Affaire Pétrotim : Aar li ñu bokk maintient la pression

Même si ça n’a pas été la mobilisation des grands jours samedi dernier, la plate forme Aar li ñu bokk entend maintenir la pression sur le pouvoir pour que la lumière soit faite sur la cession des blocs à Frank Timis. Ainsi, la plate forme exige du président de la  République la déclassification du rapport de l’Ige pour que les Sénégalais sachent ce qui s’est réellement passé afin que les contrats soient renégociés.
Ce n’était certes pas la mobilisation des grands jours samedi dernier lors de la manifestation de la plate forme Aar li ñu bokk  tenue sur les allées du Centenaire, mais cela n’a en rie émoussé la détermination des organisateurs à réclamer toute la lumière sur ce qu’il est désormais convenu d’appeler le scandale Petrotim. Selon Cheikh Tidiane Dièye, coordonnateur de cette plate forme, «il n’y a aucun président qui pourra faire main basse sur nos ressources naturelles et croire qu’il peut s’en tirer à bon compte, on ne l’acceptera pas. On est un peuple debout et digne, personne ne nous fera croire le contraire. Peu importe le nombre de Sénégalais qui seront mobilisés, l’essentiel est qu’il y ait des gens dignes qui restent debout pour continuer le combat pour la transparence et pour la vérité», a tonné le coordonateur. Qui ajoute : «Le Sénégal ne sera pas de ces pays où les barils seront emportés et vendus au nez et à la barbe de leurs présidents qui ont été corrompus et qui ont vendu leur pétrole. Nous voulons que dans trente ou cinquante ans, quand nos enfants grandiront, que nous puissions les regarder dans les yeux et leur dire que, “quand nous devions nous battre nous l’avons fait et vous êtes dans l’un des pays les plus développés au monde”. Nous voulons que le Sénégal soit le premier miracle africain en terme de développement économique et social, et cela est bien possible», a encore dit Cheikh Tidiane Dièye. «Nous voulons lancer un appel au procureur de la République au nom du peuple sénégalais. Il n’est pas en train de regarder dans la bonne direction et il le fait à dessein. Nous demandons au président de la République de déclassifier avant une semaine  le rapport de l’Ige qui lui avait déconseillé de céder les contrats à Timis et qu’il prétend n’avoir pas reçu. Ceux qui disent qu’il ne l’a pas vu racontent des histoires, donc nous exigeons qu’il transmette le rapport au procureur de la République», a t-il poursuivi. Selon Cheikh Tidiane Dièye, la plate forme compte initier une pétition, imprimer le rapport qui se trouve sur internet et mobiliser des milliers de personnes pour aller le déposer à la Dic. Aar li ñu bokk compte aussi déposer une plainte à la Cour suprême et se constituer partie civile, a annoncé son coordonnateur.
Quant à Ousmane Sonko, leader du Pastef, il fera savoir à l’assistance que le problème des ressources naturelles ne date pas d’aujourd’hui, et des gens se sont fait des milliards et des milliards sur le dos du Sénégal. C’est pourquoi peu d’hommes politiques osent en parler, parce que beaucoup se sont sucrés, a-t-il fait savoir. «Mais aujourd’hui, le monde a évolué et les Sénégalais sont à un niveau d’information tel que personne ne peut plus les berner». Selon lui, aujourd’hui la renégociation des contrats est devenue un impératif, pas seulement les contrats signés avec Petrotim «qui ne sont rien par rapport à l’ampleur des autres», a t-il déclaré. Avant de révéler : «Pas plus tard que jeudi, j’ai reçu le contrat signé avec Toysali,  une société turque concernant le fer de la Falémé. Et là, je peux vous dire que Macky Sall a encore bradé notre fer et le Sénégal n’y gagnera rien. Maintenant il faudra s’attendre à ce que les Turcs exportent le fer, le transforment et le ramènent pour nous le vendre à un prix très cher», a averti le leader de Pastef. Qui explique : «C’est comme cela se passe avec notre phosphate, le zircon, notre or et même nos ressources halieutiques. Donc la renégociation est une condition non négociable parce qu’il s’agit de l’avenir de nos enfants et petits enfants», a martelé Sonko. Ajoutant au passage : «Nous avons aussi évoqué le problème de la justice parce qu’il s’agit de gens qui ont détourné de l’argent qui appartient au Sénégal. Il faut que justice soit rendue, il n’y a qu’un responsable et il ne faut pas que l’on essaie de nous tromper avec de faux lièvres. Et le seul responsable, c’est Macky Sall qui a trahi son serment, qui a fait parjure pour les beaux yeux de son frère et pour des choses que l’histoire étalera au grand jour», a soutenu le leader de Pastef. Dans le même sillage, Sonko de dire : «Donc que personne ne nous décourage ou ne nous démoralise ; restons mobilisés. Ce combat, il faut qu’on le gagne pour nous mêmes, il faut qu’on le gagne pour l’Afrique, il faut qu’on le gagne pour les générations futures. Tout ce que l’on vous dit d’autre n’est que diversion, parce que depuis l’éclatement de cette affaire, ils ne cherchent qu’à allumer des contre feux. Mais ne perdons pas l’objectif principal, car si cela s’était passé dans d’autres pays qui ont atteint un certain niveau de démocratie, avec certains dispositifs, Macky Sall aurait été démis depuis belle lurette». Selon Sonko, «ce combat est à notre portée parce que Macky Sall sait ce qu’il a fait, et malgré ses menaces et ses gesticulations, tout ce qu’il fait n’est qu’une farce, avec son procureur qu’il a mis en avant, qui appelle les gens, qui, avant même qu’ils ne puissent déférer à la convocation voient leurs propos étalés dans la rue par une partie de la presse qu’il avait ameutée au préalable. Cela participe à la diversion, et seule la pression de la rue pourra permettre d’avoir les résultats ; et les résultats, c’est le rapatriement de nos avoirs pétroliers, gaziers et miniers», a encore laissé entendre Ousmane Sonko.
Barthélemy Dias, le maire de Mermoz Sacré-Coeur qui prenait part au rassemblement, pour sa part, a souligné que le scandale est déjà énorme dans l’affaire du pétrole et du gaz. Pour Barthélemy Dias, le véritable combat aujourd’hui c’est la renégociation des contrats, et tout le reste, à savoir les élections locales et autre dialogue national, n’est que diversion. Parce que, poursuit Dias, «la vérité est qu’il y a une dizaine de puits, et le scandale des 6000 milliards ne concerne que deux puits. Donc combien de milliards sont en jeu avec les autres puits ?», s’est il interrogé. «En matière de perte fiscale, l’État a perdu 300 milliards de taxes rien que sur les puits de Kayar offshore et Saint Louis offshore», a révélé le maire de Sacré Cœur. «Imaginez vous ce qu’il doit en être pour les autres», a encore dit Barth Dias. Selon lui, «Macky sall a le pouvoir de renégocier les contrats qu’il a déjà signés. En 2000, Abdoulaye Wade avait cassé le contrat qui liait le Sénégal à Hydro Hélio Québec parce que cela n’était pas avantageux pour le pays. Macky Sall en a fait de même avec les contrats signés par Karim Wade concernant l’Aibd parce qu’il soupçonnait des prises d’intérêts. Maintenant, ce que nous attendons de lui est qu’il renégocie les contrats pétroliers et gaziers», dira Barhélemy Dias.

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