Depuis que la Bbc a diffusé son enquête explicitement titré «un scandale à 10 milliards de dollars», c’est comme si toute la République était tombée en transe. Si ce n’est pas le chef de l’État qui monte au créneau pour traiter les accusateurs de son frère de «nafekh» et autres «rambaj», ce sont ses ouailles qui pilonnent la chaîne britannique, l’accusant d’avoir produit un reportage «tendancieux»,fait du «bidonnage» ou encore un révélé un «mensonge vraisemblant».
Ce qui étonne dans cette situation c’est le fait de voir qu’Aliou Sall étant le principal accusé, n’a, jusqu’à ce jour, pas encore déposé une plainte contre la Bbc ; alors que c’est bien celle par elle que le scandale est arrivé. Mais aussi, c’est le seul moyen de faire éclater la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Une plainte fondée d’autant que ce média anglais les a mis en cause, lui et Frank Timis.
Compte tenu qu’Aliou Sall est en relation d’affaires avec Frank Timis qui est un richissime homme d’affaires roumain qui vit à Londres, nous supposons qu’il est assez balèze financièrement pour lui recruter les meilleurs avocats de ce pays afin de laver son honneur “sali” par Mayeni Jones, la journaliste nigeriane auteure du reportage Bbc.
Tout comme il est allé jusqu’à jurer sur le Saint Coran pour prouver son innocence, il doit être en mesure, tout aussi, de prendre son avion et se rendre à Londres pour y déposer une plainte contre la Bbc.
Dans notre imaginaire de croyant, il nous paraît être plus facile de prendre les hommes à témoin que de leur faire accroire trouver refuge auprès de leur Seigneur Allah : qui peut le plus, peut le moins n’est-ce pas ? C’est aussi simple que cela. Cela aura au moins le mérite de faire taire définitivement les supputations et autres affabulations sur sa personne. Aliou Sall se le doit, il le doit à son grand frère de président de la République, à sa famille et à ses proches, et pour finir, à tout le Sénégal, parce que l’image du pays en prend un sacré coup !
Au cas où Frank Timis ne voudrait pas mettre la main à la poche, son frère de président qui gère les fonds politiques de façon discrétionnaire, pourrait en puiser – dans le sillage des millions distribués aux militants Apr et autres affidés du régime – pour lui trouver la crème des avocats britanniques pour assurer sa défense, et par delà, laver l’honneur du pays terni.
Parce qu’à l’évidence, toute initiative autre que celle de traîner la Bbc devant les tribunaux, ne ferait qu’alimenter la polémique. «Je tiens donc à répondre cette fois-ci par les actes, parce qu’il est aussi de mon devoir, pour le présent comme pour l’avenir, pour ne pas dire pour l’histoire tout court, il est de mon devoir de laver mon honneur sali, de protéger les miens qui sont aujourd’hui encore plus touchés que moi dans leur chair et dans leur esprit. C’est à la fois un problème de justice, de dignité mais aussi de responsabilité», avait dit Aliou Sall dans sa lettre de démission.
Considérant tous ces facteurs, le meilleur acte que pourrait poser Aliou Sall, encore une fois, hors de toute posture partisane et politicienne, est de porter plainte contre la Bbc en Angleterre. Parce que la justice britannique ne saurait être taxée d’être instrumentalisée comme le pensent à tort ou à raison une bonne frange des Sénégalais concernant leur justice. Cela est devenu une nécessité impérieuse d’autant que la cohésion du pays est en train de se fissurer, eu égard aux deux camps «Aar li ñu bokk» et «Samm sunu rew» qui, si l’on y prend garde, risquent de s’affronter. Le premier accusant Aliou Sall d’être de connivence avec les étrangers pour spolier nos ressources naturelles tandis que le second accuse les leaders d’«Aar linu bokk» d’être en collusion avec des forces étrangères pour déstabiliser
le pays.
Et puis, ne nous y trompons pas, sans préjuger de l’avenir, quelle que puisse être la décision qui sera rendue par la Justice sénégalaise concernant cette affaire Petrotim, elle ne pourra pas enterrer les effluves du pétrole et du gaz qui continueront de polluer l’atmosphère. D’autant qu’Aliou Sall et Frank Timis, en 2016, au plus fort de la polémique sur les ressources petrolieres et gazières avaient, par le biais de leur avocat, Me El hadj Diouf, déposé une plainte auprès du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Dakar. Ladite plainte visait un groupe de 11 personnalités politiques mais aussi de la société civile. Il s’agissait entre autres : d’El hadj Malick Gakou, Malick Ndiaye, Birahim Seck du Forum civil, Mamadou Diop Decroix, Abdoul Mbaye, Mouth Bane, Mamadou Lamine Diallo, Ousmane Sonko, Adama Gaye et Baba Aïdara. Il leur était reproché les délits de diffamation, diffusion de fausses nouvelles et association de malfaiteurs. Donc, aujourd’hui que la Bbc a relancé le débat, Aliou Sall n’a pas le choix : il doit le poursuivre au nom de tous ceux qui l’aiment, qui l’apprécient, qui lui ont fait confiance ! À l’assaut de la bien nommée, perfide Albion.