14e Législature: vers une configuration inédite, des surprises et des issues de vote incertaines

C’est finalement le 12 septembre 2022 que les nouveaux députés seront installés à l’Hémicycle au cours de la première session, selon le décret signé le président de la République, publié hier mercredi. Pour la première fois dans l’histoire de cette Chambre, le parti ou coalition au pouvoir n’aura pas toutes les cartes en main. En effet, Benno Bokk Yakaar, qui avait 125 sièges sur 165, lors de la précédente Législature, se retrouve avec juste 82 députés élus au sortir du scrutin du 31 juillet dernier. Il leur a fallu marchander avec « l’opposant » Pape Diop pour obtenir son vote de principe dans les différentes sessions pour s’assurer d’une majorité relativement absolue.

Toute l’opposition réunie (Yewwi-Wallu, AAR et MPR) totalise également 82 sièges. L’intercoalition Yewwi-Wallu à elle seule compte 80 députés. Sauf grosse surprise, les deux coalitions devraient former un seul Groupe parlementaire. Tandis que les deux députés, Thierno Alassane Sall (AAR Sénégal) et Pape Djibril Fall (MPR) ont décidé d’adopter une posture indépendante des deux grandes forces, tout en affirmant leur ancrage dans l’opposition. Ils seront sans doute les deux seuls non-inscrits de la 14e Législature. Il y aura donc, à priori, deux grands groupes parlementaires et deux non-inscrits.

Khalifa Sall négocie avec des députés BBY

C’est l’information du jour, lâchée par le journal Le Témoin. L’un des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi, Khalifa Sall, a entrepris des démarches pour débaucher des élus de la majorité. Selon nos confrères, l’ancien responsable socialiste a déjà rencontré Aida Sow Diawara et aurait sur son viseur une quarantaine de nouveaux élus « dont d’anciens camarades socialistes avec qui il entretient d’excellentes relations. Les personnes approchées par Khalifa Sall sont considérées comme des insoumises loin de partager les orientations du Président Sall avec qui elles sont en conflit sans pour autant oser le manifester pour des raisons stratégiques. Des insoumis qui tenteraient de combattre à l’interne le chef de l’Etat, Macky Sall ».

Avec sa grande expérience politique et son vécu qui date de l’Union progressiste sénégalaise (Ups) en passant par le Parti socialiste, Khalifa Sall est l’un des plus grands stratèges politiques. Ses démarches pourraient, à défaut de faire beaucoup de mal à la majorité, semer le doute et la zizanie au sein du Groupe parlementaire BBY.

Vers des votes serrés et des résultats sur le fil

Il n’y aura pas de majorité mécanique décideuse de l’issue de tous les votes de lois et projets de loi pendant cette 14e Législature. Avec ses 82 députés, plus le vote de principe de Pape Diop, la coalition au pouvoir devra faire très attention aux défections dans ses rangs lors des votes. Il se susurre que bon nombre d’élus sur la liste de BBY pourraient échapper au contrôle de Macky Sall, entre calculs politiques et frustrations.

Du côté de l’intercoalition Yewwi-Wallu également, il faudra également être très persuasif avec les suppléants qui vont être dragués par le régime en place. Avec tous les avantages qui peuvent leur être proposés, il n’est pas exclu que certains d’entre eux ne prêtent leur voix à BBY lors des votes.

Du coup, d’un côté comme de l’autre, chaque voix de chaque siège vaudra son pesant d’or pendant les Sessions. D’abord pour l’élection du président de l’Assemblée nationale et du bureau. Ensuite pour faire passer des projets de loi et aussi voter les budgets des ministères et autres institutions de la République. Autant dire que malgré la majorité relativement absolue de la coalition au pouvoir (82 sièges + le vote de principe de Pape Diop), les issues des votes durant les Sessions seront des plus incertaines. La politique sera très présente et chacun aura des cartes à abattre… à partir d 12 septembre 2022.

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