Rapport d’exécution budgétaire (T3-2025) camouflé par des querelles de bornes fontaines ( Par Mouhamed Dia )

Pourquoi s’attarder sur des balivernes (crise politique) tout en laissant en rade:
– Une situation économique en détresse.
– La dette publique embuee d’opacité
– Un marché financier dépourvu de confiance.

Le rapport d’exécution budgétaire nous révèle comment un pays se gouverne,

La lecture du rapport d’exécution budgétaire du troisième trimestre 2025, mise en perspective avec l’évolution de la situation du Sénégal sur les marchés financiers et les notations internationales, permet de dégager une image claire de la situation du pays.

À fin septembre 2025, les recettes publiques: (impôts, taxes douanières, redevances, dividendes publics et autres ressources internes), atteignent 3 254 milliards de francs CFA.

Dans le même temps, les dépenses exécutées s’élèvent à 4 313 milliards, créant un déficit déjà estimé à 1 059 milliards alors que l’année est toujours en cours .
Ce déficit croissant montre que l’État se finance présentement avec l’endettement:(LEPPE DOUNDEE). Le budget sert désormais davantage à maintenir l’existant:( Salaires, Subventions et aussi Charges courantes ou Financer des infrastructures structurantes).

Selon le rapport, l’État a mobilisé 3 655,8 milliards de francs CFA en ressources de trésorerie.
Ce terme peut prêter à confusion puisqu’il ne s’agit pas de nouveaux revenus, mais essentiellement d’emprunts destinés à combler ce que les recettes ne couvrent plus.
Sur ce montant, près de 2 775 milliards proviennent directement des marchés financiers régionaux à travers l’émission de bons et d’obligations du Trésor, des financements coûteux et sensibles aux taux d’intérêt et à la perception du risque souverain.

Au total, l’État a emprunté plus qu’il n’a collecté, soit environ 401 milliards de plus, ce qui confirme une dépendance structurelle au financement par la dette.

Cette situation devient d’autant plus préoccupante que les charges liées à la dette augmentent rapidement. Les intérêts et commissions atteignent environ 705,7 milliards, soit plus de 300 milliards supplémentaires en un an.
La plupart du budget public finance désormais non pas l’investissement mais simplement le coût de l’endettement.

Selon le rapport, cette hausse s’explique notamment par l’intégration d’emprunts contractés hors autorisation parlementaire. Dans le même temps, les investissements directs exécutés par l’État ne représentent que 40,8 milliards, soit dix-sept fois moins que les intérêts de la dette. Le Sénégal consacre désormais davantage de moyens à payer les dettes passées qu’à financer ses propres projets futurs.

Ce gonflement provient d’un choix méthodologique assumé par le régime : intégrer au calcul national des dettes extrabudgétaires. Ce qui n’apparaissait pas auparavant dans les comptes officiels est désormais ajouté à la dette centrale, juste pour vouloir donner raison à une seule personne :
( La fameuse Dettes cachées)

La situation des 168 organismes publics reste intacte.
Sur un budget global de 2 210 milliards, dans l’exécution réelle : 76 % ont servi au fonctionnement et seulement 24 % à l’investissement.

Toujours pareil au même:
l’État emprunte pour prêter à ses entreprises publiques. Ils sont orientées principalement vers : l’hydraulique (34,8 milliards), l’énergie (24,8 milliards) et la santé (0,4 milliard).

En réalité, c’est toujours le contribuable qui portera la charge si les institutions parapubliques ne parviennent pas à rembourser.
Une pratique identique à celle reprochée à l’ancien régime.

À l’extérieur, cette réalité budgétaire se reflète dans la perception du Sénégal par les marchés financiers. Et aussi la dégradation de la note souveraine par les agences de notation en soulignant un niveau de risque plus élevé, une visibilité réduite et des incertitudes persistantes.

Face à cela, la transparence devient de plus en plus obscure .
Le rapport d’exécution budgétaire 2025 retire plusieurs éléments essentiels à la compréhension et au contrôle citoyen : disparition d’annexes détaillées, absence de listes de projets, réduction du détail sur les transferts publics et les subventions. On sait combien l’État dépense, mais on voit de moins en moins précisément qui dépense, où, et pourquoi.

Pris séparément, ces éléments semblent techniques. Pris ensemble, ils racontent un moment politique : le Sénégal entre dans une zone de fragilité budgétaire, de dépendance extérieure et d’opacité administrative, sans que cela ne soit clairement reconnu ni expliqué au public. Ce rapport n’est donc pas uniquement un document comptable. Il est le miroir d’un tournant.

L’instabilité politique interne qui s’yajoute.
Une gouvernance nationale paralysée par une rivalité ouverte entre le Président de la République et son Premier ministre. Cette lutte de positionnement rend notre république à une situation bicephale .

Ce contexte a des conséquences économiques directes. Les partenaires techniques et financiers attendent de la clarté politique pour s’engager ; les investisseurs perçoivent cette incertitude comme un risque supplémentaire ; et les marchés financiers ajustent leurs exigences à la hausse par meure de prudence.

Un État ne peut prétendre inspirer confiance à l’extérieur s’il laisse s’installer le doute à l’intérieur.

Le Sénégal mérite

-De la cohérence.

-De la Stabilité.

-De la discipline économique.

Et surtout de la responsabilité dans la parole publique.

Parce que la crédibilité d’un pays n’est pas un gadget .

MOHAMED DIA
*MEMBRE DU BUREAU POLITIQUE ET DE LA CELLULE DES CADRES DE GUEUM SA BOP LES JAMBAARS*