Dans une déclaration parvenue à Tribune, la Plateforme pour la promotion et la protection des droits humains, pour mettre fin au calvaire des enfants «exhorte le Gouvernement à accélérer le processus d’adoption du Code de l’Enfant et de présenter en urgence à l’Assemblée Nationale le Projet portant Statut du Daara. Ce sont des urgences absolues». Selon ces défenseurs des droits humains, «au Sénégal, un bilan de l’application des normes applicables en matière de droits de l’enfant révèle un résultat très mitigé. Quelques acquis sont notés par-ci, par-là, mais pour l’essentiel les droits de l’enfant sont encore loin d’être effectifs au Sénégal». Pourtant, rappelle la Ppdh, «le 20 novembre 1989, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait, dans sa résolution 44/25, la Convention internationale des droits de l’enfant (Cide) dans le but de reconnaître et protéger les droits spécifiques des enfants. Cette convention internationale, qui a modifié le regard porté sur les enfants, est entrée en vigueur le 2 septembre 1990 conformément à son article 49. Cent cinquante deux (152) pays signèrent consécutivement le texte portant Cide, donnant ainsi à ce document une portée historique sans précédent par le nombre de signatures obtenu des États dans un délai aussi court. La Cide faisait ainsi l’unanimité quant à sa pertinence, son importance et sa portée pour changer le sort de millions d’enfants qui souffrent à travers le monde du non-respect de leurs droits élémentaires. Ce processus d’adhésion et de ratification marque le début d’une grande espérance et opportunité historique pour un monde digne des enfants».
Mais, constate la plateforme pour le déplorer, «29 ans après la ratification de la Cide par le Sénégal, l’état des lieux révèle les situations de violations graves des droits de l’enfant suivantes : un million cinq cent mille (1.500.000) enfants hors de l’école, une présence massive des enfants mendiants dans les rues de toutes les villes du Sénégal avec de nombreux enfants, dits talibés, forcés de mendier quotidiennement et subissant toutes les formes de maltraitance et abus (y compris sexuels). Rien que dans la région de Dakar, ils sont estimés à 30.160 sur les 54.837 enfants fréquentant les écoles coraniques (données de l’étude sur la cartographie des écoles coraniques dans la région de Dakar 2013-2014 commanditée par la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes). À Saint-Louis, sur 14.000 enfants répertoriés dans les daaras, 80% sont soumis quotidiennement à la mendicité forcée et à la maltraitance», déplore la Ppdh. Non sans ajouter : «Plusieurs lois demeurent non appliquées favorisant ainsi la non poursuite des auteurs de trafic d’enfants et exposant encore plus les enfants à toutes les formes de maltraitance : notamment la mendicité forcée, les pires formes de travail, l’excision, le mariage d’enfants, le non enregistrement à l’état civil, etc.». En ce jour (21 novembre, marquant la célébration du trentième anniversaire de l’adoption de la Cide, la Ppdh tient à rappeler que les États parties, à travers des politiques et diverses mesures institutionnelles ainsi que la coopération internationale, ont un rôle vital à jouer pour faire des droits de l’enfant une réalité au quotidien. C’est pourquoi, elle exhorte «le Gouvernement à mettre en œuvre les différentes recommandations des organes de surveillance de l’application des traités internationaux de protection des droits de l’enfant ratifiés par le Sénégal».
Pour cela, la Ppdh «exige de l’État du Sénégal l’application effective de toutes les dispositions de la législation nationale qui protègent les enfants avec une attention particulière sur celles qui permettent de mettre fin immédiatement à la mendicité forcée et la maltraitance des dizaines de milliers d’enfants qui sont exploités publiquement et tous les jours sous nos yeux.