Affaire Boubacar Sèye : L’Etat doit être mis en garde !

Le Président de ‘’Horizon Sans frontière’’ Boubacar Sèye a eu la surprise d’avoir été interpellé ce vendredi, à sa descente d’avion.

On lui reproche, d’après son avocat Me Assane Dioma Ndiaye, ses déclarations sur les fonds alloués par l’Union européenne sur l’immigration clandestine à l’Etat du Sénégal.

Il aurait, courant 2020, déclaré que ses fonds avaient été détournés. Sèye, qui est un des rares spécialistes de ses question d’immigration parce que non seulement il gère une organisation qui s’en occupe, mais, lui aussi vit hors du Sénégal, donne beaucoup d’interviews à la presse généralement à la demande des journalistes.

J’ai eu personnellement eu l’honneur de partager plusieurs plateaux avec lui sur cette question.

C’est pourquoi, je peux attester du fait que cet esprit ouvert, vif, averti et surtout hautement patriotique.

C’est vrai que tout ce qui touche la coopération avec nos partenaires stratégiques est très sensible, mais comme l’a dit le professeur Amsatou Sow Sidibé, chaque citoyen est en droit de se poser des questions sur la destination de ses fonds et de demander un audit.

Si ces fonds ont été bien utilisés et non détournés de leur objectif originel, l’Etat, par le biais de ses nouveaux canaux d’information, notamment ‘’le Gouvernement face à la presse’’ ou la ‘’task force républicaine’’, peut s’en expliquer clairement. Et démentir, si c’est nécessaire, l’auteur de ses propos.

En clair, il n’est pas besoin d’embastiller quelqu’un pour cela. Surtout s’il s’agit d’une personnalité qui, d’une façon permanente et sans relâche, a travaillé pour la prise en compte des droits des immigrés et surtout pour la lutte contre l’immigration clandestine.

Ce qui nous voulons dire par là, c’est que l’Etat doit impérativement éviter de museler la Société civile. C’est maladroit et contre-productif. Si la démocratie, au Sénégal, a fait des bonds en avant, nous le devons largement à ses hommes et femmes qui sont dans ses mouvements et qui ont, de tout temps, joué leur partition.

Certes, personne n’est parfait et il y a eu, ça et là des erreurs d’appréciation, des commentaires excessifs, des combats zélés, des injures, etc. mais, tout cela est consubstantiel à une démarche de lutte qui, par essence, est passionnée parce qu’engagée.

La Société civile, pour emprunter la formule de Gramsci, est par essence, un contre-pouvoir important dans une démocratie en gestation comme la nôtre.

Et nous devons tous travailler à consolider nos acquis par des attitudes responsables et désintéressés qui bannissent la vendetta.

Cet homme a tellement fait dans le secteur où il officie qu’il méritait mieux.

Malheureusement, aujourd’hui comme hier, l’Etat se complait à ouvrir des procès tellement inutiles qu’ils finissent par des condamnations avec des sursis après avoir mobilisé toute la Nation.

Et pendant ce temps, des gens épinglés dans des rapports d’audit se la coulent douce.

C’est pourquoi, au regard des urgences de l’heure, notamment la lutte contre la pandémie, la gestion des problèmes d’immigration, d’éducation, de relance économique, il est important de se focaliser sur l’essentiel en évitant d’allumer des contre-feux ou des écrans de fumée juste pour faire oublier l’essentiel.

Notre système judiciaire est malheureusement fait de telle sorte que le Parquet, sous injonction des autorités politiques parfois, peut attenter à la liberté d’un citoyen qui bénéficie, pourtant de la présomption d’innocence.

Le fait d’interpeller quelqu’un le vendredi, de le garder jusqu’au lundi pour le présenter au procureur, procure, justement, à ses poursuivants, la possibilité de le ‘’sanctionner’’ ainsi sans pour autant le faire condamner par un tribunal.

Ses garde-à-vue et ses mandats de dépôts sont de sérieux problèmes parce que permettant à l’autorité judiciaire de priver, quelqu’un, de sa liberté.

Du coup, personne n’est à l’abri.

Nous osons alors espérer qu’il sera laissé en liberté dès ce lundi. Et que même si la procédure contre lui doit se poursuivre, il pourra librement vaquer à ses occupations étant entendu qu’il jouit de tous les droits de représentativité.

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