L’éclatement, sous une autre forme, de ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Aliou Sall-PetroTim, a fini de prendre des proportions qui dépassent les frontières sénégalaises. Plusieurs médias et organisations internationaux ont disserté sur le sujet pour se donner les moyens de situer les responsabilités. Ici au Sénégal, après plusieurs sorties du côté du régime en place, le ministre de la Justice a publié un communiqué (daté mais non signé, ndlr) pour apprendre à l’opinion nationale que le Procureur général près la Cour d’Appel de Dakar est saisi pour l’ouverture d’une enquête complète sur ce dossier. Non sans insister sur la publication d’un rapport de l’Inspection générale d’État (Ige) qui n’est pas réceptionné par le Président de la République. Essaie-t-on de divertir les Sénégalais ?
Par Abdoulaye MBOW
Avec l’éclatement de cette affaire, suite à un reportage-enquête de la chaîne britannique Bbc, beaucoup d’eau continue de couler. Et, il est clair que certains risquent de se noyer dans une mer noire, totalement inflammable. Le pétrole est passé par là. D’ailleurs, c’est ce qui explique ces nombreuses prises de positions selon que l’on soit du côté du pouvoir ou de l’opposition. Car, pour les premiers, il faut impérativement protéger le frère du Président Macky Sall, surtout qu’il est fait allusion d’un réel conflit d’intérêt. Pour les seconds, c’est un combat de principe pour la sauvegarde des biens du Sénégal, avec le montant exorbitant dont il est question. Une somme qui, selon des estimations, pourrait sortir des millions de personnes de la pauvreté ambiante. Dans tous les cas, l’affaire n’est nullement politique et ne devrait point être politisée.
Il s’agit bel et bien d’accusations portées contre une haute personnalité qui devra brandir des arguments valables pour démontrer son innocence. Même s’il est avéré qu’il jouit totalement de la présomption d’innocence, ce dossier ne doit pas nourrir les débats le temps d’un temps, comme un feu de paille. À ce propos, il faut bien se contenter de la décision prise par le ministre de la Justice qui a saisi le Procureur près la Cour d’Appel de Dakar pour d’une enquête complète. Toutefois, insister par la même occasion sur une publication d’un rapport de l’Inspection générale d’État (Ige) dans le dossier Petro-Tim alors qu’il n’est pas encore réceptionné par le Président de la République ouvre un autre débat.
Ce serait véritablement créer un charivari qui ne dit pas son nom, alors que l’essentiel est ailleurs. Ce n’est autre chose et nulle autre démarche que d’éclairer cette affaire : Est-ce qu’Aliou Sall a reçu ou non de l’argent de Frank Timis pour un montant d’autant de milliards en Cfa ? Est-ce qu’Aliou Sall est blanc comme neige ? Est-ce que les contrats dans cette affaire vont à l’encontre des intérêts du Sénégal ? Quel est le niveau de responsabilités des différentes personnes citées ?
Donc, à vrai dire, il ne devrait point s’agir de chercher des «taupes» qui auraient facilité la publication d’un rapport qui est partout. La seule et véritable enquête qui pourra permettre au frère du Président de marcher en se tenant droit dans ses babouches n’est autre que cette affaire abordée par plusieurs Sénégalais et par la chaîne Bbc. Pour le moment, rien d’autres ne peut et ne pourra faire baisser cette forte tension poussant des entités à prendre des positions va-t-en-guerre.
En définitive, les personnes de Nafi Ngom ou encore d’un journaliste n’intéressent pas totalement les Sénégalais qui ne réclament que le jaillissement de la vérité. Autrement dit, qui a tort et qui a raison pour cette accusation à coût de milliards de dollars ? Pour l’heure, c’est l’unique enquête qui vaille.