Sous le baobab du Salon africain du livre de Genève qui ouvre ses portes ce mercredi, les femmes sont à l’honneur sous le signe des guerrières du Bénin précolonial, mais aussi sous celui de toutes ces figures historiques de « femmes puissantes », selon l’expression devenue courante tirée du titre du roman et Prix Goncourt 2009 de Marie N’Diaye Trois Femmes puissantes (Gallimard). Bien sûr, la Grande Royale de l’incontournable Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kaneparle à tous les lecteurs d’une littérature portée aussi bien par l’imagination des écrivains que par les légendes, mythes et figures bien réelles du continent (et jusqu’au récent Black Panther qui, sur les écrans, a magnifié la féminité aussi inspirante que combative).
Quatre femmes puissantes
Pour donner ses contours historiques à cette thématique qu’illustre en BD le dessinateur Adrien Folly-Notsron, les historiennes Hélène d’Almeida-Topor et Catherine Coquery-Vidrovitch (Les Africaines. Histoire des femmes d’Afrique subsaharienne du XIX au XXe siècle, éd. La Découverte Poche), sans oublier Sylvia Serbin (Reines d’Afrique et héroïnes de la diaspora noire, éd. Sépia), dispensent leurs lumières au public, et cette Afrique des femmes s’incarne au cours des rencontres et des débats par des écrivaines invitées dans la riche programmation du salon concoctée par le duo de Boniface Mbongo Moussa et de Pascale Kramer. La rencontre du vendredi soir en nocturne réunira, venues du Sénégal, Aminata Sow Fall et Ken Bugul, mais aussi l’Ivoirienne Véronique Tadjo, rejointe par une femme puissante des médias en la personne de la journaliste camerounaise Denise Epoté, directrice Afrique de TV5 Monde. Elles y raconteront leur parcours de combattante de la plume et partageront avec le public les figures qui leur sont chères. La première, Aminata Sow Fall, distinguée par l’Académie française en 2016 qui lui a remis le Grand Prix de la francophonie, auteur de La Grève des bàttu et dont vient de paraître L’Empire du mensonge (Serpent à plumes), évoque l’entourage directement familial qui a inspiré son dernier opus et a balisé sa vie : « Les femmes qui m’ont marquée à jamais sont ma mère, pour sa générosité, son intelligence et sa bonté infinie, ma tante, sœur aînée de ma mère, pour sa force de caractère et son affection qu’elle m’a toujours témoignée jusqu’à la fin de ses jours. Et l’une des griottes de ma mère pour sa fidélité, sa franchise, son attachement aux principes sacrés de l’honneur », nous confie-t-elle. Pour Ken Bugul dont quasiment tous les livres, mais sans doute en particulier Riwan et Cacophonie (éd. Présence africaine) – son dernier roman –, ont pour thème majeur le combat des femmes pour la liberté, et l’écrivaine sénégalaise, qui a fait du Bénin son pays de transit, cite aussi bien les femmes du golfe de Guinée que « nous toutes, mères, épouses, amantes, aimantes, célibataires et transgenres, etc. Dans ma tête grouillent des noms et des visages de femmes puissantes. De Yacine Boubou à Diarra Bousso, des femmes de Nder à la reine Ndaté Yalla, de la Grande Royale à Aline Sitoé Diatta, des héroïnes de Ousmane Sembène aux héroïnes invisibles. »
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