Le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal durcit le ton dans l’affaire Grande Pharmacie Dakaroise. A l’issue de son Assemblée générale extraordinaire du 9 avril dernier, elle a pris plusieurs décisions dont celle de baisser rideaux, vendredi prochain, de 8 h à 15 h.
Il se passe, actuellement, de drôles de choses dans le secteur de la santé. Des choses très graves qui dénotent de dysfonctionnements préoccupants. Outre la mort tragique de la dame Astou Sokhna à Louga, l’hôpital Le Dantec à l’agonie, à cause de défaillances inacceptables, une autre affaire ubuesque pollue l’atmosphère dans le sous-secteur de la pharmacie.
Il s’agit de la procédure judiciaire intentée dans l’affaire de la Grande Pharmacie Dakaroise, pour laquelle le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal (SPPS) annonce la baisse des rideaux des officines, vendredi prochain, entre 8 h et 15 h.
En effet, annonce le syndicat, le ministre de la Santé et de l’Action sociale a décidé d’abroger l’arrêté portant autorisation pour Aïcha Goundiam Mbodj d’exploiter la Grande Pharmacie Dakaroise sise au Plateau. Pis, “cette décision, injustifiable, prise sur présentation d’une note du directeur de la Pharmacie et du Médicament”, n’a été notifiée à l’intéressée qu’un mois plus tard, en dépit d’une décision de justice déjà rendue en faveur d’Aïcha Goundiam Mbodj en novembre 2021, dénonce la SPPS.
Le docteur Élimane Kane, qui a fait face à la presse hier, rappelle que cette affaire a commencé en 2020, lorsque ‘’la Direction de la Pharmacie et du Médicament a pris la décision illégale d’instruire un dossier de transfert de la Pharmacie Nation sur le site appartenant à la Grande Pharmacie Dakaroise depuis 1953, ceci en violation des dispositions relatives aux conditions de création et de transfert des officines’’. Alors que, poursuivent les pharmaciens, Mme Mbodj avait informé les autorités concernées de son transfert provisoire et de son intention de rejoindre son site après les travaux.
En effet, l’officine se trouve en bas de l’immeuble qui abrite l’hôtel Indépendance qui était en travaux de réfection.
Aïcha Ngoundiam Mbodj avait alors attaqué cet arrêté devant la Chambre administrative de la Cour suprême qui a tranché, dit-on, en sa faveur (arrêt n°51 du 25 novembre 2021) en annulant l’arrêté du ministre de la Santé portant autorisation de transfert de la Pharmacie Nation au rez-de-chaussée de l’hôtel Indépendance. Madame Mbodj ne s’est pas arrêtée là. Elle a aussi attaqué le contrat de bail établi par l’Ipres au profit de la Pharmacie Nation, devant la Chambre administrative du Tribunal du commerce. ‘’Cette procédure est toujours en cours et a fait l’objet de huit renvois, depuis le mois de juin 2021’’, se désole le vice-président du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal. Il renseigne que la décision dans cette procédure est attendue avant la fin du mois d’avril 2022.
La tête du directeur de la Pharmacie et du Médicament réclamée
Dans cette affaire, la SPPS renseigne avoir envoyé deux courriers au ministre de tutelle pour lui signifier le caractère illégal de sa décision. Ainsi, ‘’face au silence du ministre, le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal décida alors de faire un recours devant la justice, à côté de Mme Mbodj. Quand la Chambre administrative de la Cour suprême rendit sa décision en notre faveur, en annulant l’arrêté du ministre, nous espérions voir nos autorités s’y conformer et s’amender, en rétablissant la concernée dans ses droits. Au lieu de cela, elles décidèrent d’ignorer la décision de justice’’.
Devant cet état de fait, en plus de sa décision de baisser rideaux, vendredi prochain, le SPPS réclame le ‘’départ immédiat de l’actuel directeur de la Pharmacie et du Médicament’’ et le rétablissement du docteur Aicha Goundiam Mbodj dans ses droits’’. Pour cela, le syndicat annonce avoir adressé un courrier au président de la République pour dénoncer les agissements du ministre de la Santé, du directeur de la Pharmacie et du Médicament, et de l’Ipres, et demander son arbitrage. Le syndicat demande, dans cette optique, aux pharmaciens d’être mobilisés, solidaires et de respecter le mot d’ordre.
Car il n’écarte pas de renouveler “la baisse des rideaux autant de fois que nécessaire pour une durée de 24 heures”. Et tient l’État responsable pour toute conséquence qui pourrait découler de cette action évitable, à condition que des compromis soient trouvés, d’ici là.