La contribution économique des migrants dans les pays en développement est positive. Les immigrés qui s’installent non pas dans les pays riches, mais dans des pays à revenus intermédiaires ne privent pas les locaux de leur travail. Ils contribuent à la fiscalité des pays d’accueil et font même grimper leur croissance, même si cet apport n’est pas énorme. Telles sont les conclusions d’un rapport publié ce mercredi par l’OCDE, l’Organisation pour la coopération et le développement économique.
On entend plus souvent parler des Maliens qui migrent vers l’Europe que des Maliens qui émigrent en Côte d’Ivoire. Pourtant, ils sont nombreux. On estime qu’un tiers des migrants dans le monde s’installe dans des pays en développement. Parce que c’est plus facile, évidemment : cela coûte moins cher et c’est moins loin d’aller vers un pays voisin. C’est aussi plus simple d’un point de vue administratif, légal : pas facile d’obtenir un visa pour la France.
Les auteurs de ce rapport publié conjointement par l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique) et l’OIT (Organisation internationale du travail), intitulé « Comment les immigrés contribuent à l’économie des pays en développement », ont étudié pendant quatre années les cas de dix pays, de dix économies : la Thaïlande, l’Argentine mais aussi, en Afrique, la Côte d’Ivoire, le Rwanda, le Ghana et l’Afrique du Sud. Et le principal enseignement est que, exactement comme dans les pays riches, les pays en développement qui accueillent des migrants en tirent des bénéfices, ils ne sont pas lésés.
L’ idée reçue que les migrants prennent le travail des locaux est fausse
Elle est aussi fausse dans les pays en développement que dans les pays riches. Pour la simple raison que ce sont très majoritairement des travailleurs peu qualifiés qui émigrent. Ils vont dans des pays qui, sans être aussi riches que les pays occidentaux, vont mieux que leur pays d’origine. Et ils travaillent dans des secteurs comme la construction ou l’agriculture, des secteurs où il y a des besoins. Et où, de fait, ils trouvent du travail sans entrer en concurrence avec les locaux, qui délaissent progressivement ces activités.
Donc quand les immigrés trouvent du travail, c’est qu’il y en a : ils ne le volent à personne. S’il peut y avoir, à la marge, des phénomènes d’exploitation, de dumping -on paye un immigré moins cher qu’un local, et donc on prive le local de ce travail- l’étude de l’OCDE montre que ce n’est pas du tout la norme. Conclusion : la perception d’un apport néfaste, d’un poids pour les pays d’accueil, est erronée, injustifiée.
Cette similitude avec le cas des migrants dans les pays riches occidentaux peut avoir de quoi surprendre. Elle a d’ailleurs surpris les auteurs du rapport eux-mêmes, qui pensaient qu’il y aurait des différences liées à la structure des économies : les pays en développement sont moins riches, ils ont une économie plus informelle ; pourtant les conclusions sont nettes : l’impact sur la croissance des pays de destination est infime. Et il est positif : en moyenne un point de PIB (produit intérieur brut) de plus : c’est donc marginal, mais ça va vers le haut. Dans certains pays, comme le Rwanda, les immigrés sont même plus productifs que la moyenne nationale.
Apport économique et fiscal
De la même manière, ces migrants apportent plus d’argent dans les caisses des Etats où ils s’installent qu’ils n’en coûtent. Il est vrai qu’ils ont un coût, surtout s’ils viennent avec leur famille (éducation, santé sont plus ou moins pris en charge par les pays de destination), mais parce qu’ils produisent, parce qu’ils consomment, parce qu’ils payent des impôts, les immigrés sont bénéfiques pour l’économie des pays de destination. L’OCDE estime même qu’ils pourraient l’être davantage si ces pays amélioraient leurs politiques d’accueil : pour mieux intégrer les immigrés, et mieux lutter contre les discriminations, de salaire par exemple… Avec cette idée : mieux les migrants sont accueillis, mieux ils se sentent, mieux ils travaillent. Et de citer des exemples à suivre, comme l’Afrique du Sud, qui a créé un Bureau d’aide aux migrants pour les informer et les orienter.
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