BFMTV organise ce jeudi 23 septembre un grand débat en direct entre le leader de la France insoumise (LFI, extrême gauche), Jean-Luc Mélenchon, et le journaliste polémiste Éric Zemmour (proche de l’extrême droite), en vue de l’élection présidentielle. Deux personnages que tout oppose réunis pour une confrontation qui agite la France.
Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour avaient plusieurs fois manifesté publiquement le souhait de débattre en face-à-face. La chaîne d’information, consciente du potentiel d’audience, a donc lancé les invitations et mis sur pied ce duel inédit pour le moins incongru. À plus d’un titre. En effet, si le premier est officiellement candidat, ce n’est pas (encore) le cas du second, qui persiste à cultiver le mystère sur ses intentions. En outre, tout oppose ses deux détracteurs, hormis une même virulence à l’égard d’Emmanuel Macron, et il est légitime de se demander ce que va réellement apporter ce rendez-vous médiatique.
Débat également diffusé sur Twitch
Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour auront néanmoins l’occasion de s’exprimer en direct et d’échanger leurs points de vue très contrastés sur les grands sujets d’actualité, au cœur de la campagne présidentielle: la sécurité, l’économie, la santé, l’écologie, l’immigration et des questions de société qui préoccupent au quotidien la population française, relate BFMTV. Le débat sera en outre diffusé et commenté sur le canal Twitch de la chaîne.
Réaction de Jean-Luc Mélenchon
“Je vis ce débat comme un combat”, s’est justifié Jean-Luc Mélenchon ce lundi soir sur LCI. Confronté aux critiques, même au sein de son propre camp, le leader de la gauche radicale souhaite profiter de cette tribune pour aborder les thèmes essentiels de sa campagne, “le social et l’écologie”, notamment. Il ne mâche toutefois pas ses mots à l’égard de son prochain interlocuteur: “Avec Monsieur Zemmour on a du lepénisme concentré”, “un concentré de haine”, dénonce-t-il. “Je l’ai connu brillant commentateur (…) et puis je l’ai vu s’effondrer (…) il a une idée de l’histoire de France qui est sectaire”, “ces gens propagent une doctrine qui conduit à la violence”, a-t-il déclaré.
“Il faut l’affronter sur le terrain des idées”
“Éric Zemmour est devenu une sorte de référence politique de la droite et donc il faut l’affronter en débat”, estime l’eurodéputé LFI Manuel Bompard. “Zemmour est partout et personne ne l’affronte sur le terrain des idées”, a quant à lui souligné Adrien Quatennens, député et coordinateur du parti. À gauche, dans les rangs écologistes, l’avis diffère: “Il voit une bulle médiatique avec Zemmour, il se dit ‘peut-être que ça va m’aspirer’”, a regretté Yannick Jadot (EELV), en bonne place pour représenter les Verts au premier tour de l’élection présidentielle. Le candidat a en outre accusé Jean-Luc Mélenchon de vouloir faire le “buzz” et de “donner du crédit aux thèses détestables d’Éric Zemmour”.
“Misère des médias et de la politique”
“Misère des médias et de la politique…”, a, de son côté, sobrement commenté sur Twitter David Assouline, sénateur PS de Paris et président délégué du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain au Sénat.
“Moi, je ne débattrai pas avec eux”
Les communistes y voient quant à eux une raison de plus de se démarquer des Insoumis. “Il ne faut rien lâcher à ceux-là”, considérait, à l’égard de l’extrême droite, Fabien Roussel, premier secrétaire du PCF lors de son meeting à la fête de l’Humanité, relate le HuffPost. “Moi, je ne débattrai pas avec eux, je n’ai rien à faire avec eux, je n’ai rien à parler avec eux (…) Ne débattons pas avec l’extrême droite. Soyons dignes. Refusons de donner de la visibilité à Zemmour & co, ils en ont bien assez comme ça”, ajoutait-il. “Un homme condamné pour racisme et incitation à la haine se voit aujourd’hui dérouler le tapis rouge sur les plateaux. Les médias doivent s’interroger!”, déplore-t-il encore sur Twitter.
Zemmour, l’ambigu
Éric Zemmour n’a pas publiquement commenté son imminent rendez-vous télévisé mais multiplie les annonces d’envergure “présidentielle” sur Twitter comme en témoignent son dernier message très solennel adressé à Emmanuel Macron sur la crise des sous-marins français et l’annonce de son déplacement en Hongrie sur invitation personnelle de Viktor Orban. Tout cela sans pour autant confirmer ni infirmer concrètement ses ambitions dans la course à l’Élysée.
Au coude-à-coude dans les sondages
Dans les sondages, ils sont en tout cas dans le même étiage d’intentions de vote, entre 7 et 11%. M. Mélenchon bénéficie du meilleur score à gauche, tandis que M. Zemmour bouscule les candidats présumés de la droite et prend surtout des voix à Marine Le Pen. Côté préparatifs, on explique dans l’entourage d’Eric Zemmour qu’il “travaille seul” ce débat, “en écoutant les gens”. “On a la vérité de notre côté, pas besoin d’inventer grand-chose”, assure-t-on. Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, “prépare sérieusement le débat, comme d’habitude”, désireux de “dégonfler la baudruche Zemmour” sur “un certain nombres d’inepties et de mensonges”, déclaré son directeur de campagne.
Jean-Luc Mélenchon, 70 ans, et Éric Zemmour, 63 ans, se connaissent bien. Le premier s’était notamment rendu au cinquantième anniversaire du second en 2008, précise l’AFP.