Gouvernemensonge : les chiffres délirants de Mabouba Diagne

Le jour où ce ministre fera faire à l’agriculture sénégalaise un bond qualitatif, je vous garantis que je commencerai à exporter des pommes en Europe. Monsieur Mabouba Diagne que certains paysans surnomment le touriste agricole est un habitué des faits : il est convaincu que la communication a une vertu performative en matière de production agricole. Selon le site senego.com consulté ce lundi 24/11/2025, le ministre assure que des chiffres jamais atteints durant ces 20 dernières années ont été réalisés cette année :
«La filière arachidière réalise également une performance remarquable avec plus de 960 000 tonnes, un chiffre confirmable auprès du Cncr.

Le mil enregistre 696 000 tonnes, soit une augmentation de 3% par rapport à l’année précédente. Le maïs atteint 639 000 tonnes, en progression de 29%, tandis que le sorgho totalise 198 000 tonnes, soit 7% de plus que l’an dernier.».
Or prenons le cas de l’arachide : tout le monde se rappelle les chiffres de l’ancien ministre de l’Agriculture, non moins mathématicien : le professeur Moussa Baldé. Ce mathématicien avait obligé Pythagore à sortir le chiffre de un millions huit cent mille tonnes d’arachide en janvier 2021, ces chiffres que les paysans avaient contestés à l’époque étaient pourtant officiels. Or 2021, ça ne fait quand même pas 20 monsieur Mabouba ! En 2022-2023 aussi, l’estimation était de 1 700 000 tonnes. L’Ansd avait, pour sa part, donné le chiffre de 1 677 803, 559 en 2021 contre 1 501 798, 402 en 2022. D’où Mabouba tire-t-il son record chimérique ?
Pour le mil, tout porte à croire que Mabouba Diagne n’a pas consulté le site de l’Ansd avant de parler des 20 dernières années, car pour l’année 2021, le site de l’Ansd affiche le chiffre de 1 039 859, 747 tonnes contre 1 097 033, 183 en 2022 ! Où est-ce que le ministre est allé chercher ses records. On dirait que le mot record lui colle à la bouche. Il est tellement obnubilé par le désir enfantin de battre des records qu’il en perd son éthique scientifique.
Pour le maïs, l’Ansd note, pour l’année 2022, une production stable de 754 621 tonnes, soit plus que le «record» fantaisiste de 639 000 tonnes de notre ministre de l’Agriculture. Pour le riz, c’est encore plus grave, parce que Mabouba semble ignorer que le Sénégal a réalisé des chiffres record en 2022 (1 346 145, 681) et (1 409 119, 986 tonnes) en 2022. Comment un ministre de l’agriculture sérieux peut fanfaronner pour une production modeste de 998 000 tonnes pour cette année ?
Les chiffres relayés par la presse et prêtés à Mabouba sont révélateurs du modus operandi de ce régime : ce qu’on ne peut faire, il faut le fabuler. Cette façon de gouverner est scandaleuse, car on s’occupe de la perception du Peuple et non de ses problèmes réels : c’est une trahison sans nom.
Il faut d’ailleurs remarquer que malgré ses fanfaronnades, le monde rural est dans l’expectative : aucune information sur le prix de l’arachide alors qu’on nous inonde de chiffres sur la production. C’est vrai que c’est le 27 novembre 2023 et 26 novembre 2024, que le prix du kg d’arachide a été fixé à la suite d’un conseil interministériel. Mais ce qui est intriguant, c’est que le Président et son Pm ne sont pas au Sénégal. Or nous sommes le 23 novembre 2025 et les paysans sont apparemment trop pressés à cause sans doute de la conjoncture extrêmement précaire. Aussi, sont-ils en train de brader leurs graines. Le Président et son Pm étant absents du pays, il y a peu de chances qu’une décision allant dans le sens de fixer le prix avant la fin du mois soit prise. D’ordinaire, la campagne arachidière commence durant la première semaine du mois de décembre. Parlons-en pour que le monde rural retrouve le sourire. Rappelons que c’est le 18 novembre 2021 pour la saison 2021-2022 que le prix de l’arachide avait été fixé.
La facilité avec laquelle ce gouvernement raconte des contrevérités est absolument déconcertante. Si nous devons continuer à consommer de telles balivernes jusqu’en 2029, il y a de forte chances que le pire se produise dans notre pays. On ne gère pas un pays par le charlatanisme ou le bluff : c’est méchant et inhumain. Pour une promotion personnelle, on n’a pas le droit d’annoncer des chiffres maquillés. Ce n’est ni glorieux ni vertueux.
Alassane K. KITANE