94 milliards : Mamour Diallo l’arbre qui cache la forêt ?

Dans l’affaire dite des 94 milliards, Mamour Diallo, l’ex directeur des Domaines mis en cause par Ousmane Sonko, serait-il finalement l’arbre qui cache la forêt ? Cette question s’impose aujourd’hui, parce qu’il semble, au vu des tergiversations, diversions et autres, que les choses sont beaucoup plus compliquées qu’elles ne le paraissent. Mamour Diallo que l’on cherche à blanchir vaille que vaille serait-il seulement le maillon d’une longue chaîne de complicités ? Y-aurait-il des ramifications en haut lieu ? Qui cherche-t-on à protéger ? Autant de questions qui méritent réponse, parce qu’il est quand même assez curieux que des plaintes soient déposées dans l’affaire des 94milliards par Ousmane Sonko et sur la table du Procureur de la République d’abord, ensuite sur celle du juge d’instruction contre Mamadou Mamour Diallo et que les poursuites tardent à démarrer. C’est comme s’il y avait une main invisible qui tirait les ficelles, pour jouer avec le temps, espérant que cette affaire, comme beaucoup d’autres qui l’ont précédée, sera oubliée et enterrée par les populations amnésiques. Mamour Diallo a-t-il été limogé de son poste pour faire baisser la clameur ou pour élucider cette affaire ?

Aujourd’hui, il ne faudrait pas que ce scandale puisse passer par pertes et profits, car non seulement le montant supposé avoir été distrait est colossal, mais il urge de mettre un terme à ces nombreux crimes financiers impunis. Si le pouvoir s’est donné tant de mal pour élucider l’affaire de la caisse d’avance en mode fast-track et coffrer Khalifa Sall, mis en cause pour 1milliard 800 – des clopinettes face à 94 milliards-, il doit aussi pouvoir avoir la même célérité pour tirer cette affaire au clair.

Et pour cela, il doit laisser la justice faire son travail, car elle seule est habilitée à éclairer la lanterne des citoyens, d’autant que des plaintes ont été déposées sur sa table. Et puis, s’il est vrai que Sonko est un affabulateur, comme ne cessent de le clamer ses contradicteurs, c’est l’occasion rêvée pour le coincer, démasquer, le confondre. Mais, vu la tournure des choses, il semble que cette affaire n’est pas aussi simple qu’on ne le croit. C’est pourquoi, il y a assez de dilatoire et de diversion. D’ailleurs, dans un post sur sa page Facebook, Assane Dioma Ndiaye, le président de la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh) a rappelé que devant les députés, l’ancien ministre de l’Économie, des finances et du plan, Amadou Bâ, avait avoué que suite au rachat de la créance des héritiers par la Société Sofico (une procédure qu’il trouvait normale), l’État du Sénégal avait commencé les paiements.

«Aujourd’hui, il est établi que ce rachat de créance n’a pas finalement été homologué par la justice», constate Me Ndiaye, qui trouve d’ailleurs surprenant que tous les paiements qui ont été effectués, l’ont été indûment en fin de compte. Même si Me Dioma Ndiaye se garde cependant de culpabiliser qui que ce soit ; il pose de nombreuses interrogations qui doivent aider à la manifestation de la vérité : «Combien l’État du Sénégal a décaissé à ce jour, soit directement, soit par le biais de lettres de confort, au titre des 94 milliards convenus avec la Société Sofico ? L’État parlait, à un certain moment, de 3.500.000.000 Cfa déjà décaissés. Si l’on sait que les héritiers n’ont, à ce jour, rien perçu, qui a encaissé cet argent ? Y a-t-il des lettres de confort par rapport aux 94 milliards ou pas ? Si ces lettres de confort ont été avalisées par des banques, l’État n’a-t-il pas décaissé indirectement ?». Donc, autant de questions pertinentes soulevées par la robe noire qui méritent des réponses convaincantes.

Pourtant, Ousmane Sonko dit détenir par devers lui, les lettres de confort et tous les documents afférents à cette transaction. Pourquoi la justice ne l’appelle-t-il pas ? À qui profite cette politique de l’autruche ?  Et c’est ce manque de réaction de la Justice qui fait qu’aujourd’hui, ça va dans tous les sens, et les défenseurs de Mamour Diallo, face à cette inertie de la justice crient à la diffamation.

Mais, comme le fait remarquer Birahim Seck du Forum civil, «si un Sénégalais se sent diffamé, il doit pouvoir porter plainte devant le juge pour laver son honneur. S’il ne le fait pas, nous considérons qu’il appartient aux autorités judiciaires, au procureur de la République de s’autosaisir pour éclairer la lanterne des Sénégalais sur l’histoire des 94 milliards…». Selon Birahim Seck, tout acte ou toute autre action enclenchée dans ce débat, pour lui, est «une pure diversion». Et justement, il semble aujourd’hui que la stratégie du pouvoir est de divertir, divertir…, au point de faire oublier l’essentiel qui est l’éclatement de la vérité, rien que la vérité.

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