Par El Hassane SALL
Y a-t-il une justice dans ce Sénégal ? Qui protège le promoteur Babacar Fall qui après avoir démoli les 253 maisons de la cité Gadaye et jeté des milliers de personnes dans la rue, continue de se pavaner tranquillement, sans être inquiété ?
Cette question qui taraude nos esprits est à poser, parce que l’on ne peut comprendre que 253 familles soient sacrifiées au profit d’une seule personne, qui, malgré toutes les décisions de justice pour qu’il indemnise les victimes, continue de traîner les pieds. En tout cas, ce qui se passe à la cité Gadaye est révoltant, inhumain et à la limite frise la cruauté. Comment, un État censé protéger ses administrés, peut-il accepter qu’un promoteur puisse démolir la maison de 253 chefs de famille et continue de se pavaner tranquillement après avoir jeté dans la rue des milliers de personnes ? Ou bien, aurait-il des complices hauts placés qui le mettent hors de portée de la justice ? Parce que cela fait quand même 7 ans que ces pauvres chefs de famille courent derrière leurs droits mais en vain.
Aujourd’hui, ces derniers n’ont que leurs yeux pour pleurer, car malgré les décisions de justice qui leur sont favorables, ils peinent toujours à recouvrer leur dû. Ce qui est le plus frustrant dans cette situation est le fait que ce sont d’honnêtes pères et mères de familles qui ont trimé dur pour se procurer un toit. Si l’on sait tout le parcours du combattant qu’il faut effectuer pour avoir une maison, on comprend aisément leur désarroi. Car voir le produit de tant d’efforts et de sacrifices réduit en gravats de façon aussi cruelle et légère, est insupportable. Aujourd’hui, non seulement beaucoup de ces pères de famille peinent à payer leur loyer, mais d’autres sont décédés, laissant leur famille dans le dénuement total. Malgré tout, les victimes des démolitions constatent pour le déplorer, que le promoteur Babacar Fall, qui est à l’origine de leurs problèmes, continue de vaquer à ses occupations sans être inquiété le moins du monde.
Pourtant, quand les victimes ont déposé une plainte contre lui, le promoteur a été condamné en première instance à deux ans de prison et sommé de payer aux victimes la rondelette somme de 4 milliards, en guise de dommages et intérêts. Suite à cela, Babacar Fall a interjeté appel ; là aussi il a perdu. Il n’a pas aussi eu gain de cause auprès de la Cour suprême qui l’a débouté quand il a déposé un pourvoi en cassation ; pire, il a été condamné à 2 ans dont six mois ferme. Seulement ce que les victimes ne parviennent toujours pas à digérer, c’est le fait que malgré toutes les condamnations dont il fait l’objet, que le promoteur continue de humer l’air de la liberté sans être inquiété. Chose d’autant plus incompréhensible que le tribunal l’a condamné à une peine ferme, avec dommages et intérêts à payer aux victimes et contrainte par corps et mandat d’arrêt.
Selon ces victimes, «il y a une léthargie dans l’affaire Gadaye. Une autorité qui fait des promesses à sa population doit pouvoir les respecter. Nous ne pouvons pas comprendre que l’État nous dise : “si vous gagnez à la Cour suprême, nous allons restituer vos terrains par un bail”, et aujourd’hui, rien n’a évolué», déplorent-ils, rappelant que la décision de justice doit être appliquée. En tout cas, au vu des dégâts commis par le promoteur et l’immunité dont il semble jouir, laisse croire qu’il bénéficie de protection en haut lieu. D’ailleurs, le seul fait qu’il se soit permis de raser 250 maisons sans état d’âme, sans décision de justice et continue de se pavaner est vraiment troublant. Dire que cela se passe dans le “Sénégal de tous pour tous” !!!