Le père de Nogaye Thiam, retrouvée morte dans sa chambre à Yoff alors que son bébé d’un an gisait depuis 48 heures à ses côtés, livre un témoignage bouleversant sur le calvaire vécu par sa fille au sein de sa belle-famille. Interrogé par Les Échos, Samba Thiam révèle que le mariage entre Nogaye et Elimane Diao avait été dès le départ source de tensions et de profondes inquiétudes.
Selon lui, la jeune femme était initialement fiancée à Lamine Diao, frère de son futur mari. Mais la grand-mère de Lamine s’était opposée à cette union, poussant ce dernier à épouser une autre femme de la famille. Peu après, Elimane demanda la main de Nogaye. «J’ai refusé catégoriquement, mais j’ai fini par céder sous la pression familiale», confie Samba Thiam, précisant que la famille Diao est liée à la sienne par des liens de parenté maternelle.
Très vite, les craintes du père se seraient confirmées. À l’arrivée de Nogaye dans son foyer marital, Lamine aurait recommencé à la courtiser, lui envoyant des messages pour la rencontrer. Ces échanges auraient été découverts par Elimane, provoquant de fortes tensions entre les deux frères. Informé de la situation, le patriarche Oumar Diao, oncle maternel de Samba Thiam, aurait simplement reconnu que Lamine «n’était pas une bonne personne».
Dans ce climat lourd, les difficultés se seraient multipliées. Après avoir perdu son emploi à Sabodala, Elimane tenta d’intégrer l’entreprise familiale, mais s’y heurta à l’opposition de Lamine. Nogaye, déjà éprouvée, aurait subi de fortes pressions. «Elle me disait qu’elle vivait un cauchemar. Sa belle-mère lui créait des problèmes quotidiennement. Elle a fait trois fausses couches», affirme son père.
À plusieurs reprises, Samba Thiam tenta de ramener sa fille chez lui. Une fois, alors qu’elle avait quitté la maison avec ses bagages, sa propre mère l’aurait contrainte à retourner auprès de son mari, menaçant de couper les liens si elle refusait.
Le père rapporte également qu’un jour, même Elimane aurait supplié son père de laisser Nogaye rejoindre ses parents, reconnaissant les mauvais traitements infligés par sa mère. Nogaye passa d’ailleurs une grande partie de sa grossesse chez ses parents, avant d’être rappelée dans son foyer par sa belle-mère. À la naissance de l’enfant, aucun membre de la famille Diao n’aurait informé les parents de la jeune femme. «Le jour du baptême, personne n’est venu», raconte Samba Thiam, qui affirme avoir plusieurs fois demandé la dissolution du mariage une demande qui se heurta systématiquement au refus de son épouse.
Ce témoignage, livré dans un contexte de drame, met en lumière les tensions familiales et le profond mal-être qu’aurait vécu Nogaye avant son décès.
