Le film Touki Bouki du réalisateur sénégalais Djibril Diop Mambéty a été voté meilleur film africain de l’histoire par une dizaine de critiques internationaux, en marge du Festival de Cinéma africain de Tarifa-Tanger (FCAT) qui se poursuit entre les deux rives africaines de Tanger (Maroc) et européenne de Tarifa (Espagne).
Selon le critique français, Olivier Barlet, le film de Mambéty montre « la rupture d’une société dans laquelle tous ses membres sont partagés entre leur pays et l’au-delà ».
Un ouvrage qui a marqué un tournant dans le cinéma africain avec « une esthétique d’avant-garde », souligne le critique qui ajoute que Touki- Bouki a représenté une source d’inspiration inépuisable pour les cinéastes des années 70 et continue d’être une référence pour les nouvelles générations.
Cette consécration sonne comme un hommage au réalisateur sénégalais, Djibril Diop Mambéty pour le 20ème anniversaire de son décès. Outre la projection de son chef d’œuvre Touki Bouki, son dernier film « La Petite vendeuse de soleil » (1999) a été sélectionné dans la section 15 ans de FCAT.
Ce tout premier classement des films africains a été réalisé à l’aide de l’opinion d’experts dans une cinématographie qui réussit depuis quelques années à se faire une place en Espagne, à l’occasion de la célébration cette semaine des 15 ans de sous-titrage du FCAT vers l’espagnol et de diffusion des productions les plus remarquables du continent africain.
D’autre part, les critiques ont situé le film « Yeelen » (La luz) du réalisateur malien Souleymane Cissé dans la deuxième position. Leonardo de Franceschi, critique italien et professeur de l’Université de Rome 3, indique que le film « Yeelen » « décrit le voyage initiatique d’un jeune dont le destin lui a réservé un affrontement avec son père pour briguer le pouvoir ».
Ayant reçu le Prix de la Critique du Festival de Cannes en 1987, Cissé « construit un récit crypté, visuellement fulgurant qui octroie une forme plastique à la mort du divin et à l’avènement d’une nouvelle Afrique, fille du mélange ».
Le troisième ouvrage le plus célébré par les critiques est « La noire de… » du réalisateur sénégalais Ousmane Sembène considéré comme le père du Cinéma en Afrique subsaharienne. L’expert sénégalais Aboubacar Demba Cissokho souligne que cette œuvre c’est « le premier long-métrage réalisé par un cinéaste de l’Afrique noire qui aborde, entre autres, la question du racisme ».
De son côté, le critique italien De Franceschi précise que le film « La noire de… » « continue d’être un acte de dénonciation très actuel contre le néocolonialisme européen, les logiques de l’exploitation qui perdurent dans les relations Nord-Sud et l’aliénation qui transforme les relations interpersonnelles dans un désert ».
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