Revenant sur les circonstances de l’enquête, il dira : “J’ai lu dans les pv que Jérôme a été arrêté, non pas sur la base d’une plainte, ni sur la base d’une infraction, mais c’est sur instruction de l’autorité. Et les policiers n’ont pas précisé de quelle autorité il s’agit. Et lorsqu’ils sont arrivés chez lui, Jérôme n’était pas à son domicile. Il s’est livré plus tard. Ils ont pris son sac, qui contenait 1,7 million F Cfa et confisqué ses outils de travail, puisqu’il a une société de gardiennage qui détient un agrément de l’Etat du Sénégal.”
Dans la foulée, sur les délits pour lesquels son client a été arrêté, Me Djiby Diallo soutiendra que Jérôme assurait, pourtant, au moment des faits présumés, la sécurité de l’ancien Président de la République ainsi que son Premier ministre. “Je précise que M. Bandiaky faisait partie de la sécurité de l’ancien Premier ministre ainsi que l’ancien Président de la République. C’est la raison pour laquelle, il détenait le passeport diplomatique. C’est pour justement voyager avec eux dans l’exercice de ses fonctions. Mais sur le passeport, il est prêté à Jérôme le statut d’agent administratif alors qu’il est agent de sécurité. Quant à l’occupation d’un logement administratif alors qu’il n’en avait pas le droit, il a répondu qu’il s’agit de l’ancien Premier qui a mis à sa disposition ledit logement. Toutes choses font que les autorités ont retenu contre mon client les chefs d’accusation d’usurpation de fonction, d’obtention d’avantages indus de l’État.”
Au cours de l’enquête, un certain Ndiack Diop s’est spontanément présenté aux enquêteurs pour dire qu’au courant 2021, Jérôme Bandiaky s’est rendu au domicile de Farba Ngom, avec des nervis et des armes. “Seulement, suite à la perquisition effectuées chez Farba Ngom, les enquêteurs ont dit qu’ils n’ont trouvé aucun objet pouvant les intéresser dans le cadre de leur enquête”, précise Me Diallo. Quant aux armes trouvées chez son client, l’avocat soutient que son client a pourtant acquis l’une des armes auprès d’un proche de l’actuel ministre de l’intérieur. “C’est ce dernier qui lui avait promis de lui retrouver une autorisation de port d’arme”, explique-t-il, tentant de balayer d’un revers de la main le chef d’accusation relatif à la détention d’une arme sans autorisation. À tous ces délits retenus contre son client, l’avocat a aussi ajouté l’article 80, actes de nature à compromettre la sécurité publique, ainsi que le trafic d’arme.
Toutefois, il estime que son client n’a rien fait. Et même si c’était le cas, Me Djiby Diallo convoque la loi d’amnistie, pour rappeler qu’elle doit aussi profiter à son client, d’autant que les faits qui lui sont reprochés remontent entre 2021 et 2023, et qui sont effacés par la volonté de cette loi. “La loi d’amnistie a été votée. Elle a permis à des milliers de personnes de sortir de prison, y compris l’actuel Président de la République et son Premier ministre”, rappelle-t-il.
Si des voix s’élèvent pour demander l’abrogation de ladite loi, Me Djiby Diallo fait cette précision de taille : “Même si la loi venait à être abrogé, elle a déjà produit ses effets. C’est le principe de l’application immédiate de la loi et de la rétroactivité. Pourquoi les autorités reviennent sur ce dossier alors que cette loi a tout réglé ? Nous allons vers une dictature. Car j’ai constaté que les policiers obéissent non pas à la loi mais à des hommes”, déplore la robe noire.
ACTUNET AVEC Amadou DIA