Le procès de Khalifa Ababacar SALL et de ses co-prévenus a pris fin le vendredi 23 Février 2018, après vingt-et-un (21) jours d’audience.
En attendant le verdict du 30 Mars, le Juge LAMOTTE a demandé à toute l’assistance de prier pour lui, pour qu’il prenne la bonne décision. Le wolof dit que : « kuy def lu bakh yaay nianal sa bop » (celui qui fait du bien, ce bien est une prière pour lui). Et faire du bien en la circonstance, c’est de se conformer à sa fonction première d’autorité judiciaire qui est de trouver une issue heureuse à cette tension entre le légal et le social. C’est dans cette tension, dans cette unité dialectique, dans cette totalité contradictoire que réside le fondement et la justification des caisses d’avance ou fonds politiques en place depuis l’époque coloniale. Cette dialectique qui a irrigué en partie les différentes plaidoiries du procès et qui traduit la légitimité de l’autorité judiciaire. Ainsi, le juge prendra la bonne décision en assumant la haute dignité de sa mission : protéger l’individu contre une privation de liberté non justifiée.
Il suffit qu’il s’en tienne à cela pour que la prière ait son impact total sur la décision à prendre. Le Prophète (PSL) n’a-t-il pas dit : « Qu’ALLAH (SWT) ne refuse jamais la prière d’un Imam juste, de celui qui fait fréquemment du zikr, et de la victime d’une injustice ». Hadith rapporté par Bayhaqi.
مستجابة(ثلاثة لا يرد الله دعاءهم: الذاكر الله كثيرًا والمظلوم والإمام المقسط) رواه البيهقي، وحسنه الألباني.
Donc une décision du Juge LAMOTTE est déjà une prière pour lui. Elle est sacralisée par ce hadith du Prophète (PSL). La décision qui serait de protéger Khalifa Ababacar SALL contre une privation de liberté non justifiée dont il a déjà largement souffert, donnerait unréarmement moral à la justice de notre pays.
Le Juge LAMOTTE y parviendra également par la maitrise totale des différends qui gangrènent le peuple sénégalais, en assumant la tache exténuante d’y trouver des solutions, repérer les obstacles à la réconciliation et rééquilibrer ce qui dans la société glisse vers la brutalité et l’arbitraire. Aujourd’hui le problème auquel la société est confrontée est la volonté d’un homme impopulaire qui s’accroche au pouvoir, déterminer à gripper le processus électoral et à éliminer ses adversaires les plus menaçants.
Cette situation devrait être l’arrière-plan de toute décision de justice.
- La raison du plus fort
Monsieur de la FONTAINE l’a dit dans sa fable « La raison du plus fort est toujours la meilleure » mais la raison de Macky SALL ne sera pas la meilleure parce que, malgré les apparences, il n’est pas le plus fort. C’est parce qu’il se sent profondément affaibli et esseulé qu’il tente d’instrumentaliser la justice pour éliminer des adversaires potentiels aux échéances électorales à venir. Il est conscient qu’il n’est pas le maitre du jeu. Il ne l’est même pas dans son propre parti.
En essayant de faire condamner Khalifa Ababacar SALL, ce procès de la honte qui n’a pas sa raison d’être est en fait le procès de l’obstination, de l’acharnement et de la méchanceté.
Il y a de cela huit (08) ans, je publiais une déclaration au gamou de Stuttgart sur la situation délétère de notre pays à la suite de l’agression perpétrée par la police contre la Cathédrale de Dakar. Comble de sacrilège elle a lancé des bombes lacrymogènes contre les fidèles. Mes amis chrétiens, alors que j’étais à Stuttgart, avaient sollicité ma réaction devant la gravité de la situation.
La déclaration s’intitulait : « DAFA DOYE NA DEEM !! », ça suffit qu’il dégage. Il s’agissait d’Abdoulaye WADE et il est parti.
