C’est demain que le juge Demba Kandji donnera son verdict dans l’affaire Khalifa Sall. Pour le moment le peuple retient son souffle car de l’issue du procès dépend en grande partie la crédibilité du Sénégal et de la Justice souvent accusée à tort ou à raison d’être à la solde du pouvoir. Un pouvoir déterminé à maintenir le maire de Dakar en prison malgré les nombreuses violations de ses droits. Violations, qui ont poussé la Cedeao et des spécialistes du droit pénal à demander la libération du Maire de Dakar pour cause de nullité de la procédure. Ainsi, il s’agira pour le Juge Kandji de trancher entre le droit et la force.
Demain est jour de vérité non seulement pour la Justice sénégalaise qui, depuis quelque temps est accusée d’être le bras armé du pouvoir pour solder des comptes politiques mais également jour de vérité pour le Sénégal qui s’est longtemps targué d’être un pays de droit. Ainsi du verdict du Juge Demba Kandji, dépendra leur crédibilité déjà amochée. Car dans le dossier Khalifa Sall, le pouvoir aura fait preuve d’un manque de fair play ahurissant. Et bien que l’Etat-Apr a toujours nié que ce procès politique, les faits sont têtus et sont aussi visibles que le nez sur le visage. L’arrêt de la Cedeao qui est venu torpiller le plan savamment ourdi par le pouvoir a fait sortir les Aperistes de leur torpeur, et montre clairement que le pouvoir n’était pas dans une logique de reddition des comptes mais plutôt de règlement de comptes. Parce que si le pouvoir était seulement mu par l’ambition d’assainir les finances publiques, il aurait respecté les droits les plus élémentaires du maire de Dakar. Mais en voulant vaille que vaille l’éliminer de la course vers la présidentielle, ils ont proclamé la primauté de la force sur le droit. Parce que selon certains spécialistes du droit pénal, il y a eu de nombreuses irrégularités tout au long de la procédure ayant abouti à son emprisonnement. Des manquements dénoncés par ses avocats mais le pouvoir, a laissé faire. C’est d’ailleurs ce qu’ a relevé l’arrêt de la Cedeao qui fait tant débat. Pourtant cet argument de la Cedeao est confirmé par tous les spécialistes du droit pénal « En matière de procédure pénale, la nullité des actes de procédure débouche sur la nullité de la procédure elle même .» estiment-ils. Et cela a le mérite d’être clair. Mais il semble que les Apéristes ne comptent pas reconnaître leurs fautes. En attestent leurs nombreuses sorties médiatiques pour tenter de déplacer le problème. Après le président Sall qui avait donné le ton en soutenant devant ses troupes qu’aucune pression nationale ou internationale ne lui fera abandonner son option de mettre fin à l’impunité et au détournement des biens publics, c’est au tour de ses affidés de monter au créneau. Si pour son dircab Oumar Youm « les magistrats sénégalais n’ont pas prêté serment devant la Cour de justice de la Cedeao mais devant le peuple sénégalais», son beau frère Mansour Faye ministre de l’Hydraulique déclare pour sa part « ce que je retiens de cette affaire, c’est que Khalifa Sall a signé plus de 110 fausses factures de ses propres mains… Une personne qui signe des fausses factures et reçoit de l’argent indûment doit-il bénéficier d’une liberté ?» Seulement la question qui s’impose est de savoir comment des gens censés diriger le Sénégal peuvent-ils tenir des arguments aussi légers ? Parce qu’aujourd’hui la question qui s’impose n’est pas de savoir si Khalifa Sall a pris ou pas mais si la procédure ayant conduit a son arrestation a été respectée. Et les arguments déployés par les Aperistes laissent penser à une nette volonté d’instrumentaliser la justice. Aujourd’hui, la Cedeao a mis les juges Sénégalais devant leurs responsabilités. Quelque soit le verdict qui sortira à l’issue de ce procès en appel, ils entreront d’une façon ou d’une autre dans l’histoire. Et si la seule raison de l’arrestation du maire de Dakar est la reddition des comptes, rien ne s’oppose à ce que que Khalifa Sall soit libéré et que la procédure reprenne dans le respect des règles qui régissent tout état de droit comme l’ont souligné des praticiens du droit. Mais certaines déclarations va t-en guerre venant du coté du pouvoir montrent qu’il est dans la logique de maintenir Khalifa Sall dans la caisse. Maintenant la balle est dans le camp de la Justice qui devra trancher entre la force et le droit. Esperons que la balance penchera du bon coté, car comme le dit Blaise Pascal «la force sans la justice est tyrannique. »