Les avocats de l’ex-Pdg de Wari, Kabirou Mbodje, sortent du silence. A la suite de l’entretien que son client a accordé au journal «L’Observateur», Pierre Olivier Sur, avocat au barreau de Paris, saisit le président de la République Macky Sall. Dans sa lettre à décharge, l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris dénonce les manipulations notées dans le dossier d’abus de confiance pour lequel son client a été condamné à six mois de prison avec sursis et des dommages et intérêts d’une valeur de 1,5 milliard à verser à ses ex-associés Tap Tap Send.
«Monsieur le Président de la République, j’ai l’honneur de vous saisir ès qualité de président du Conseil supérieur de la magistrature, parce que je suis, aux côtés de Maître Babacar Kamara, l’avocat de Kabirou Mbodje dont la société Wari est bien connue au Sénégal et dans le monde. Vous savez qu’il s’agit d’une plateforme numérique de services financiers qui permet des virements entre particuliers, sans passer par le réseau des cartes bancaires, de telle sorte qu’avec ou sans compte en banque, chacun peut avoir recours à des transactions financières à partir d’un point de vente Wari, dans votre pays», souligne d’emblée Me Olivier Sur dans sa lettre lue par Seneweb.
«Kabirou Mbodje est actuellement victime au Sénégal d’un terrible lynchage»
Selon lui, son client qui a mis en place un système «sécurisé, globalisé, performant» dans 62 pays avec 700 000 points de vente, 212 millions d’utilisateurs et 5,6 milliards de dollars de flux annuel, «est actuellement victime au Sénégal d’un terrible lynchage, le présentant comme un ‘délinquant’ ayant détourné l’argent de ses compatriotes».
«Ce qui est impossible, martèle Me Sur, puisque ni lui-même ni aucune de ses sociétés n’a contractuellement accès à l’argent des utilisateurs, lequel est exclusivement logé dans des banques !».
«Les droits de la défense et l’autorité de la chose jugée n’ont pas été respectés»
Embouchant la même trompette que son client qui conteste vigoureusement l’ensemble des accusations retenues contre lui, Me Pierre Olivier Sur soutient que les droits de la défense n’ont pas été respectés, puisque son client n’a pas pu se défendre en période de Covid-19.
«En dépit de ce délit impassible reproché sur les réseaux sociaux, il est poursuivi en correctionnelle au Sénégal pour des ruptures contractuelles concernant des partenaires commerciaux et d’anciens associés. Rien donc que de très classique, dans le monde des affaires», renseigne-t-il.
Pourtant, poursuit l’avocat, «ces deux dossiers sont devenus des procédures manipulées on ne sait par qui, ayant donné lieu à des condamnations hors norme (prison et dommages-intérêts faramineux) sans qu’il n’ait même pu se défendre, puisque, au prétexte de la période post-Covid, les principes essentiels des droits de la défense, internationalement reconnus, et d’autorité de la chose jugée, n’ont pas été respectés», proteste l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris.