Adama Fall – Dème ne doit pas tomber dans le piège de l’opposition

Militant de la première heure de l’Alliance pour la République, Adama Fall ne reconnait plus le parti présidentiel. Le président du Collectif des Enseignants pour la Réélection de Macky (Cerma), non moins porte-parole du réseau national du réseau national des enseignants républicains ne manie pas la langue de bois. Il fait, au contraire, feu de tout bois sur certaines dérives et invite, dans cet entretien paru dans Tribune, le chef de l’Etat à revoir sa copie pour ne pas être sanctionné par le peuple souverain en 2019. 

 

La mouvance présidentielle fête les six ans de l’accession au pouvoir de Macky Sall sur un air jubilatoire, dans un contexte marqué par un front social en pleine ébullition. N’est ce pas déplacé ?

Non je ne dirais pas que c’est déplacé, mais je ne peux pas dire le contraire non plus. Aujourd’hui après six années au pouvoir, et à une année de la prochaine élection présidentielle, il est normal que les gens appartenant à un parti au pouvoir fassent un bilan sans complaisance de la situation politique sous le régime du président Macky Sall. Et si nous faisons la comparaison entre deux ou plusieurs pouvoirs, notamment entre le régime précédent et celui en cours, il n’y a pas photo sur le plan des réalisations concrètes. Sur le plan social aussi nous avons posé des actes allant dans le sens de régler diverses questions. Mais il faut savoir que tout n’est pas rose. L’ébullition sociale existe toujours dans un pays, surtout à la veille d’élections présidentielles. C’est normal qu’il y ait des remous, et que les syndicats puissent poser des doléances pour que leurs préoccupations soient satisfaites. Nous l’acceptons en tant qu’hommes politiques. Heureusement que le gouvernement l’a compris. Il est en conclave aujourd’hui (l’entretien s’est déroulé hier, Ndlr) avec les syndicats de l’enseignement pour continuer la négociation en vue de trouver une solution de sortie de crise. Hier le gouvernement a négocié avec le Sames et des points d’accord ont été trouvés. Peut-être que dans quelques jours il recevra d’autres syndicats en vue de trouver davantage de solutions.  Nous le faisons parce que nous avons la mission régalienne de prendre en charge les attentes des Sénégalais. Les gens penseront que nous le faisons  parce que nous sommes à la veille d’une élection présidentielle mais tel n’est pas le cas. Pour dire que la situation sociale n’est pas trop critique, nous atteignons le bout du tunnel au vu des actes qui sont en train d’être posés par le Premier ministre depuis quelques temps dans le cadre des négociations avec les syndicats.

Au-delà des questions économiques le président Macky Sall avait promis la rupture, un retour à l’orthodoxie dans la gestion des affaires publiques mais le clientélisme, la corruption et la mal gouvernance sont persistants quoi qu’on puisse dire. Comment appréciez-vous cette situation ?

Une rupture est d’abord individuelle avant d’être collective. Quand le  président prend des engagements par rapport à la gestion vertueuse basée sur la rupture, tout un chacun doit s’approprier ce concept important pour la bonne marche de notre nation. Mais malheureusement,  nous voyons parmi nous des gens qui ne sont pas dans cette dynamique. Ce qui fait que des rapports épinglent de temps à autre certaines autorités. C’est à déplorer parce qu’aujourd’hui si nous devons aider et accompagner le président de la République, nous devons être dans le temps du président de la République. Cela signifie que nous devons nous inscrire dans une dynamique de gestion sobre et vertueuse, mais malheureusement dans un groupe il y a tout le temps des errements çà où là. Cela doit pousser le président de la République à prendre ses responsabilités face à cette situation pour pouvoir  arrêter cette gabegie, cette arrogance, ce manque de respect qui existent  dans l’appareil d’Etat.

Pas plus tard qu’hier le juge Ibrahima Dème a démissionné avec fracas de la magistrature pour dénoncer la main mise du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire. N’est ce pas là un camouflet de taille infligé à Macky Sall et à son régime ?

Le magistrat Dème, pour les gens qui ne le savent pas, est un camarade de promotion. Nous avons  partagé le Cem Ousmane Ngom ensemble, de la 5ème à la 3ème. Nous avons eu le Bfem dans le même jury, c’est quelqu’un que je connais, que je maitrise, c’est quelqu’un qui a des principes et qui défend  des valeurs – donc je ne peux pas dire du mal par rapport à sa personne parce que j’ai eu à le pratiquer. Pas plus tard qu’hier  nous avons échangé. Pas sur cette question mais nous avons quand même échangé. Aujourd’hui il a, à titre personnel, constaté et déploré des choses, mais cela ne veut pas dire que cela existe. Il a en tout cas pris ses responsabilités et nous applaudissons. Moi je ne ferai  pas partie des gens qui diront qu’il va faire de la politique. D’ailleurs il est libre d’embrasser la politique et, au cas échéant, il ne sera ni le premier ni le dernier magistrat à être militant d’un parti politique. Aujourd’hui il a posé un acte fort qui doit pousser tout homme politique à la réflexion, pour dire que dans ce pays il y a des hommes valeureux qui ont leur dignité et qui ont des principes. Le ministère de la Justice, le corps des magistrats et la Présidence doivent réfléchir par rapport à cet acte qui a été posé. Par contre, ce qui est un peu gauche dans sa démarche, c’est son courrier qui tend vers la politique. Il parle de crise sociale, il parle de mal gouvernance alors qu’il devrait plutôt s’appesantir sur les raisons qui l’ont poussé  à jeter le tablier, et ces raisons là doivent être trouvées au niveau de la magistrature mais pas dans la tension sociale ou autre. Aujourd’hui si des gens tirent à boulets rouges sur lui, c’est parce qu’il a eu à  prêter le flanc. Je salue l’acte qu’il a posé, mais si j’avais  à le conseiller, je lui recommanderais, en tant qu’ami,  qu’il évite de tomber dans le piège des hommes politiques.

