C’était une forte demande de l’opposition. Une requête plusieurs fois exprimée par les leaders de l’opposition qui n’ont cessé de réclamer le départ de Antoine Félix Abdoulaye Diome de la tête du ministère de l’Intérieur et de demander la nomination d’une personnalité neutre pour organiser les élections. Cette exigence a été remise sur la table lors du dernier Dialogue national initié par le Président Macky Sall. Et, depuis hier, une des revendications de l’opposition a été satisfaite. Le ministre Antoine Félix Abdoulaye Diome n’est plus ministre de l’Intérieur. Il a été démis de ses fonctions. Dans le nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre, Amadou Bâ, c’est Me Sidiki Kaba qui hérite du ministère de l’Intérieur.
Mais ce jeu de chaises musicales au niveau du ministère de l’Intérieur n’emballe pas trop les acteurs du processus électoral qui n’espèrent aucun changement à quelques mois de l’élection présidentielle du 25 février 2024. Farouche détracteur du ministre Antoine Diome, le Parti démocratique sénégalais (Pds) ne varie pas dans sa position. Il continue de réclamer la nomination d’une personnalité neutre pour organiser les élections. «Notre position sur la question ne change pas, nous la maintenons. Au-delà de Antoine Diome, nous avons voulu une personnalité neutre pour gérer les élections. Le fait d’enlever Antoine Diome pour mettre Me Sidiki Kaba, c’est la même chose, c’est juste un jeu de chaises musicales. Il n’y a pas de personnalité neutre pour gérer les élections. Nous constatons qu’il a mis encore un militant de l’Apr à la tête du ministère de l’Intérieur», a fait savoir hier, au téléphone, Abdou Thiam, Vice-président de la Commission communication du Pds. A l’en croire, le Pds est resté sur sa faim.
Le problème reste entier. Pour les libéraux, Me Sidiki Kaba est aussi partisan que Antoine Félix Abdoulaye Diome. Tous les deux sont des militants et responsables de l’Alliance pour la république (Apr). Leur rôle, c’est de faire gagner leur parti. «Nous ne donnons aucun crédit à Sidiki Kaba. Ils vont travailler pour élire leur candidat Amadou Bâ», affirme Abdou Thiam. Le Pds ne comprend pas pourquoi le Président Macky Sall ne peut pas faire comme ses prédécesseurs, les Présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, en nommant une personnalité neutre pour gérer les élections.
Pour sa part, Moussa Taye, conseiller politique de Khalifa Ababacar prédit le pire avec le ministre Sidiki Kaba. Le responsable de Taxawu Sénégal détaille : «La nomination de Sidiki Kaba est la preuve que le Président Macky Sall veut par des subterfuges et des fraudes perpétuer le système de Benno Bokk Yakaar. Faire quitter Antoine Diome et amener Sidiki Kaba, il n’y a pas de changement majeur. Sidiki comme Antoine-ont les mêmes objectifs, les mêmes ambitions, ils sont dans les mêmes dynamiques. Quand Sidiki était ministre de la Justice, Antoine était Procureur de la Crei avant de passer à l’Agence judiciaire de l’Etat. Sidiki Kaba est pire que Antoine Diome. Il est passé de défenseur des droits humains à défenseur d’un homme, en l’occurrence Macky Sall. Il a renié ses convictions antérieures. Il est devenu un vrai militant politique et il n’est là que pour les intérêts de l’Apr et de son candidat Amadou Bâ».
Moussa Taye attendait du président de la République qu’il tire les leçons et nomme un ministère de l’Intérieur neutre pouvant organiser des élections transparentes et démocratiques. C’est pourquoi, le Directeur de Cabinet du maire Barthélémy Dias invite l’opposition à s’organiser davantage et à mettre en place un large front pour la régularité et la transparence des élections.
L’ancien Premier ministre, Aminata Touré, aussi, récuse Me Sidiki Ka. Selon elle, la nomination d’un politicien (Sidiki Kaba) affiché et affirmé au poste de ministre de l’Intérieur en charge des élections est un mauvais signal. «C’est l’occasion d’appeler la Direction générale des élections et l’administration de manière générale à rester républicaine et à ne point exécuter toute instruction partisane tendant à favoriser le Premier ministre-candidat Amadou Bâ et à éliminer des candidats de l’opposition. De toute urgence, l’opposition devra s’unir pour imposer immédiatement un processus électoral transparent et inclusif», écrit Mimi Touré