«Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites», nous dit Marc Aurèle. Et vous conviendrez avec nous que si le peuple sénégalais a confié son destin à Macky Sall, c’était pour qu’il mette en branle la gestion sobre et vertueuse promise et non pour que lui et son clan s’adonnent à un festin avec les ressources publiques au point de lui faire perdre ses repères. À cause de la mal gouvernance et de la prédation des ressources publiques, la pauvreté galopante force les jeunes, avenir du pays, à fuguer vers un ailleurs qu’ils croient meilleur. Les populations sont menacées par l’insécurité alimentaire qui gagne du terrain dans certaines contrées, le chômage endémique fait que les jeunes sont envoyés à la retraite avant même qu’ils n’aient pu trouver un emploi.
Malgré tout, les dirigeants continuent de peindre un Sénégal de rêve avec un taux de croissance sans cesse en hausse, des infrastructures high class comme le Ter, le Brt etc. sur fond de surfacturations et autre marché de gré à gré. Bref la nouba à la sénégalaise.
Pendant ce temps, on pioche comme pas possible dans les poches trouées du contribuable pour entretenir le train de vie dispendieux de l’État. Et comme en Afrique les festins se terminent souvent dans la bagarre, il y a lieu de s’inquiéter et de prendre les dispositions nécessaires, car, à force de trinquer, le peuple finit par se saouler et… bonjour les dégâts. D’ailleurs, aujourd’hui quand on voit des députés s’accuser de détournement et autres vilénies dans l’ Assemblée nationale censée être la deuxième institution du pays, c’est que vraiment la ligne rouge est en voie d’être franchie. À entendre un premier vice président de l’Assemblée tenir des propos du genre ‘’Lima xam buma ko waxé aduna tuki… Vous allez prendre des bâtons pour aller bastonner vos ministres’’, il y a vraiment du souci à se faire. Dire que c’est ce même Macky Sall qui déclarait à la veille de la présidentielle de 2012 : «moi je veux une gouvernance sobre, vertueuse, efficace. L’argent public, je le mettrai dans les choses fondamentales pour le développement économique et social».
Malgré la gravité de l’heure, les voix autorisées sont aphones et laissent faire tout simplement parce qu’avec ses munitions, Macky Sall a dynamité leurs convictions en les invitant à la bamboula de «ndoumbèlane». Paul Doumer a raison de dire que «chez les Nations en décadence, les hommes d’intelligence ne manquent pas, au contraire pourrait-on dire … Mais, ce sont les hommes de caractère qui disparaissent». Et par la faute d’esprits embrumés par les délices du pouvoir, nous assistons avec amertume et désespoir à la régression de notre beau pays jadis réputé être un modèle de démocratie. Donc, face aux nombreux périls qui guettent le pays, il est temps de se ressaisir si ce beau pays veut retrouver le chemin de la bonne gouvernance car, point n’est besoin d’être devin pour savoir que le chaos finit toujours par s’installer là où l’impunité et l’injustice sont érigées en mode de gestion.
Le Sénégal est un beau pays, où il fait bon vivre à cause de la paix et de la stabilité qui y règnent, mais son avenir devient de plus en plus incertain. Le Sénégalais, jadis souriant et avenant, devient de plus en plus renfrogné parce que martyrisé par la cherté de la vie et tyrannisé par les excès du régime apériste narquois. Aujourd’hui, il faut se rendre à l’évidence, nos leaders ne sont que des dealers patentés, plus soucieux de pérenniser leur règne par tous les moyens que d’améliorer nos conditions de vie. Ainsi, ils ont plongé le pays dans une profonde incertitude. Et nul n’a le droit de mettre en peril notre commun vouloir de vie commune, fut il président. Comme le dit Jimmy Carter, «nous devons accepter le changement mais conserver nos principes». Malheureusement, les principes élémentaires de bonne gouvernance sont foulés au pied par le Maître du «Je» qui a fini de décrédibiliser nos Institutions dans le seul but de se maintenir au pouvoir. Aujourd’hui, la situation est certes grave, mais pas question de céder au découragement. Il suffit seulement d’assumer notre choix qui est de faire du Sénégal une République démocratique et non une dynastie. Pour ce faire, le peuple doit savoir qu’il est souverain, qu’il doit se battre de toutes ses forces, étant entendu que le devoir de chaque citoyen est de lutter pour le maintien de l’égalité et la sauvegarde de la Justice, seuls gages d’une paix durable.
Face aux dérives et errements du pouvoir Apr, on a du mal à croire qu’elle s’appelle Alliance pour la République. Aussi, certains esprits désabusés ont fini de la qualifier d’Alliance pour le pillage de ressources, d’autres d’Alliance pour la Ruse. Pour dire que cette alliance peut être qualifiée de tout sauf d’une alliance pour la République. Étant entendu que la République, c’est la choses publique, une forme de gouvernement dans lequel le peuple exerce la souveraineté, directement ou par l’intermédiaire de représentants. Est-ce le cas avec l’Apr ???