Idrissa Seck n’a de cesse d’interpeler le président de la République sur diverses thématiques et il n’a de cesse d’être attaqué par les membres de la mouvance présidentielle. Comment appréciez-vous le fait qu’il se positionne de plus en plus comme un point focal de la lutte contre le régime de Macky Sall ?

Je ne ferai jamais partie des gens qui attaquent Idrissa Seck. Attaquer Idrissa Seck c’est tomber dans son jeu. Idrissa Seck est un candidat à une élection présidentielle qui se tiendra en 2019. Toutes ses sorties vont aller dans le sens de discréditer le candidat Macky Sall et de convaincre une partie de la population pour avoir un électorat. Nous ne pouvons pas refuser cela. Ce qui serait surprenant c’est qu’il tresse des lauriers à Macky Sall. Donc c’est normal qu’il adopte cette posture, puisqu’il est en train de jouer son va tout. Je ne vois pas pourquoi les déclarations d’Idrissa Seck nous gêneraient. Il ne cherche qu’à prendre la place de Macky Sall.

Vous avez-récemment mis sur pied il y a peu, avec d’autres responsables de l’Alliance pour la République, le Collège des républicains de Dakar (Crd/Dekalaat Ngor) pour retour aux valeurs fondatrices du parti présidentiel. Est-ce à dire que votre formation politique est à la dérive ?

 Le Crd/Dekalaat Ngor a évolué depuis lors. Il est désormais le Collège des républicains Dekalaat Ngor car il n’est plus départemental mais il commence à être national et international. Tous les jours nous recevons des appels de personnes qui veulent adhérer, qui étaient découragées, qui se retrouvent dans notre combat et qui sont en train de revenir en masse pour adhérer au sein du Crd. Nous avions compris  une chose : le peuple sénégalais n’élit pas, il sanctionne. Il sanctionne une arrogance, un comportement, une démarche. Nous sommes de l’Alliance pour la République et à la création du parti on se nommait “Dékal Ngor” pour prôner le retour aux valeurs que nous défendions. Actuellement nous ne demandons rien d’autre que le retour vers les fondamentaux de l’Alliance pour la République.

Qu’est ce qui cloche au sein de l’Apr ?

Nous vivons l’arrogance, nous voyons des ministres, des  députés qui ont été portés par la base, qui hier étaient avec les gens et qui aujourd’hui se barricadent, roulent dans des voitures teintées… C’est de l’arrogance. Aujourd’hui, si nous voulons sauver le président Macky Sall, il faut que l’on revienne  vers les fondamentaux de l’Apr. C’est-à-dire le travail, la dignité et la solidarité. Mais malheureusement, dans notre parti, ce travail qui devait être payé n’est pas rémunéré. Et cette non rémunération crée l’indignité et l’indignation chez le militant. Nous voyons que dans le parti le sens de la solidarité est en déliquescence, raison pour laquelle nous voulons revenir aux fondamentaux de l’Apr. C’est en ce sens que nous avons lancé la plateforme susnommée. C’est uniquement pour sauver le soldat Macky Sall. Certaines déclarations de son proche entourage et le comportement de certains responsables heurtent la conscience des Sénégalais. Et puisque les Sénégalais ne votent pas, ils n’élisent pas mais sanctionnent,  nous ne souhaitons pas que le président Macky Sall soit sanctionné au soir du 24 février par le peuple sénégalais. Aujourd’hui nous avons l’oreille du président de la République, il a compris notre message : nous ne sommes pas des dissidents, nous ne sommes dans aucune tendance, nous sommes toujours dans ce parti et nous travaillerons à massifier et à aller récupérer tous les frustrés du parti qui étaient restés chez eux pour aider le président Macky Sall. D’ailleurs nous sommes prêts à mettre sur la table au minimum 500 000 signatures pour parrainer sa candidature en 2019.

4 Commentaires

  1. You really cause it to appear easy along with your business presentation on the other hand locate this matter being really one thing i really feel I’d certainly not realize.. vlogger terbaru It kind of feels too elaborate and very large to me. I am just looking forward for ones following upload, We’ll aim to find the hang of it!

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here