C’est ce que le Cnra semble vouloir mettre en exergue, lorsqu’il affirme, dans une lettre adressée à la direction de Dmedia, que : «La sensibilité et la gravité de la situation actuelle exigent de l’éditeur, des animateurs de l’émission une attention soutenue afin d’éviter des dérapages, confusions, attitudes de nature à créer une situation d’embrasement total, à constituer une incitation à la violence ou à entraîner des conséquences préjudiciables».
Un pur mensonge, sinon un gigantesque dérapage de la part de l’autorité de régulation, qui cherche par tous les moyens à faire porter un chapeau troué à la chaîne de télévision Sen TV sous un soleil embrasant. En effet, dans la nuit du 3 juin, des manifestations ont éclaté dans quelques quartiers de Dakar et relayées naturellement par la Sen Tv. Ces événements ont d’ailleurs obligé le ministre de l’Intérieur et le préfet de Dakar à descendre sur le terrain pour superviser les opérations de maintien de l’ordre.
Vous me direz quoi de plus normal. Quid du reporter sur le terrain au même moment ?
Nous prenons les Sénégalais à témoin. Depuis l’instauration du couvre-feu, le 23 mars, SenTv effectue régulièrement des directs à partir de 20 heures (ensuite 21 heures, suite à l’assouplissement du couvre-feu). Les journalistes, aux côtés des autorités administratives et des forces de défense et de sécurité, donnent l’information juste et vraie. Ceci, pour permettre aux Sénégalais de tout bord, de saisir l’opportunité de comprendre l’utilité de respecter le couvre-feu. Mieux, de lutter efficacement contre le coronavirus.
Alors, comment comprendre que de telles remarques émanent de l’autorité de régulation – seulement de jour – la nuit où des Sénégalais ont bravé l’interdiction de circuler à l’heure du couvre-feu et manifesté leur courroux ? Une démarche qui frôle l’hérésie communicationnelle, si l’on sait que les journalistes, professionnels jusqu’au bout des ongles, n’ont jamais tenu de propos déplacés pouvant mettre le feu à la poudre.
SenTv est loin d’être une braise qui couve sous la cendre, attendant des moments de secousses pour espérer créer des tornades. Rappelons qu’à la date du 27 juin 2011, des émeutes contre les coupures intempestives d’électricité avaient éclaté à Dakar et sur toute l’étendue du territoire. Ce jour-là, tous les médias sénégalais (radios comme télévisions) avaient montré en direct, pendant toute la journée, jusque très tard dans la soirée, les images de ces manifestations. Où était le Cnra ? Certainement vous auriez aimé qu’on fasse une page spéciale sur les émeutes aux États-Unis liées à la mort de Georges Floyd ! Peine perdue !
Les Rédactions de Dmedia…