Il est un mot que l’on associe volontiers aux matières premières : celui de malédiction. Une « malédiction des matières premières » qui planerait sur tous ces pays qui ont choisi de faire de l’exploitation du sous-sol national une priorité et qui pèserait, tôt ou tard sur leur croissance et, plus encore, sur leur développement économique. Rythmées par le flux et reflux du prix de matières premières, les politiques budgétaires ne disposeraient notamment pas de la stabilité nécessaire pour que des dépenses d’investissements productifs soient engagées alors que l’on sait qu’elles sont indispensables au déclenchement des mécanismes d’une croissance endogène. Une malédiction qui, en définitive, résonne comme une funeste promesse que les meilleurs lendemains ne surviendront pas.
Matières premières, une malédiction : une affirmation sujette à caution…
Il y a, convenons-en, quelque chose de fondamentalement gênant dans cette affirmation. Non qu’elle n’ait pas de solides soubassements théoriques ou d’abondantes preuves empiriques. Les exemples, dans l’actualité ou dans l’histoire, qui témoignent de sa portée sont en effet nombreux. Elle apparaît certes bien large pour qualifier avec précision la réalité de pays dont les matières premières exportées, les structures économiques, les institutions politiques et les trajectoires historiques ne sont, en définitive, guère comparables. Les mécanismes qui la sous-tendent, du fameux « syndrome hollandais » à la corruption et à la captation de la rente, sont, eux aussi, particulièrement hétérogènes. Des erreurs de politiques économiques se mâtinent de déviances politiques pour faire de cette malédiction des matières premières une notion souvent « fourre-tout » que l’on utilise à l’envi. L’essentiel du problème n’est cependant pas là. Ou pas uniquement. Ce qui interpelle, c’est que cette notion soit désormais érigée en quasi-fatalité. Le risque qu’une stratégie de croissance fondée sur les matières premières échoue est omniprésent, bien sûr, mais n’y aurait-il que si peu de place à l’action politique ou aux mesures économiques pour combattre cette supposée malédiction ? On ne peut s’y résoudre.
Ces contre-feux qu’il ne faut pas négliger
Le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz l’écrivait en 2004 : « L’abondance de ressources naturelles peut et doit être une bénédiction et non une malédiction. Nous savons ce qu’il faut faire. Il ne manque plus que la volonté politique pour y parvenir. »
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