Depuis lundi, d’étonnantes images montrant des hommes en train de déposer plusieurs corps inertes aux portes de la prison de Kabare circulent sur les réseaux sociaux. Sur sa page Facebook, Justin Bahirwe Mutabunga, avocat et coordinateur de l’association congolaise de défense des droits de l’Homme SOS IJM, explique que ce sont des prisonniers “exposés à la pitié des passants pour solliciter leur charité”, faute de nourriture dans la prison. Il a été le premier à relayer ces photos, prises par son association.
“Depuis trois mois, il n’y a ni médicaments, ni nourriture, ni eau pour les détenus de Kabare”
Le directeur de la prison de Kabare, Danny Kilanga Muyumba, assure à France 24 ne pas “avoir mis en scène cette mascarade”. Pourtant, les images montrent bien des hommes placer les corps à l’entrée de la prison devant des policiers, qui ne semblent pas réagir. Le directeur confirme cependant qu’il y a eu “un petit retard d’approvisionnement” à la prison qui a débouché sur une grave crise sanitaire avec “trois hospitalisations”. “La situation est désormais réglée”, conclut-il.
Ce n’est pourtant pas la première fois que la prison souffre d’une pénurie. En février dernier, des détenus avaient tenté de se soulever pour protester contre le manque de nourriture. Selon des sources proches de l’établissement citées par une radio locale, un prisonnier était mort de faim le 15 mai.
Le 30 juin, Kabare a été secouée par une nouvelle mutinerie, toujours pour réclamer à manger. Cinq jours plus tard, alors que les prisonniers n’avaient toujours pas reçu de provisions, la ministre provinciale de la Justice, Siuzike Basezage, assurait à Radio Okapi qu’il y avait eu une “tentative d’évasion”, mais que “grâce à la sécurisation de la prison, personne n’a fui”. Elle s’était engagée à résoudre le problème de manque de “vivres et de non-vivres”. Mais aucune solution durable n’a été trouvée et une nouvelle tentative d’évasion avait été organisée le 18 juillet. “Tous ces événements sont différents, il faut les distinguer les uns des autres”, se défend le directeur de la prison.
De son côté, Pascal Katagondwa, en charge des questions pénitentiaires au ministère provincial de la Justice du Sud-Kivu, assure à France 24 avoir fait de son mieux pour qu’une “solution d’urgence” soit mise en place ce mois-ci à Kabare. “Pour le reste, nous attendons que le gouvernement central à Kinshasa débloque le budget nécessaire à la bonne gestion des prisons.”
En mai, une enquête de l’association ASBL – Médecins chrétiens au service des prisonniers (MCSP) – avait dénoncé les conditions inhumaines de détention dans les prisons de l’est de la RD Congo, où se trouve la province du Sud-Kivu. Le rapport révélait notamment que les prisonniers avaient, pour plupart, accès à seulement un repas par jour.
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