conditions se fragilise, dans un contexte marqué par des tensions budgétaires et des incertitudes économiques.
La communication de Sonko dans le viseur de certains analystes
Selon un consultant économique interrogé par Jeune Afrique, les récents échanges autour de la « dette cachée » et la manière dont le Premier ministre s’exprime sur ces sujets sensibles auraient contribué à nourrir l’inquiétude des marchés.
« Les agences de notation reconnaissent que le fait de révéler l’existence de dettes non comptabilisées n’est pas un problème en soi. La transparence est même saluée », explique-t-il.
« Le véritable souci, poursuit-il, c’est qu’Ousmane Sonko aime attirer l’attention, faire du bruit… exactement ce que détestent les marchés, qui sont attachés à la stabilité et à la maîtrise de la communication. »
Cette approche jugée disruptive, combinée à un contexte économique fragile, aurait pesé dans l’évaluation de Moody’s, déjà préoccupée par le niveau d’endettement du pays.
Un accord avec le FMI toujours en attente
Face à ces turbulences, les autorités sénégalaises cherchent à renouer la confiance des investisseurs et poursuivent les discussions avec le Fonds monétaire international en vue d’un nouveau programme d’appui.
Mais les négociations tardent à aboutir, accentuant l’incertitude autour de la stratégie financière du gouvernement.
Un signal préoccupant pour l’économie sénégalaise
Cette nouvelle dégradation place le Sénégal dans une catégorie où les risques de défaut sont jugés élevés, ce qui pourrait renchérir davantage le coût de l’endettement.
Alors que le pays fait face à des défis budgétaires majeurs, l’urgence d’un cadre financier clarifié et d’un accord avec le FMI se fait plus pressante.
