Abrogation de la loi d’amnistie : pour Thierno Alassane Sall, les morts et les deux jeunes filles brûlées vives dans un bus méritent une enquête approfondie.

Le député Thierno Alassane Sall s’est fermement opposé à la loi d’amnistie adoptée en mars 2024, dénonçant une tentative de passer sous silence des crimes graves commis durant les deux années précédentes. Lors du dépôt d’un projet de loi visant son abrogation, il a rappelé les violences ayant marqué le pays, avec des dizaines de citoyens devenus aveugles, paralysés ou lourdement handicapés à vie nous dit emedia .

« Nous avions dénoncé cette loi dès son adoption, car elle empêche toute enquête sur des atrocités qui ont failli plonger le Sénégal dans le chaos », a-t-il martelé. Il a notamment évoqué des pertes humaines et matérielles importantes, s’attardant sur le drame des deux jeunes filles brûlées vives dans un bus.

Pour le député, toute situation de cette ampleur mérite une enquête approfondie et des explications publiques afin d’éviter qu’un tel drame ne se répète. « Effacer ces crimes d’un trait de plume est inacceptable et contraire aux normes internationales », a-t-il ajouté, fustigeant la tendance des dirigeants à adopter des lois d’amnistie pour se protéger de poursuites judiciaires avant de quitter le pouvoir.

Fidèle à ses engagements de campagne, Thierno Alassane Sall et ses collègues ont donc déposé une proposition de loi visant à annuler cette amnistie. « Je doute qu’au sein de l’Assemblée nationale, plus d’une dizaine de députés s’y opposent », estime-t-il, appelant à une prise de responsabilité collective.

L’élu rappelle par ailleurs que ces violences ont fait l’objet d’une plainte devant la Cour pénale internationale (CPI) et que certains juristes les considèrent comme des crimes contre l’humanité. Or, selon lui, ces crimes sont imprescriptibles et ne peuvent faire l’objet d’aucune amnistie, comme l’établissent les jurisprudences internationales.

Enfin, il cite un arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO du 9 février 2011, qui précise que certains crimes ne peuvent être amnistiés sous peine de constituer une injustice flagrante. « L’impunité ne doit pas devenir une norme au Sénégal », conclut-il, appelant à un sursaut de conscience nationale.