Docu télé – France 5 : le jour où l’Afrique française devint la Françafrique

Dans un style direct, le docu-fiction de Laurent Joffrin et Laurent Portes plonge au coeur des jours qui ont bouleversé l’histoire des relations entre les anciennes colonies françaises en Afrique et le reste du monde, l’Europe et la France en particulier. À l’aide de documents rares, et de plusieurs acteurs jouant les rôles d’anciens dirigeants africains qui ont compté – le spectateur se familiarise avec des personnages clés tels que les présidents sénégalais Léopold Sedar Senghor qui a négocié l’indépendance de son pays mais aussi des autres pays d’Afrique francophone ou encore le président Félix Houphoüet-Boigny de la Côte d’Ivoire. Si au début la fête est belle, la question des deux réalisateurs centre tout de suite le débat : que valent vraiment ces indépendances ? En trois films haletants, la trilogie Le Jour où le Sud a gagné sa liberté reconstitue ces heures décisives où le destin du monde a basculé.

Une histoire de la décolonisation

L’union française refuse toute idée d’indépendance des colonies africaines. La Guinée, ancienne colonie française, est le seul pays d’Afrique francophone à rejeter la Communauté franco-africaine proposée par le général Charles de Gaulle. Le pays opte pour l’indépendance en 1958 et instaure un régime socialiste. Le 20 août 1960, à Dakar, Léopold Sédar Senghor proclame l’indépendance du Sénégal. Celui qui en deviendra le premier président a négocié l’émancipation du pays avec le général de Gaulle. Coup sur coup, la plupart des anciennes colonies africaines de la France – la Côte d’Ivoire, le Mali, la Guinée, le Togo, le Niger, le Congo, l’Oubangui-Chari, le Cameroun ou le Gabon – se déclarent, elles aussi, indépendantes. Officiellement, c’est un jour de libération. En fait, l’Afrique francophone retombe aussitôt dans une nouvelle forme de dépendance qui la laisse sous l’étroit contrôle de l’ancienne métropole et du principal collaborateur du général de Gaulle pour les affaires africaines : Jacques Foccart.

Une libération en trompe-l’œil

Car ce jour-là, c’est une histoire secrète qui commence, avec sa série d’actions en coulisse, d’assassinats et d’interventions militaires, qui ont permis à la France de garder son influence jusqu’à aujourd’hui dans une certaine mesure sur le continent africain. À partir de cette journée, l’Afrique française devient la Françafrique. En fait, le mot « Françafrique » a été officiellement repris par François Mitterrand au discours de La Baule en 1990. Mais il a été véritablement créé par Félix Houphouët-Boigny qui y voyait un moyen de définir les bonnes relations avec l’ancienne puissance coloniale. Pris en étau entre les deux géants américains et soviétique, l’Europe veut réagir en construisant le bloc européen à partir du Traité de Rome. Senghor lui avait vu le début d’une construction plus grande intégrant l’Afrique : l’Eurafrique.

Ce à quoi lui répond Félix Houphouet Boigny : « non, il faut construire autre chose : la Françafrique. »

Dans tous les cas, les réseaux d’influence concentriques de la Françafrique présents dans les anciennes colonies françaises en Afrique de l’Ouest sont allés encore plus loin. Au début, le deal était simple : en échange de ses matières premières, de la conservation du français comme langue officielle, du maintien du franc CFA, etc., la France avait promis de toujours veiller à la sécurité de ses anciennes colonies. Le versement du « fonds Foccart » aux Archives nationales a révélé l’étendue du réseau de correspondants, d’affidés, d’informateurs, d’intermédiaires douteux et de mercenaires que l’ancien Monsieur Afrique du général de Gaulle avait bâti pour préserver l’influence de Paris dans ses anciennes colonies.

À la mort du général de Gaulle, Jacques Foccart reste en fonction sous la présidence Pompidou, puis est rappelé en 1986 par Jacques Chirac quand celui-ci est nommé Premier ministre, puis président de la République en 1995. Lors des obsèques de Jacques Foccart en mars 1997, des obsèques officielles dans la cour des Invalides, huit chefs d’État d’Afrique francophone avaient fait le déplacement.

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15 Commentaires

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