«M. le ministre, les secteurs tels que l’agriculture, l’emploi et la santé, nous permettent de mesurer l’ampleur de l’échec du gouvernement. Pour exemple, sur le plan agricole, les promesses faites aux Sénégalais à travers le Pse et le Pracas, visant la baisse de l’importation du riz à moins de 500.000 tonnes par an et l’autosuffisance avec 1.600.000 de tonnes de riz paddy de production locale, des objectifs que vous n’avez évidemment pas atteints.
Vous parlez aujourd’hui de 1.050.000 tonnes de riz produits. Ces chiffres sont inexacts et vous savez que nous savons que c’est faux. Mais peu vous importe, car votre seul souci est d’augmenter l’évolution du Pib pour stabiliser le taux de croissance. Mais sachez que ce sont des jeux inutiles. Parce que les importations cachent mal ce jeu. Vous êtes en réalité encore à près d’un million d’importation de riz par an. Et aujourd’hui, c’est malheureux de constater que le Sénégal est le premier pays importateur de riz de toute la zone Afrique subsaharienne, et 10ème sur le plan mondial.
Je m’en vais vous donner des exemples irréfutables. D’ailleurs, n’essayez surtout pas de les contredire parce que j’ai des preuves à l’appui. Au niveau de la vallée, vous en êtes à 60.000 hectares, hivernage et contre-saison confondus ; à ce niveau, si on prend une production de 6 tonnes par hectare, ce qui est très large, la production serait de 360.000 tonnes de riz paddy. Si on prend encore le reste du Sénégal, y compris les superficies en pluvial, on a 150.000 hectares. À supposer une production de 2 tonnes par hectare sur ces zones, on en serait à 300.000 tonnes de riz.
La zone de l’Anambé qui compte 5000 hectares, produirait 25.000 tonnes à raison de 5 tonnes par hectare. Ce qui nous donne un total de moins 700.000 tonnes. Donc, les chiffres que vous donnez, à savoir 1 million, sont loin du compte. L’autre chiffre faux concerne l’arachide. En effet, il y a 1 million d’hectares disponibles. Et si on a par exemple un rendement de 900 kilogrammes par hectare, on a une production de 900.000 tonnes au maximum. Mais, vous déclarez d’autres chiffres. Vous n’avez pas besoin de parler d’une croissance qui ne se ressent pas dans le portefeuille des Sénégalais. Aucun d’entre eux ne peut dire qu’il a 6 ou 7 francs de plus pour chaque 100 francs eu l’année dernière. C’est faux. Mais, ce qu’il faut savoir, c’est que plus de 50% de nos compatriotes évoluent dans le secteur que vous dirigez, alors que le secteur primaire, de façon générale, ne contribue qu’à hauteur de 17% et l’agriculture et les produits connexes à 10,5%. Les travailleurs de ce secteur n’ont ni un encadrement, ni une formation, ni une bonne politique, encore moins une bonne vision capable de les aider, et leur permettre d’avoir une bonne capacité financière.
Voilà le plus grand échec en termes d’orientation et de vision ; et il faudrait le corriger très rapidement. Je vais terminer par une question qui vous interpelle, et qui concerne la distribution de matériels agricoles qui est en train de se faire. Une note m’est parvenue pour dire qu’il y aurait au niveau du département de Vélingara, un Gambien qui aurait reçu un tracteur subventionné par l’État du Sénégal. C’est un scandale qui secoue ce département, et je pense il est de votre devoir de le vérifier. Et, comme mon collègue Moustapha Cissé Lô l’a dit, nous demandons également un audit sur les fournisseurs agréés d’engrais. Nous voulons être éclairés sur les critères de leur choix, car il nous semble que cela est utilisé juste pour entretenir une clientèle politique.»