Au moment de prendre la parole pour le gamou de Stuttgart de cette année, une note m’est parvenue m’informant de l’exclusion de Khalifa Ababacar SALL ainsi que ses camarades du Parti Socialiste (PS). J’avais, à partir de Stuttgart, fait cette seconde déclaration lue durant le gamou à l’annonce de l’exclusion de Khalifa Ababacar SALL du Parti Socialiste (PS), à la veille du début de son procès. Il s’agit de la confirmation d’un acharnement obsessionnel contre un leader politique dont la trajectoire, sans faille, depuis sa prime jeunesse, le destinait aux plus hautes responsabilités de notre pays. Aujourd’hui, le procès touche à sa fin, l’exclusion est une liquidation politique et le procès en est l’inhumation. Cette déclaration de Paris lue devant le forum « les nouveaux enjeux de la globalisation et la révolution numérique » organisé par la section francilienne de « Bess Dou Niak » me permet de dire ma colère devant la férocité des responsables politiques de ce pays, ma hantise devant les tyrannies qui renaissent, mon effroi devant la fachosphère qui s’insTalle et ma tristesse devant les carrières brisées.
Oui, je suis lassé par tant de trahisons, fatigué par cet abaissement de l’intelligence et de la dignité, déçu par tant d’ignominies.
La décision du bureau du Parti Socialiste (PS) ne concerne pas que les militants socialistes. C’est également notre affaire. Ce parti n’a pas su surmonter ses pulsions suicidaires. Dans ses rangs aujourd’hui déprimés et clairsemés, les haines recuites, et la prééminence des égos l’ont emporté sur les intérêts premiers du Parti.
Le PS du Congrès sans débats n’a pas su renouveler les visages et les usages pour redevenir ce grand parti pivot de la vie politique, depuis l’indépendance. Il ne cesse de s’enfoncer depuis sa défaite électorale qui s’est avérée être une véritable déroute politique. Ce n’est pas l’occurrence de la défaite, somme toute prévisible, mais son ampleur. Aujourd’hui, le pronostic vital de la vieille maison de Léopold Sédar SENGHOR est sérieusement engagé. Ce parti a été emporté par cette rigidité intellectuelle et politique qui a empêché les remises en cause nécessaires.
Nous avons tous en nous quelque chose du Parti Socialiste. Parti de Serigne Babacar SY et de Serigne Fallou MBACKE qui ont joué un rôle essentiel dans sa création et sa propagation. Nous l’avons toujours considéré comme un patrimoine familial.
Serigne Abdou Aziz SY Al Amine (RTA) m’a dit : « C’est grâce aux difficultés de Léopold Sédar SENGHOR et de l’BDS qu’il a compris le sens du verset » :
قُلِ اللَّهُمَّ مَالِكَ الْمُلْكِ تُؤْتِي الْمُلْكَ مَن تَشَاءُ وَتَنزِعُ الْمُلْكَ مِمَّن تَشَاءُ وَتُعِزُّ مَن تَشَاءُ وَتُذِلُّ مَن تَشَاءُ ۖ بِيَدِكَ الْخَيْرُ ۖ إِنَّكَ عَلَىٰ كُلِّ شَيْءٍ قَدِيرٌ
«Dis Dieu, le Maître de la Souveraineté donne le pouvoir à qui il veut et le retire à qui il veut ».
Quand je lui demande pourquoi, il me répond : « A cause de tous les obstacles dressés pour que Léopold Sédar SENGHOR ne réussisse pas avec son Parti ». Et pourtant à cause du soutien jamais démenti de Serigne Babacar SY et de Serigne Fallou MBACKE, Léopold Sédar SENGHOR a régné et son Parti avec lui.
Aujourd’hui nous sommes loin de tout cela, c’est Khalifa Ababacar SALL qui est exclu du Parti Socialiste (PS), un acte annonciateur d’une débâcle prochaine : on s’acharne sur le leader menaçant, avec la complicité des dirigeants de son propre parti. Aujourd’hui en l’excluant du PS, c’est le sens de sa vie qu’on tente de nier. On veut lui enlever toute légitimé.
Machiavel définissait la politique comme un art souverain du mensonge, mâtiné d’une absence totale d’éthique. Les élections législatives de 2017 l’ont amplement prouvé mais nous avons la faiblesse de croire que la politique peut être autre chose : renforcer la capacité d’une société à s’emparer de son destin, à inventer un ordre juste et à se placer sous l’impératif du bien commun. Nous irons dans ce sens et ne lâcherons rien !!
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