Candidat du pouvoir sortant, Amadou Ba s’est incliné dès le premier tour de l’élection présidentielle du 24 mars. L’ancien Premier ministre a été battu par le Président nouvellement élu Bassirou Diomaye Faye.
Dr Alassane Ndao, Docteur en Sociologie politique et Maître de conférences titulaire à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB) décèle trois failles qui ont grippé la machine électorale du pouvoir sortant.
Interrogé par L’Observateur, il souligne d’abord que Amadou Ba a été perdu par le bilan « immatériel » de Macky Sall. Le spécialiste explique : « La première tare est liée au fonctionnement de son parti (APR), qui est le parti au pouvoir, caractérisé en Afrique par le déséquilibre. Il y a le chef qui est le fondateur du parti, président de la République, qui est la tête d’affiche, et après, il y a les autres. »
Selon lui, « cette verticalité, cette hiérarchie fait que le président est l’homme fort. C’est lui qui décide de tout, qui fait les arbitrages. »
« Mais d’un coup, relève Dr Ndao, on se retrouve dans une situation inédite où le Président n’est plus candidat, les rivalités latentes qui existe dans ce parti ont explosé. Le choix fait en sa (Amadou Ba) faveur a été chahuté, critiqué et contesté dès le départ. Il (Amadou Ba) n’a jamais su fédérer toutes les forces politiques autour de l’APR. »
Ensuite, retient-il sur la personnalité de l’homme : « Amadou Ba n’est pas un homme politique mais un lobbyiste. » Autrement dit, profile le spécialiste : « Un homme politique se distingue par un certain nombre de compétences en termes de communication, de charisme, de leadership, etc. Ce qui fait qu’il a cette capacité à séduire, à captiver l’électorat, à convaincre et à persuader. Amadou Ba n’est pas dans ce profil. »
Au contraire, appuie l’interlocuteur de L’Obs : « C’est quelqu’un qui utilise sa ressource économique et financière pour engranger et gagner de l’influence dans des milieux divers. Il y a des gens qui font le travail à sa place. Il a cette carence qui le désavantage. »
Enfin, conclut Dr Ndao, la libération de Ousmane Sonko et de son candidat Bassirou Diomaye Faye n’a fait que précipiter les choses : « Ça a amplifié la déroute mais elle ne peut pas être la seule origine. »
Selon lui, « la dynamique qui a conduit à la déroute de Amadou Ba a été enclenchée depuis 2021. »
De l’avis de son collègue Moussa Diaw, Docteur en Sciences politiques à l’UGB, interrogé par L’Obs, « Amadou Ba a été trop attentiste pour qu’on lui offre tout sur un plateau d’argent alors que la politique, c’est la bataille des idées, le courage et la combativité. »
Il ajoute que l’ancien Premier ministre a commis « l’erreur » de « dire qu’il s’inscrit dans la continuité de la politique du Président sortant alors que celle-ci est rejetée et n’a plus le soutien des citoyens pour des raisons de mal gouvernance, d’impunité et d’arrogance de certains responsables politiques. »