Le 14 février 2022, la nommée Bernadene Sène s’est présentée spontanément au commissariat de Dieupeul pour déposer une plainte à l’encontre de Moussa Traoré pour abus sexuels. Elle a expliqué aux enquêteurs que le 13 février 2022, elle s’était réveillée vers 3 heures du matin avec d’atroces maux de ventre et comme elle ne supportait plus les douleurs, elle a demandé à son père de la conduire d’urgence à la clinique Suma Assistance à la cité Keur Gorgui. Arrivée sur les lieux, elle a été accueillie par le docteur Assane et un aide infirmier du nom de Moussa Traoré. L’assistant infirmier a pris ses constantes avant de la mettre sous perfusion conformément aux instructions du médecin qui l’avait consulté à son arrivée.
A la fin de la perfusion l’aide infirmier s’est présenté dans sa cabine pour lui faire savoir qu’il devait effectuer un toucher vaginal sur elle et c’est ainsi qu’il a soulevé sa robe et écarte ses jambes avant de prendre son téléphone portable. Elle a commencé subitement à entendre des bruits étranges provenant de l’appareil comme s’il prenait une vidéo. L’assistant infirmier a par la suite introduit ses doigts dans son vagin jusqu’à ce qu’elle lui dise que ça faisait mal. Après avoir terminé, il lui a demandé de rentrer chez elle et il voulait à tout prix qu’elle quitte la clinique sans même revoir le médecin.
Elle s’est néanmoins rendu à l’accueil pour vérifier s’il y avait une facture à payer ou des documents à signer. Les informations obtenues lui ont permis de savoir que son père avait déjà réglé les frais d’hospitalisation mais au moment où elle était à l’accueil, elle avait senti que l’aide infirmier Traoré était en train de l’épier. Environ trente minutes après son départ de la clinique, le médecin l’a appelée pour lui reprocher d’être parti sans le voir et sans récupérer son ordonnance médicale mais elle lui a expliqué que c’est l’aide infirmier qui lui avait demandé de rentrer. Elle a rappelé par la suite le docteur Assine pour savoir si le toucher vaginal pouvait être effectué par un aide infirmier et à sa grande surprise ce dernier a répondu par la négative en lui expliquant que Moussa Traoré avait outre passé ses fonctions.
L’aide l’infirmier a laissé entendre qu’il a effectivement introduit ses doigts dans le vagin de la patiente….
Elle a appelé son frère pour l’informer des agissements de l’aide infirmier et c’est ce dernier qui a avisé son père. Interrogé, Moussa Traoré a fait savoir qu’il était de garde à la clinique “Suma Assistance” le 12 février 2022 de 20 heures à 08 heures. Il a fait remarquer qu’une jeune fille accompagnée de son père s’était présentée à la clinique pour une consultation car elle se plaignait de douleurs abdominales. Après avoir pris ses constances, il l’a installé dans une cabine sur ordre du médecin de garde nommé Assane pour lui faire une perfusion. Il a par la suite demandé à la fille de soulever sa robe pour une palpation au niveau du bas ventre même s’il n’est pas habilité à poser de tels actes sur les patients. Poursuivant, il a laissé entendre qu’il a effectivement introduit ses doigts dans le vagin de la patiente pour lui faire un toucher vaginal et il en a profité pour prendre une photo des parties génitales de cette dernière avec son téléphone portable lorsqu’elle a écarté ses jambes. Il reconnaît avoir commis une grave erreur car il a outrepassé ses fonctions.
Devant le juge d’instruction, Emé Sène a soutenu qu’il avait lui-même conduit sa fille qui se tordait de douleur à la Clinique et est rentré quelques heures plus tind puisque sa fille devait rester en observation le temps de la perfusion et c’est vers 09 heures qu’il a constaté sa présence dans la maison. C’est un de ses fils qui l’a appelé aux environs de 17 heures pour lui faire savoir que Bernadette Sene avait été victime de viel à la clinique où elle avait été admise.
Me El Hadj Diouf : “Pourquoi tant d’histoire sur une simple consultation. Parce que c’est sexe de milliardaire ? On ne doit pas y toucher ?”
Placé sous mandat de dépôt depuis le 17 février 2022, Moussa Traoré a comparu devant la barre de la Chambre Criminelle pour viol et collecte de données à caractère personnel. Des faits qu’il a reconnu. Mais, il a tenu à apporter des explications. Selon lui, il portait des gants au moment de la palpation. Donc, dit-il, ce n’était pas dans le but de ressentir du plaisir. En plus, il précise que la partie civile qui n’a pas comparu hier lui avait donné son aval. Ce, même si elle lui avait précisé qu’elle ne portait pas de sous-vêtements. Sur la collecte de données à caractère personnel, il déclare qu’il n’avait pas l’intention de la filmer. «En voulant allumer la torche, je suis tombé sur l’appareil photo. Et par inadvertance, j’ai enregistré la vidéo. J’ignorais même que j’étais en train de filmer. D’ailleurs j’ai automatiquement supprimé l’image», a-t-il déclaré pour sa défense. Toutefois il a avoué qu’en tant qu’assistant infirmier, ses prérogatives se limitent à faire des perfusions pour les malades et leur donner des médicaments. Même si, dit-il, la fille croyait qu’il était médecin.
Le maître des poursuites qui est convaincu de la culpabilité de l’accusé a requis 10 ans de réclusion criminelle pour le viol et 2 ans de prison ferme pour le chef de collecte illicite de données à caractère personnel. Me El Hadj Diouf qui assure la défense des intérêts de l’accusé n’a pas manqué à montrer son désaccord face aux réquisitoires du parquet. La robe noire est persuadée que ce dossier a été amplifié. Car, informe-t-il, “il y a un milliardaire dans le dossier dont le propriétaire de l’hôtel fleur de lys qui est le papa de la présumée victime. Pis, le patron voulait conserver ses relations avec le daron. Il fallait faire plaisir à Émé Sène, ce milliardaire. Cet homme n’a fait que son travail. Ce procès est une affaire de riche contre un pauvre garçon”.
“Pourquoi tant d’histoire sur une simple consultation. Parce que c’est sexe de milliardaire ? On ne doit pas y toucher”, s’interroge la défense qui réclame l’acquittement du sieur Traoré. “Il n’y a pas de viol car la fille a donné son consentement au préalable”, conclut-elle. L’affaire sera mise en délibéré le 7 mai prochain. L’aide infirmier retourne en prison attendant la décision du juge.