La pression internationale s’est accrue jeudi sur la Birmanie face à la dégradation de la situation humanitaire au Bangladesh, étranglé par l’afflux de près de 389.000 rohingyas fuyant les violences, l’ONU n’excluant pas un “scénario du pire”.
La “persécution” de l’armée birmane contre cette minorité musulmane est “inacceptable”, a tancé le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson. “Cette persécution doit cesser, ce qui a été qualifié par beaucoup de nettoyage ethnique doit cesser”, a-t-il martelé depuis Londres.
Même tonalité du côté du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker: “Ce qui se passe en Birmanie est une catastrophe choquante (…) puisque une fois de plus on essaie d’éradiquer des ethnies entières”.
La pression internationale s’est accrue jeudi sur la Birmanie face à la dégradation de la situation humanitaire au Bangladesh, étranglé par l’afflux de près de 389.000 rohingyas fuyant les violences, l’ONU n’excluant pas un “scénario du pire”.
La “persécution” de l’armée birmane contre cette minorité musulmane est “inacceptable”, a tancé le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson. “Cette persécution doit cesser, ce qui a été qualifié par beaucoup de nettoyage ethnique doit cesser”, a-t-il martelé depuis Londres.
Même tonalité du côté du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker: “Ce qui se passe en Birmanie est une catastrophe choquante (…) puisque une fois de plus on essaie d’éradiquer des ethnies entières”.
Le Parlement européen, “gravement préoccupé”, a adopté une résolution demandant à l’armée de “cesser immédiatement” ses exactions, alors que les récits des réfugiés se font l’écho de massacres, incendies de villages, tortures et viols collectifs. Il a aussi agité la menace de retirer son prix des droits de l’homme à la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi.
M. Tillerson s’est voulu plus compréhensif, assurant comprendre “la situation complexe dans laquelle se trouve” le prix Nobel de la paix face à la très puissante armée birmane. Au pouvoir depuis avril 2016 après les premières élections libres depuis plus de 20 ans, Aung San Suu Kyi a promis de sortir de son silence mardi prochain lors d’un grand discours.
Face à l’ampleur de l’exode, l’ONU n’hésite plus à parler d'”épuration ethnique”. Mercredi, le Conseil de sécurité a réclamé à la Birmanie des mesures “immédiates” pour faire cesser la “violence excessive” au Rakhine.
– ‘Pénurie de tout’ –
Sur place, dans le sud du Bangladesh, autorités locales et organisations étrangères sont débordées par la marée humaine des réfugiés fuyant la répression de l’armée birmane consécutive à des attaques de rebelles rohingyas.
La communauté internationale doit se préparer au “scénario du pire”, a averti jeudi un responsable onusien, à savoir le déplacement de tous les Rohingyas présents dans l’Etat Rakhine (ouest) vers le Bangladesh.
Alors que les Rohingyas sont estimés à environ un million, entre 10 et 20.000 franchissent chaque jour la frontière.
Au Bangladesh, nation parmi les plus pauvres de la planète, les collines déboisées à la hâte se constellent de bâches tendues sur des bambous servant d’abris précaires aux familles contre les pluies de mousson.
“Il y a une pénurie aiguë de tout, d’abri, de nourriture et d’eau potable”, décrit Edouard Beigbeder, représentant pour l’Unicef au Bangladesh, qui évoque la “tâche monumentale” pour protéger notamment les enfants, qui représentent 60% des réfugiés.
Les violences et discriminations contre les Rohingyas sont allées en s’intensifiant ces dernières années: traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste, les Rohingyas représentent la plus grande communauté apatride du monde.
Depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, ils sont soumis à de nombreuses restrictions: ils ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation, ils n’ont accès ni au marché du travail, ni aux services publics (écoles et hôpitaux).
– Colonnes de fumée –
Depuis la rive du fleuve Naf, qui marque une frontière naturelle entre Birmanie et Bangladesh, les colonnes de fumée de villages en feu sont visibles.
Pour traverser le fleuve, les bateliers réclament aux réfugiés jusqu’à 100 dollars pour un trajet de 10 à 30 minutes qui coûtait auparavant un demi dollar.
“Les propriétaires de bateaux nous ont menacés de nous jeter à l’eau si nous refusions de leur donner nos biens”, raconte Nadera Banu. Cette veuve de 19 ans a dû céder le dernier souvenir qui lui restait de son mari, un médaillon en or reçu à son mariage.
Des “tribunaux mobiles” de magistrats bangladais ont condamné ces derniers jours des dizaines de propriétaires de bateaux et de villageois locaux accusés de profiter de la détresse des réfugiés.
Et le fleuve continue de déposer chaque jour sur la rive des cadavres de réfugiés dont le bateau surchargé s’est renversé: deux nouveaux corps ont été repêchés jeudi, portant le total à 103 depuis le 30 août, a annoncé la police bangladaise à l’AFP.
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