8 ans après, que reste-t-il du sacrifice de Mamadou Diop ?

Ce 31 janvier2020 marque la commémoration de la mort de l’étudiant Mamadou Diop mortellement fauché par le Dragon de la police le 31 janvier 2012 à la place de l’Obélisque où le Mouvement des forces vives M23 menait la lutte héroïque pour défendre notre Constitution, notre République menacée d’une dérive monarchique.

8 ans après, que reste-t-il du sacrifice de ce jeune étudiant tombé au champ d’honneur pour que la démocratie sénégalaise reste debout ? Rien, absolument rien, sommes-nous tentés de dire, parce que les causes qui avaient conduit à ces manifestations sont toujours présentes et se sont même accrues. Pourtant, des vies ont été sacrifiées, des libertés confisquées et beaucoup de sang versé pour défendre la démocratie ainsi que les leaders politiques tels Macky Sall, feu Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse et tant d’autres qui incarnaient l’opposition d’alors.

Malheureusement, aussi bien sous Wade hier que sous Macky Sall aujourd’hui, les fruits de l’alternance n’ont pas porté la promesse des fleurs du changement. Alors qu’il fallait préserver la mémoire de ces martyrs, faire en sorte que la mort de tous ces patriotes ne soit pas vaine et que la volonté du peuple ne soit plus bafouée par les politiques. Parce que si les Sénégalais s’étaient tant battus pour faire évoluer les choses, ce n’était pas pour un changement d’hommes, mais de système, de manière de faire. Mais le constat est que les hommes passent mais les mêmes tares demeurent. En atteste la question du 3ème mandat qui était à l’origine de ces manifestations et qui reste toujours d’une brûlante actualité.

Le Président Macky Sall qui avait combattu cette volonté de Wade de briguer un troisième mandat avec fougue et hargne, menaçant même d’aller le déloger au palais s’il s’obstinait, semble être dans les mêmes dispositions que son maître. D’ailleurs, face à la presse le 31 décembre dernier, il avait refusé de clarifier sa position, se réfugiant derrière un «ni oui ni non» dubitatif qui laisse penser que le peuple peut s’attendre à tout de sa part. Alors que la Constitution autorise deux mandats consécutifs. Si ce n’est pas souiller la mémoire des martyrs, ça y ressemble fort, parce qu’après les troubles que cela avait entraîné, il aurait pu au moins avoir l’élégance et la décence de clarifier définitivement le jeu politique. En lieu et place, il semble vouloir troubler l’eau pour pêcher en eaux troubles. Pire, aujourd’hui on assiste à une politique d’éradication de la contestation avec l’interdiction récurrente des manifestations et l’emprisonnement d’acteurs de la société civile.

Pourtant, que de promesses tenues pour se faire élire ! Le respect de la Constitution, l’approfondissement des libertés, la réduction de son septennat en quinquennat, la réforme en profondeur du Conseil constitutionnel dont il comptait faire passer le nombre de juges de cinq à sept, dont trois nommés par le pouvoir, un par l’Assemblée nationale, un par l’opposition et deux par les magistrats, suivant des critères qui seront à définir. Il n’avait pas aussi manqué de dire qu’il redonnerait à la République ses lettres de noblesse parce que, estimait Macky Sall, «la République c’est des institutions fortes, la République c’est l’équilibre entre les pouvoirs, qu’il s’agisse du pouvoir Exécutif incarné par le président de la République et son gouvernement, ou du pouvoir législatif incarné par la représentation nationale à travers l’Assemblée nationale, ou encore le pouvoir judiciaire à travers les cours et tribunaux. Il faut qu’il y ait un équilibre, mais lorsque toutes les institutions s’effondrent devant une seule qui fait et défait selon son bon vouloir, nous ne sommes plus en République, nous ne sommes plus en démocratie».

Aujourd’hui on a vraiment du mal à croire que c’est le même Macky Sall qui avait tenu ces propos, tellement ils sont en déphasage avec les actes qu’il pose. C’est comme si les principes devaient varier au gré des positions.

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