Abus d’autorité : Qu’est devenue l’intelligence sociale des Sénégalais ?

Qu’est devenue l’intelligence sociale des Sénégalais ? Cette question s’impose parce qu’aujourd’hui le Sénégalais jadis réputé être un homme courtois, plein de sollicitude, empathique est en train de devenir méconnaissable. Et l’altercation ayant opposé le commissaire Sankharé au docteur Gaye repose la question de la qualité du service public, parce que c’est un cas qui est loin d’être isolé. Le constat au Sénégal aujourd’hui est que tous les dépositaires d’une quelconque autorité usent et abusent de leurs prérogatives. Les citoyens font toujours les frais de ce qui semble être un abus d’autorité, du sommet à la base, quiconque détient une parcelle d’autorité a tendance à en abuser. Dans tous les services de l’administration, que ce soit les hôpitaux, les commissariats de police, bref partout, même dans les transports en commun, partout, les usagers sont obligés de subir l’humeur des préposés au service. La qualité de l’accueil est nulle. C’est comme si les employés travaillaient à contrecœur et pour un oui ou pour un non, on se voit rabroué à moins que l’on ne bénéficie d’une recommandation.

Aujourd’hui, tout citoyen se sent stressé à l’idée d’aller chercher un papier administratif ou aller à l’hôpital pour se soigner ou encore dans les commissariats de police pour un quelconque service. Car notre administration n’a aucun sens de l’accueil, surtout dans les services de santé où, pourtant, les personnes malades ont encore plus besoin de soutien et d’un accueil réconfortant. Malheureusement, les agents ont plutôt une approche de dédain et font preuve d’un manque notoire de courtoisie à l’endroit des usagers du service public. On est souvent obligé de faire profil bas, quitte à y perdre toute une journée,  même si le préposé au service se montre désagréable on subit, par crainte de se voir éconduire. Le plus révoltant dans cette situation est le fait que la plupart du temps les usagers n’ont personne pour les défendre, parce que la plupart du temps, c’est la solidarité de corps qui est de rigueur. Malgré les abus constatés dans les services, les sanctions sont inexistantes.

Mais la situation la plus incompréhensible est celle qui se passe souvent dans les commissariats de police où le citoyen est obligé de faire profil bas au risque de subir les foudres des agents. Pourtant en déplacement à Diourbel en août 2015,  Oumar Maal l’ex directeur général de la police nationale, avait  rappelé aux policiers leur mission d’accueil, d’assistance et de protection des populations.  «Autant le public vous doit du respect, autant vous le lui devez. Le policier, en toute circonstance, doit savoir raison garder, et comprendre que le rôle de la police n’est pas répressif. Quand quelqu’un arrive au poste de police, désemparé, inquiet, troublé, il est demandé au policier de ne pas en rajouter. Le rôle du policier s’inscrit dans le cadre d’une prévention, et la prévention consiste à informer, éduquer, assister et orienter», avait-il déclaré. «Le policier est avant tout un éducateur. Si le policier n’arrive pas, à travers une approche de nature à lui permettre de lire dans le visage de son interlocuteur, son esprit, ce pour quoi il est devant lui, il aura failli à sa mission», avait ajouté Omar Maal. Mais ces sages paroles de l’ex dgpn semblent être tombées dans l’oreille de sourds, si l’on en juge par les relations tendues entre citoyens et policiers.

Aujourd’hui la réforme tant promise de l’administration par le pouvoir est devenue une urgence, et  il ne faut plus que cela soit un vœu pieux, mais une réalité concrète, afin que les contribuables soient considérés, écoutés et respectés.

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